Arnauld Pontier
Littérature générale et imaginaire

Monsieur Merlin - ou la certitude de l'illusion (novella)

Parution : 30 avril 2022

FINALISTE PRIX POCHE L'OUEST HURLANT 2023


LE QUATRIEME DE COUVERTURE

"Derrière la brume, il n'y a très exactement plus rien, Monsieur Merlin. Et vous vous demandez sans doute comment c'est possible ou, ce qui revient au même, comment on a pu en arriver là. Comment et pourquoi. Eh bien, je vous appelle pour répondre à ces questions."

D'aucuns savent qu'un simple coup de téléphone peut bouleverser l'existence. Il suffit d'un échange, d'une conversation, pour que le quotidien prenne une toute nouvelle direction. D'autant plus quand la voix dans le combiné vous annonce qu'elle appelle du futur.


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 Revue de presse 

 

FANTASTINET
19 mai 2023

C’est un peu comme ça que commence notre rencontre avec Monsieur Merlin, peintre amateur, qui réside à proximité de Notre Dame de Paris. En tout cas, de ce qui reste de Notre Dame de Paris car elle semble avoir souffert d’un nouvel incendie sans que la possibilité de la reconstruire à l’identique soit faisable. Bref, le sujet n’est pas là et notre peintre, peint lorsqu’il reçoit un appel étrange.

"… je vous parle depuis un futur qui n’existe que parce que vous existez. Que parce que vous avez existé. Vous verrez, l’emploi des conjugaisons n’est plus si aisé depuis qu’elles ne sont plus les alliées de nos horloges."

En effet, l’homme qui l’appelle a réussi à le joindre sur un téléphone qui n’aurait pas du fonctionner et, pour ne rien arranger, il lui annonce appeler du futur ! La situation semble échapper à son entendement, et il est bien en peine de savoir ce que son interlocuteur attend – ou n’attend pas – de lui.

Au travers de ces échanges, le questionnement au temps est omniprésent et de nombreuses questions se posent quant à la destinée et cette capacité à reproduire un futur qui s’est déjà produit… Le concept n’est pas clair ? C’est tout l’enjeu de ce novella autour du temps qui s’appuie sur les écrits d’Etienne Klein, prolongé dans un récit de SF bien original.

L’intérêt de la novella que nous propose Arnauld Pontier tient pour moi à cette question : si l’avenir s’est produit, pourquoi appeler pour guider afin qu’il se produise conformément à ce qui s’est passé ? Quelle est la raison de cet échange étrange où présent, passé et futur semblent danser dans une gigue qui rend Monsieur Merlin dépositaire de souvenirs d’événements qui n’ont pas encore eu lieu ? Qui l’appelle et quelle expérience est menée ? Qui est cette femme qui occupe toutes les pensées et est pourtant si loin ?

Je me suis régalé dans ce court récit à essayer de comprendre où et quand et surtout pourquoi Monsieur Merlin… Sans être sûr d’être arrivé à la bonne conclusion. Je note aussi cette adaptation du Chat de Schrödinger à l’horloge…

Allan

 

FLOW
N°57 - octobre 2022

Quand le futur vous fait signe et vous interroge sur l'existence... Telle est la trame de cette novella d'Arnauld Pontier. Entre ouvrage de science-fiction et questionnement philosophique, l'auteur, à la plume toujours aussi précise et exigeante, nous amène à voyager dans le temps, entre le présent et le devenir. Passionnant.

K.A.


 L'avis des internautes 

 

LE SYNDROME QUICKSON
14 février 2023

[...] Alors évacuons d’emblée l’évidence : conceptuellement parlant, c’est un peu compliqué. Pour le dire de façon un peu hâtive, on est du côté Greg Egan de la force, à mes yeux ; ça convoque Etienne Klein et des idées scientifiques pointues, au sein d’un récit volontairement fouillis et vertigineux, dans le fonds comme dans la forme. Alors heureusement que je suis un peu – un peu – familier des concepts évoqués au fil de la lecture et qu’Arnauld Pontier parvient à vulgariser l’essentiel, parce que sinon, j’avoue que le jargonnage quantico-scientifique m’aurait absolument perdu.

Donc malgré des égarements personnels et fugaces, j’ai réussi à suivre l’intrigue comme le raisonnement qu’elle développe, touchant du doigt à la philosophie des sciences et à des abstractions élevées. De ce point de vue là, je me suis bien nourri, c’était cool, j’ai beaucoup aimé l’idée, et j’ai fini ma lecture avec le sentiment que la boucle était élégamment et efficacement bouclée ; tout était dit, et plutôt bien dit. D’autant plus que l’auteur a décidemment une plume très élégante et évocatrice, parvenant souvent à écrire entre ses propres lignes pour éviter les redites et les confusions ; Monsieur Merlin est habité d’une jolie mélancolie pas fataliste.

