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Vous pourrez lire dans cette rubrique toutes les critiques parues dans la presse, sur tous mes livres, dans l'ordre chronologique inverse de parution de ceux-ci :
F.E.L.I.N.E
DIMENSION ARNAULD PONTIER
AGHARTA - LE TEMPS DES SELKIES
SUR MARS
LE FRUIT DU SILENCE
MARBRE
EQUINOXE
LE CIMETIERE DES ANGES
LA TREIZIEME CIBLE
LA FETE IMPERIALE
LES PETITS VERS
LA LEGENDE DU JARDIN JAPONAIS
L'ECRAN FANTASTIQUE
DECEMBRE 2017 - Numéro 392
Lina, ou plutôt 727, est une F.E.L.I.N.E, autrement dit une Force d’Élimination, de Libération et d’Intervention Nano-Équipée. Et la meilleure des Augmentées de dernière génération !
Son rôle : accomplir des missions pour le compte du Central par l’intermédiaire du Superviseur.
Mais est-