Après, forcément, au delà de la complexité inhérente à un récit de ce genre, qui se pique de parler de la nature du temps et de son impossibilité de le représenter de façon concrète, tout en essayant en même temps de le faire, les nœuds au cerveau sont un peu inévitables. Mais quelque part, malgré mon besoin un peu fatiguant de concentration, ce n’est pas le grief principal que j’adresserais à ce récit. Non, ce qui m’a un peu gêné, je dois le dire, sans gâcher complètement le récit, c’est plutôt son usage intensif et difficilement justifiable du male gaze. Si je comprends amplement que ce dernier participe de la caractérisation du personnage principal et de sa relation avec sa compagne – faute d’un terme plus adéquat – comme je comprends tout à fait que ces caractéristiques participent des événements narrés dans Monsieur Merlin, je n’arrive pas à m’expliquer ses tendances plus voyeuristes, là encore faute d’un terme plus adéquat. Alors peut-être que je fais ici preuve d’un peu de regrettable pudibonderie, après tout je n’ai jamais été friand des aspects sexuels de la plupart de mes lectures ; mais je trouve juste dommage, personnellement, d’en passer par là pour rendre compte des affections et relations interpersonnelles qui habitent l’histoire qui nous est racontée ici. D’autant plus que pour être tout à fait honnête, je ne vois pas vraiment le rapport avec la choucroute, encore moins quand ladite histoire gravite autour de concepts abstraits extrêmement complexes dans leurs termes comme dans leurs implications.

Mais je parle comme souvent un peu trop de ce qui me heurte personnellement, au lieu de me concentrer sur l’essence du texte, et les ambitions claires de l’auteur. Le texte, formellement, est très solide. Je dirais même plutôt joli. Il propose une structure assez maline pour rendre compte de ses idées, et la réalise, je trouve, extrêmement proprement ; j’ai le sentiment d’en être sorti en ayant appris des choses, ce qui est rare et bienvenu. D’autant plus que la question du temps, aussi rarement que je me la pose, parce que je suis parfois intellectuellement feignant, me passionne : la prochaine fois que je le ferai, j’aurais de nouveaux éléments de réponses avec lesquels composer. C’est donc une victoire.


AU PAYS DES CAVE TROLLS
13 juin 2022

J’avais beaucoup aimé Sur Mars d’Arnauld Pontier qui m’avait permis de découvrir l’auteur ainsi que la maison d’éditions Mille Cent Quinze, spécialisée dans l’imaginaire et le format poche. J’aime beaucoup ce format très pratique pour lire dans les transports et pour caler entre 2 gros romans. J’ai profité d’être aux Imaginales pour faire un tour sur leur stand et prendre 2 livres d’Arnauld Pontier.

Dans le roman, il est fait plusieurs fois références à deux ouvrages d’Étienne Klein sur le temps (Les tactiques de Chronos et Le facteur temps ne sonne jamais deux fois). On peut tout à fait lire ce livre sans connaître les livres en question (comme ce fut mon cas), mais je pense que l’on perd quelques références et quelques points du récit. Surtout qu’il vaut mieux être assez concentré lors de la lecture de cette novella, assez exigeante sur la notion du temps.

Monsieur Merlin est un peintre amateur, il vit près de la cathédrale Notre-Dame, quelque part dans un futur indéterminé. Il reçoit un jour un étrange coup de téléphone. L’homme au bout du fil dit l’appeler du futur encore plus lointain. Il dit vouloir s’assurer que Monsieur Merlin reproduise les événements qu’il a déjà faits. Assez décontenancé au départ, Monsieur Merlin se prend au jeu, un peu comme le lecteur/ la lectrice. A cela s’ajoute d’autres éléments bizarres comme le brouillard persistant à quelques mètres de là où vit le personnage, ou une relation pour le moins paradoxale avec une femme.

La novella est une réflexion sur le temps, les paradoxes de causes à effets, la réalité ou ce qu’on pense être le réel. La plume d’Arnauld Pontier est très agréable et fluide, on se laisse emporter dans cette histoire, mélange de philosophie et de science-fiction qui se lit d’une traite. Le lecteur se pose pas mal de questions et ce, même une fois la dernière page tournée. Chaque lecteur aura ainsi ses propres interrogations, selon ce qui lui aura plus parlé. Je ne suis pas certaine d’avoir tout compris, loin de là, mais j’ai tout de même passé un agréable voyage en compagnie de ce Monsieur Merlin.

 

LE GALION DES ETOILES
10 juin 2022

Avant-propos

Il fut un temps, il y a longtemps, où je n’avais pas encore lu du « Arnauld Pontier ». Un temps ancien, incertain et pourtant divergeant, en tous cas un temps passé, à moins que ce ne fût celui d’un futur, voire d’un futur antérieur. Depuis… eh bien, depuis tout a changé.

Ce diable d’auteur (je ne lui trouve pas d’autre qualificatif, tant pis pour lui) a le chic pour écrire à trois niveaux et j’apprécie énormément cela.

D’abord, bien sûr, il y a le récit qui ne vous emmène jamais là où vous l’attendiez alors que vous êtes au milieu de la rivière et des premiers chapitres. Mais se mêlent à cela les détails, les petits cailloux, les indices semés çà et là, ces apparences de vétilles auxquelles il faut prêter attention pour découvrir la direction qu’ils (i.e. notre homme de plume et ces détails) nous indiquent avec de plus en plus de précisions. Ces mêmes cailloux forment à eux seuls une sorte d’histoire dans l’histoire, presque aussi délectable que certaines charades à tiroirs. Ensuite viennent les verbes, les mots, les phrases où il y a des choix dépourvus d’innocence tant dans le vocabulaire, les tournures linguistiques, les allusions et les références avec cette pointe de culture, de connaissances et de recherches sur tel ou tel sujet (lisez Sur Mars  ou Dehors les hommes tombent  pour en être convaincu si vous ne l’étiez pas déjà) ; et, là, avec le verbe, c’est une troisième histoire qui se dessine.

De fait, Merlin, pardon, « Monsieur Merlin » respecte scrupuleusement ce canevas. Acquis et dédicacé lors des Imaginales 2022 (dès sa parution donc), je l’ai vu arriver de fort loin, en provenance de Sagittarius, et choir dans mes mains opportunément tendues. Hélas, je l’ai dévoré en moins d’une heure. Il est court, vif, incisif et bourré d’allusion et de références.

Pour tenir compte de cela, je vous propose deux versions de mon ressenti. Je vais commencer par une première relativement succincte et surtout light, suivie de quelques extraits du livre, avant de poursuivre par un second point de vue bien plus « barré » qui reprend un petit peu des détails placés sur le chemin du lecteur par l’auteur qui s’est visiblement délecté avec ce texte.

Fiche de lecture | Version courte

Je vous rassure nul besoin de reconnaître ou de comprendre toutes les références pour apprécier l’histoire et la plume (sans le masque). Le pitch est simple au départ : un personnage peint son autoportrait. Installé en haut d’un vieil immeuble de Paris, avec vue sur Notre-Dame et le square Vivaldi, notre « héros » reçoit un coup (aïe) de téléphone de la part d'un inconnu qui l’appelle « Monsieur Merlin » et l'informe qu’il le joint depuis le futur. Cet homme lui affirme aussi qu’il n’y a plus rien derrière cette brume qui cerne le quartier dans lequel loge et vit notre personnage. Pour autant, il serait nécessaire qu’il soit curieux et aille au-delà pour que le futur et ses enfants puissent exister. Ce qu’il a, semble-t-il, réussi, puisque ce M. Pibrock le contacte, afin de s’assurer qu’il effectue bien cette démarche.

À partir de là, nous voici plongés dans un univers où le passé [de qui ? de quoi ?] et un présent futuriste s’entremêlent, le premier avec des objets anciens [dont les dates ou références nous sont données] et le second par des équipements de pointe [livres écrits au laser sur des feuilles de titane, robots nettoyeurs automatiques, informatique haut de gamme, etc.].

Et, à chaque chapitre, des questions vont venir nous tarauder.

La première nous pousse à tenter de comprendre QUI est « Monsieur Merlin ». La seconde à découvrir qui se cache derrière Mr Pibrock et Mrs Robinson (j’avais presque envie de me passer le titre de Simon and Garfunkel en lisant son nom) et s’ils sont réellement du futur. La troisième de savoir ce qu’est cette brume qui cache les alentours du quartier de M. Merlin. La quatrième de comprendre pourquoi le temps et l’espace se mélangent avec eux-mêmes et quelle est l’importance d’une recherche de l’aiôn. La cinquième est liée au fait d’être perturbé par l’attitude d’Éléonore, étrange « petite amie » de « Monsieur Merlin ». Quant aux suivantes, chut ! Je vous laisse les découvrir. Peut-être seront-elles différentes des miennes…

Alors rassurez-vous : l’auteur va tout vous expliquer, touche par touche, comme un peintre qui révèle peu à peu le paysage qu’il brosse de son pinceau, ou comme un joueur pose une à une les pièces d’un puzzle pour nous offrir lentement l’image qu’il représente. Et il fait cela en ajoutant un peu plus de mystères avec chaque réponse avant de retirer soudain et totalement le voile qui recouvrait son tableau et l’incroyable aventure qu’il masquait.

C’est agréable, enlevé, autant qu’intrigant et attirant. Le style est parfait. Chaque scène de cette pièce de théâtre est digne d’un grand Corneille et d’un épisode extraordinaire de La Quatrième Dimension.

Inutile d’espérer lire ce texte par petites étapes, genre chapitre par chapitre ; une fois happé, vous n’aurez comme dans The Twilight Zone d’autre choix que d’aller au bout. Bref, en un moment, pardon, en un mot : c’est parfait. J’ajouterai, en clin d’œil, que le générique de cette série colle on-ne-peut-mieux à cette novella :

« Au-delà des dimensions classiques où l’homme projette ses pas, il en est une où s’échappent ses pensées les plus folles. C’est une dimension aussi vaste que l’espace, aussi démesurée que le temps. Un reflet changeant entre l’ombre et la lumière. Un champ d’hypothèses entre la science et la superstition. Un terrain glissant entre l’abîme de nos frayeurs et la cime de nos connaissances. Sublimant l’imagination, faisant éclater le rationnel, nous l’appellerons simplement... Monsieur Merlin, ou même, osons-le, Arnauld Pontier »

Extraits des premiers chapitres :

Page 11 :
"Ce qu’il sait, c’est que la réalité n’est plus inaltérable, que le temps et l’espace ne sont pas ce qu’ils étaient : des bornes bien définies de cette réalité."

(NB : Je me suis reconnu dans cette phrase au travers des Gueules et de l’Enfer des Vers.)
 
Page 17 :
"Mais je dois, au préalable, vous expliquer ce qui vous est arrivé. Car je vous parle depuis un futur qui n’existe que parce que vous existez."
 
Page 22 :
"– Ce sont des pièces que j’entends tomber ?
– Effectivement.
– Vous êtes dans une cabine à pièces ?
– Non, j’appelle depuis ce téléphone, je vous l’ai dit.
– Il y a des cabines à pièces, dans le futur ?
– Non. Pas dans l’espace public."
 
Page 32 :
"« Monsieur Merlin », quel drôle de nom. Est-ce véritablement le mien ? Ou est-ce un surnom ?"

Et notez que cet opus ne comporte pas de calligrammes en nombre qui vous oblige à tourner les pages dans tous les sens pour les déchiffrer (enfin si, il en reste un, un seul à la fin de l’ouvrage, calligramme que je ne dévoilerai bien évidemment pas). Par contre, figure sur certaines pages une petite « illustration » du temps qui passe, de sa fuite, de son étirement, ou d’un ancien appel téléphonique reliant au futur.

Fiche de lecture | Version longue

Une présentation plus élaborée, mais aussi relativement barrée, je dois le reconnaître… Si vous avez peur d’avoir mal à la tête, arrêtez là. Vous en voilà prévenus…
 
Il y a moult questions dans cette histoire. Un autre est de se demander : « et si la causalité et ses effets étaient soudain inversés ? » Que nous resterait-il comme certitude ? Celle de la réalité ou celle de l’illusion ?

En lisant Monsieur Merlin, certains pourraient croire que l’auteur se contente de jouer avec le temps, principalement avec sa forme infinie qu’est l’aiôn (qui nous donne aevus et aeon, avant de devenir éon), ignorant la facilité du seul Chronos (le temps qui s’écoule, vous savez un peu comme dans le sablier), mais liant ce dernier à Kairos (la durée, l’intervalle et l’opportunité). Car il faudra que M. Merlin puisse les découvrir et les saisir ces opportunités.

Si donc vous n’avez vu que cela, vous n’avez pas tourné convenablement le donut dans tous les sens afin d’en observer les divers éléments ni n’en avez étudié l’intérieur en mordant dedans.

Tout commence donc par un coup de fil que reçoit M. Merlin. Mais pas sur n’importe quel appareil, pas sur un de nos téléphones portables, tels qu’un iPhone, un Samsung, un Nokia ou que sais-je. Non, l’appel lui parvient sur un vieux téléphone de 1963 (un modèle à cadran, mais que l’on ne tourne pas comme sur des appareils tels que le CIT-1958, le CIT-1962 ou le Télic-1960, le téléphone crapaud ; ici, on presse les touches présentes dans ledit cadran). Attention, car tout est important dans les mots et les noms utilisés. Y compris le fait que M. Merlin va chercher à boire dans son Frigidaire, et non dans son réfrigérateur, ou qu’il écoute de la musique sur son Rééla Tentation de 1960.

Mélangeant ainsi un certain passé [que nous connaissons plus ou moins selon nos âges respectifs, voire vénérables] et le futur possible, puisque les équipements de l’époque – du moins lorsqu’ils fonctionnaient, c’est-à-dire avant que n’arrive la brume – sont électroniques, que les livres sont imprimés à l’ultra-violet sur du papier de titane, que les ordinateurs sont des lames (tels qu'on en trouve aujourd’hui), que les imprimantes 3D sont bien réelles, que des robots nettoyeurs (les R-Net) s’occupent encore et toujours des espaces publics sans comprendre l’inanité de leurs efforts…

Or donc, car revenons à nos moutons ou plutôt à notre bac à sable, il ne s’agit pas que je vous fasse perdre le Nord quand même. Or donc, écris-je, M. Merlin est appelé par un inconnu lui affirmant qu’il vit dans son futur et qu’il est fier de pouvoir parler à celui grâce à qui ledit futur et ses enfants (ceux dudit Merlin ?) existent.

Tout va s’enchaîner à partir de là et de l’échange entre Monsieur Merlin et cet homme, un dénommé Dani Pibrock [c.-à-d. cornemuse en gaélique ou air de cornemuse écossaise, tel que joué par les bag-piper]. Cet inconnu va envoyer notre « intelligent animalcule » humain regarder ce qu’il y a de l’autre côté de la brume qui a envahi Paris et les abords du quartier où il loge. Pour être précis, Merlin est installé au coin des rues Lagrange et du Fouarre, près du Square Vivaldi, dans le 5e arrondissement avec vue sur la Seine et Notre-Dame dont les toits viennent d’être une nouvelle fois refaits après le terrible incendie d’il y a dix ans… ce qui ne nous permet certes pas de savoir quel jour et encore moins quelle année nous sommes, puisqu’il s’agit du dernier drame en date et que sa couverture est maintenant en synthéplast.

Bref, passé, présent – celui de M. Merlin – et futur – celui de M. Pibrock et de Mme Robinson [mais de quelle Robinson nous parle donc A. Pontier ? Est-ce celle de Simon & Garfunkel ? Ou est-elle en référence au héros de Daniel Defoe ? À moins que ce ne soit un clin d’œil au livre « Robinson philosophe » de JP Zarader ?].

Avec tout cela, l’auteur se joue du temps et de nous, balayant allègrement les définitions même de ce temps, telle, par exemple, celle indiquant qu’il s’agit d’une dimension dans laquelle les événements peuvent être ordonnés du passé au présent vers le futur.

C’est superbe, entraînant, chargé d’un peu plus de mystères à chaque page, avant que les voiles ne se lèvent un à un et ne découvrent un final grandiose en termes d’aventure et d’exploration. J’avoue que je me suis délecté de cette histoire, d’autant plus qu’elle résonnait pour moi un parfait écho à mon diptyque des vers [Les Gueules des Vers et L’enfer des Vers], d’une part avec le balancement du temps et l’errance qui se produit en cherchant à le comprendre, d’autre part avec le personnage central de ces récits syssoliennes.

Tiens, d’ailleurs en parlant de temporalité, de donuts et de chronique un peu barrée, vous connaissez sans doute l’illusion d’optique des cercles rotatifs. Vous fixez le point noir et reculez avant de vous rapprocher. Les cercles bougent devant vous en sens inverse l’un de l’autre.

 Vous pouvez aussi utiliser les illusions de Serpents du professeur Kitaoka, qui a donc créé les Rotating Snakes. Il vous suffit de fixer le centre et de rechercher la bonne distance de vision pour qu’ils donnent l’étrange impression de bouger l’un par rapport à l’autre…

Si l’on accepte qu’un cercle puisse se considérer comme une figure sans « fin », on pourrait penser que, partant d’un point du cercle et progressant le long de ce dernier, nous finirons forcément par revenir à ce point de départ, mais aussi que nous pourrions continuer à suivre ledit cercle « éternellement ». Aiôn du passé sur un cercle, aiôn du futur sur l’autre. Et, au milieu, le présent écrasé entre eux deux, chacun influençant l’autre d’étrange manière… Y aurait-il concomitance du passé et du futur par le présent ?

Si vous avez mal à la tête, vous me le dites, n’est-ce pas ?

Allons, je cesse là, je ne veux pas vous faire perdre le nord : ne vous posez plus de question, quittez donc votre écran et filez plutôt acquérir puis lire ce petit bijou, vous ne le regretterez pas.
 
Ah tiens si, quand même, une dernière qu’il faudra ressortir quand vous aurez dévoré cette nouvelle afin de la comprendre :

Savez-vous que le patronyme de Merlin est, non seulement celui d’un magicien de légende, mais aussi le nom d’un satellite scientifique franco-allemand ? Si vous ne le connaissez pas, faites une petite recherche sur le web en tapant « satellite scientifique Merlin ».

J.-C. Gapdy


DAILY-PASSIONS
31 mai 2022

Peut-être vous arrive-t-il, comme à moi, d’éprouver une impression de "déjà lu" à la lecture de certains livres. Il me semble que dans ce cas notre réaction est toujours la même : Pfff ! Accompagné d’une furieuse envie de jeter le volume. Je pense que nous avons tort. D’abord vérifier que nous avons lu tous les signaux nous mettant en garde et ensuite persister, aller plus loin. Si l’auteur a bien fait son travail, notre impression doit disparaître, remplacée par le plaisir qu’il y a à percer le secret du magicien.

Là vous noterez que l’auteur reconnaît pour sa longue nouvelle, l’importance de deux ouvrages du docteur en philosophie des sciences Étienne Klein : Les tactiques de Chronos et Le facteur temps ne sonne jamais deux fois. Et puis une fois passé votre petit énervement, vous serez pris par le déroulement du texte et ne vous poserez plus en juge et vous vous souviendrez avoir lu un sous-titre : "ou la certitude de l’illusion" que je me permettrais de trouver fort bon et juste…

Monsieur Merlin vit seul dans un petit collectif dont il est l’unique occupant et l’ilot désert qu’il habite est cerné par une brume. Alors que plus rien d’électronique ne fonctionne, il reçoit un coup de téléphone. Son interlocuteur finit par le convaincre de chercher à dépasser la brume.

Et là vous constatez que l’auteur a maitrisé son sujet au point de réussir à vous intriguer. C’est subtil. Chaque fois que vous pensez impasse ou solution il rebondit et votre réflexion sur l’idée de temps s’enrichit de nuances. J’imagine qu’un professeur de philosophie associé à un professeur de français tireraient de ce petit livre matière à réflexion de haut niveau pour le plus grand plaisir des étudiants. Conseil de lecture : arrêtez-vous un court moment après chaque passage en italique, histoire de laisser les idées faire leur petit chemin.

Bonne lecture de transport en commun, juste pour enchanter vos voisins.

Noé Gaillard


LORHKAN ET LES MAUVAIS GENRES
24 mai 2022

Lost in Time

Monsieur Merlin débute simplement : l’homme qui donne son nom au récit reçoit, dans un futur indéterminé, un coup de téléphone d’un homme qui prétend l’appeler depuis l’avenir et désireux de s’assurer que Merlin fasse tout ce qu’il a déjà fait pour que le futur advienne. Mais est-ce vraiment le but de l’interlocuteur de Merlin, alors qu’il semble en savoir beaucoup sur le temps ? Et quelle est donc cette brume qui entoure le logement de Merlin et qui l’empêche d’aller au-delà de 500 mètres ?

Courte novella (90 pages), Monsieur Merlin tient plus de l’expérience de pensée que d’un réel récit narratif centré sur les aventures temporelles de son protagoniste. Car d’aventures il n’y a point. Il s’agit plutôt ici de réflexions philosophico-scientifiques tentant de tordre le coup à la notion préconçue que nous avons du temps, cherchant à démontrer que l’écoulement (la flèche du temps) n’est pas toujours dirigé dans le même sens et que causes et effets ne sont pas toujours liés de la manière qui nous paraît la plus logique.

Pour avoir déjà écouté quelques conférences d’Etienne Klein, je savais que les théories qu’il développe ont tendance à provoquer quelques nœuds au cerveau. Monsieur Merlin ne déroge pas à la règle, car si par bonté d’âme Arnauld Pontier nous offre un chapitre de clarification pour contextualiser ce qui se cache derrière tout ça (qui rappelle d’ailleurs une actualité toute récente), il n’en reste pas moins qu’il n’est pas évident de démêler l’écheveau des évènements vécus par Merlin. Peut-être via une deuxième lecture ? Et on va dire que se perdre dans le temps est pleinement dans la thématique.

Arnauld Pontier s’est notamment inspiré des ouvrages Les tactiques de Chronos et Le facteur temps ne sonne jamais deux fois d’Etienne Klein et là est sans doute la clé du texte : celui-ci étant une illustration des théories du scientifique sur le temps, avant d’avoir la pratique, ou un « cas d’usage », il faudrait déjà avoir la théorie pour comprendre pleinement de quoi on parle. Sans doute un manque de mon côté, et une incitation à aller voir de quoi il retourne…

En tout cas, après l’espace (Sur Mars) et le temps (Monsieur Merlin), je me demande bien ce qui reste à Arnauld Pontier à explorer dans les domaines les plus pointus de la physique… La matière ? Allez chiche ! 

 

LE CHIEN CRITIQUE
23 mai 2022

Arnauld Pontier écrit depuis une vingtaine d'années, pourtant, il reste peu connu. Mauvais auteur ? Non, il a une plume et sait l'utiliser. Peut-être est-ce du fait de ne pas écrire de la SF comme tout le monde ? Peut-être, je ne connais pas assez l'auteur pour l'affirmer, mais depuis que j'ai goûté à sa prose, j'achète ce qu'il publie, restera à me pencher sur le reste, un jour ou l'autre.

Monsieur Merlin n'est pas un texte autour de Merlin l'enchanteur, mais autour de Monsieur Merlin, qui reçoit un jour un coup de téléphone (d'où la couverture...). Bref, un quidam qui est dérangé par son téléphone, pas de quoi en faire un livre. Sauf si...
Un appartement en face de la cathédrale Notre-Dame, une supérette, un magasin d'électronique et le brouillard au-delà. Monsieur Merlin est seul au monde jusqu'à ce que son téléphone sonne. Et c'est une personne du futur à l'autre bout. C'est quoi ce schmilblick ?

Il doit vérifier, une nouvelle fois, qu’il ne reste personne. Qu’il n’y a plus aucun survivant dans l’aquarium humain. Que sa réalité n’est plus peuplée que de fantômes. Il se demande s’il pourra un jour décrire la forme extérieure de cet aquarium. 

C'est un texte que j'ai lu deux fois, la première m'ayant laissé perplexe sur sa fin, j'avais du mal à recoller les morceaux. Connaissant désormais ce qu'il en était, cette seconde lecture m'a permis de mieux apprécier ce texte étrange qui donne une vision du  concept de temps. Arnauld Pontier lit du Étienne Klein et Étienne Klein lui donne envie d'écrire Monsieur Merlin. Comme Étienne est fasciné par le temps, Arnauld illustre son propos, le temps lui-même.

Nous sommes bien en terre SF, avec un mélange de philosophie scientifique. Pas un texte facile d'accès, bien qu'il se lise facilement, et son étrangeté qui sourd des lignes n'est pas sans humour et même si on est un peu paumé sur les évènements, ce Mr Merlin est assez intrigant pour t'emmener dans les contrées du temps et quelques tropes typiquement SF. Cette nouvelle n'aurait pas déparé dans la série La quatrième dimension.

— Ça vous défrise, hein ?
— Que. Quoi ?
— Ne faites pas l’innocente. Vous avez voté contre moi.
— Inexact : j’ai voté contre l’appellation « Monsieur Merlin ».
— Je comprends que vous ne soyez pas enchantée.
Robinson sourit.
— Joli.

Une nouvelle qui tombe plutôt bien avec l'actualité scientifique du moment, l'image du trou noir au centre de notre galaxie, là où l'espace-temps... Mais est-ce un hasard ? Est-ce la causalité ? Cette photo aurait-elle existé sans le texte de l'auteur ? Sans la pensée d’Étienne Klein ? Vaste question.

Alors si tu as un peu de temps devant toi et que tu te demandes qu'en faire, lis ce Monsieur Merlin, ce qui permettra de t'interroger sur le temps et ses profonds mystères. Peu importe la durée de lecture de ce court texte, l'important est le temps durant lequel il te restera à l'esprit. Et de te demander qui est ce Monsieur Merlin ?

Ne plaisantez pas. Ce chat est soit mort, soit vivant dans sa boîte. Point. Et aucune de ces deux hypothèses n’est plus probable l’une que l’autre. Le chat est donc, en quelque sorte, à la fois mort et vivant. Comme l’horloge, qui marque à la fois six heures et dix-huit heures, et se trouve donc être à la fois en deux points différents du temps. Elle ne fait que mesurer l’espace qui sépare deux réalités.

 

YOZONE
21 mai 2022

Arnauld Pontier a déjà publié chez cet éditeur : Sur Mars et Dehors, les hommes tombent, à chaque fois des novellas. Monsieur Merlin est sous-titré : « ou la certitude de l’illusion » et en entame il est précisé : « Cette fiction est une déambulation autour des réflexions qu’Étienne Klein, docteur en philosophie des sciences, expose dans deux de ses ouvrages : Les tactiques de Chronos et Le facteur temps ne sonne jamais deux fois.

 
Après un voyage sur Mars, puis dans un lointain futur, l’auteur s’interroge sur l’espace et le temps dans ce qui s’apparente à un Escape Game, car Monsieur Merlin doit trouver la porte, celle de la sortie, mais aussi celle vers un futur alors rendu possible. Comment ne pas se poser dès le début des questions qui dérangent : pourquoi est-il seul ? Qu’est-ce que ces murs de brume ? Que mange-t-il ? Quelle est donc la dette que le futur lui doit ? Plein de points de la sorte donnent une drôle de situation de départ.

Merlin est investi d’une mission, ce qui donne un sens à son quotidien. Il cherche cette issue qui doit exister. Pour autant, la trouver ne signifie pas s’échapper de son appartement parisien dans lequel il finit toujours par revenir pour converser avec son mystérieux interlocuteur. Des jalons s’imposent à lui comme sa relation avec Éléonore qu’il n’a pas le droit de toucher, la Turquie d’où des lettres ont été envoyées... Il faut reconnaître que recoller les morceaux tient de la gageure et que le seul moyen de tout concilier revient à tout mettre en doute, à considérer la situation de départ d’un œil neuf. Arnauld Pontier joue ainsi avec le lecteur, jetant des bribes d’explications jusqu’à un final où il lève le voile, remettant en situation l’ensemble. Quoique... ce serait trop simple...

Arnauld Pontier livre avec Monsieur Merlin, une novella tenant de l’exercice, peu évidente à suivre et à la compréhension bien moins immédiate que ses deux précédents ouvrages beaucoup moins elliptiques. Il faut accepter de rentrer dans le jeu imposé par l’auteur, sans forcément chercher à comprendre, pour trouver l’issue de ce labyrinthe spatio-temporel.

En parcourant cet ouvrage, je me suis aussi demandé si certaines bizarreries de l’impression étaient un banal problème technique ou voulues, et dans ce cas, que signifient-elles ? Des échos ? Un étirement des mots comme une distorsion temporelle ? Une alimentation de la spirale finale ?...
Entre se faire plaisir et faire plaisir, il y a parfois une différence et ici la marge est étroite...

 

LES CHRONIQUES DU CHRONIQUEUR
18 mai 2022

Causalité déréglée, Merlin désenchanté

La novella d’Arnauld Pontier met en scène un futur supposément postapocalyptique, dont l’humanité semble avoir disparu ou presque, de même que les ressources naturelles, puisque l’incipit nous informe que les derniers chênes ont disparu, ce qui indique que les écosystèmes sont en grande partie détruits. Le récit nous fait suivre un certain Monsieur Merlin, un peintre qui vit à Paris et passe une bonne partie de ses journées dans son atelier, à la première personne, au présent. Cette narration autodiégétique est entrecoupée d’interludes sur lesquels je reviendrai plus loin. Sa routine est brisée lors de l’incipit par un appel téléphonique alors plus rien n’est censé fonctionner (oui oui). En outre, il s’avère que la communication provient du futur (oui oui).

[…] le téléphone sonne. Impossible. Une vague glacée m’enveloppe. […] Comme s’il s’agissait d’un simple appel téléphonique, alors que plus personne n’est censé pouvoir téléphoner.
— Vous êtes qui ? […]
— C’est vraiment votre première question ?
Je ne réponds pas, incapable d’ordonner mes idées. C’est chaque fois pareil, au saut du lit : il me faut un moment pour reprendre pied, pour savoir où je suis. Et cette révélation soudaine de n’être plus seul n’arrange rien. Je n’avais pas prévu ça. Il a raison : ma première question était
stupide. Il poursuit, tout aussi sérieusement.
— Ce n’est rien. Je répondrai à toutes vos interrogations. Je m’appelle Dani Pibrock et je vous téléphone depuis ce bureau, votre bureau. Mais depuis un futur relativement lointain.
Je songe pêle-mêle que son relativement n’a aucun sens, qu’il porte le nom d’un joueur de cornemuse et que ce qu’il me dit est impossible.

L’impossibilité de cette situation est explicitement mise en évidence plusieurs fois par le narrateur, dans la phrase non verbale « Impossible. », mais aussi dans l’expression du contraste entre « un simple appel téléphonique » et l’impossibilité que cela représente dans un monde vidé de toute humanité, sans que rien ne fonctionne, mais plus encore, sans qu’aucun interlocuteur potentiel ne puisse exister. L’impossible transparaît par ailleurs dans le discours de l’interlocuteur de Monsieur Merlin, Dani Pibrock, qui affirme appeler depuis « un futur relativement lointain », à partir du propre bureau de Monsieur Merlin. Le temps et le lieu (on pourrait même parler d’espace-temps ?) d’appel de l’émetteur, par leur caractère invraisemblable, rendent a priori impossible la situation d’énonciation que présente cet appel. On note que mot « relativement » présente ici un double sens, en ce qu’il fait à la fois écho à la théorie de la relativité d’Einstein et l’expression littérale ayant pour synonyme « plutôt ».

Ce dialogue met en évidence le fait que l’auteur s’est inspiré des propos et des travaux du philosophe des sciences Étienne Klein sur le temps et la causalité, avec une inversion possible des causes et des effets. Le futur peut alors avoir des conséquences sur le passé (oui oui), qui ne serait donc plus déterminant et déterministe de l’avenir, ce qui rend la chronologie sujette à des altérations en amont comme un aval d’une linéarité constamment remise en question.

[…] « Ce qui s’est fait est ce qui se fera », ne sont que des simplifications. Car le principe d’antécédence est erroné. Aucune protection chronologique, aucune causalité ne régit l’univers.

Cette réplique remet en cause les principes de causalité, c’est-à-dire le rapport de cause à effet (un évènement en produit un autre), mais aussi de la chronologie, c’est-à-dire de la linéarité du temps, qui ne circulerait que dans une seule direction, sans qu’il soit possible de l’infléchir. Le principe même d’antécédence, c’est-à-dire le fait qu’un élément ou un événement en précède un autre, se trouve alors désamorcé.

Sans trop rentrer dans les détails, les interludes montrent peu à peu la véritable identité de Monsieur Merlin, avec des discours qui portent sur son identité et les tâches qu’il doit accomplir, ainsi que le monde dont il est issu. Ces interludes montrent par ailleurs que Monsieur Merlin est aliéné par ses interlocuteurs, puisque ces derniers le surveillent.

— Il s’en sort comment ?
— C’est encore trop tôt pour le dire. Mais je crois qu’il va y arriver.
— Vraiment ? Il a gobé votre histoire ?
— Je crois. Dans les grandes lignes. Mais ce n’est pas crucial. Qu’il soit certain ou qu’il doute n’a aucune importance. L’essentiel est qu’il ait une base. Qu’elle soit réelle ou pas.

La fiabilité de la narration du personnage est donc considérablement altérée et peut s’apparenter à une narration dickienne,  puisque la notion de réalité (entre autres) se trouve constamment questionnée, notamment au moyen de scènes de rêves et d’exploration de souvenirs liés à une certaine Eléonore, dont Merlin est amoureux, mais je ne peux pas vous en dire plus !

Le mot de la fin

Monsieur Merlin est une novella de science-fiction d’Arnaud Pontier dans laquelle l’auteur traite de la remise en question de l’écoulement linéaire du temps et du principe de causalité, à partir d’un appel téléphonique venu du futur.

Si vous voulez en savoir plus sur ces notions, je vous recommande la lecture de cette novella !

 

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Allô Monsieur Merlin... Arnauld Pontier nous livre ici un texte hyper calé, sur la définition du temps de la conscience et de la conscience du temps. C'est énorme. A mettre en parallèle de "Shiva dans l'ombre" de Nancy Kress. Un vrai petit bijou.

Flo L'octarien - 23 juillet 2022

Lu pendant un voyage en train. Il m'a manqué quelques références mais la plume d'Arnauld Pontier est toujours très agréable.

Célindanaë - Aux pays des Cave Trolls - 31 mai 2022

J'ai terminé Monsieur Merlin, d'Arnauld Pontier, et c'était très bien. Une représentation du temps, sensorielle et intuitive. Enfin, je me comprends, car Arnauld part des idées développées par Etienne Klein, donc il y a du fond. Il a réussi à en faire une fiction immersive.

Mickaël Rémond - Double Vie - 26 mai 2022

Monsieur Merlin, d'Arnauld Pontier, ou comment se perdre avec délice dans les méandres du temps d'Etienne Klein.

Lorhkan - 24 mai 2022

Novella exigeante mais prenante, qui perd le lecteur à travers les mailles de l'espace-temps. La très belle plume d'Arnauld Pontier s'inspire des réflexions philosophiques d'Etienne Klein et nous entraîne dans un vertige d'interrogations.

J'adore ce genre de récit, qui te fait réfléchir à fond comme ça et garde une part de mystère.

Hanoÿ - 08 mai 2022

J'ai adoré, on est perdu, on ne sait plus quoi penser et en même temps on s'attache à Monsieur Merlin. De la bonne SF.

L'auteur arrive à créer une connivence entre le lecteur et les différents personnages.

Frank Scaldeyr - 08 mai 2022


BABELIO

Après avoir été conquis par le récit de voyage Sur Mars et le post-apo Dehors, les hommes tombent, je me suis empressé d'acquérir ce dernier ouvrage d'Arnauld Pontier dès sa sortie !
Une fois de plus, le vertige est assuré, servi par une écriture toujours aussi remarquable et une atmosphère intrigante au possible. Ce texte n'a pas été sans me rappeler certains chefs-d'oeuvre de Dominique Douay (L'Impasse-temps, notamment), mais Arnauld Pontier a sa voix propre. Et celle-ci nous emmène dans un roman - enfin une novella, oui , mais tellement dense dans ce qu'elle propose d'explorations et de réflexions qu'on croirait lire un roman... -, ébouriffant !
J'ai été décontenancé par la fin, mais dans le bon sens du terme, pour ce qu'elle offre, encore une fois, de pistes à explorer. Des pistes, qu'on se le dise, tout simplement vertigineuses.
"Vertige", "vertigineuses", je me répète... ou pas. Allez savoir avec ce temps qui nous joue des tours...

Bibliomanu - le 03 mai 2022

 

LES LECTURES DU MAKI
25 avril 2022

Pas aussi simple qu'un coup de fil

Monsieur Merlin
 est la troisième novella d'Arnauld Pontier à être publiée chez 1115 Editions. Après Sur Mars qui nous faisait visiter la planète rouge de façon très originale et convaincante, et après Dehors les hommes tombent un postapocalyptique tout en mélancolie et poésie, Monsieur Merlin est selon l'auteur une déambulation autour des réflexions qu'expose le philosophe des sciences Étienne Klein dans deux de ses livres sur le temps. 
Monsieur Merlin ne déroge pas à la qualité des écrits que nous propose Arnauld Pontier. C'est un livre exigeant où les références littéraires et philosophiques sont nombreuses et le vocabulaire plutôt riche.
Quelques mots sur l'histoire. Dans un futur indéterminé, Monsieur Merlin peintre amateur, après s'être assoupi se voit réveillé par la sonnerie de son téléphone. Son interlocuteur l'appelle depuis un futur relativement lointain pour s'assurer que Monsieur Merlin refasse exactement ce qu'il a déjà fait... s'ensuit toute une réflexion sur les paradoxes autour de la réalité, du temps et du principe de causalité.
Monsieur Merlin s'approche plus de l'essai philosophique que de la fiction. Arnauld Pontier cite à plusieurs reprises Étienne Klein qui est à l'origine de ce texte. A titre personnel il m'a manqué quelques références et un peu de culture pour pleinement profiter de ce récit. Bref, une impression d'être passé un peu à côté. 
Il ne me reste plus qu'à lire les deux ouvrages d'Étienne Klein cités, à savoir Les tactiques de Chronos et Le facteur temps ne sonne jamais deux fois, pour m'enrichir et ensuite relire cette novella...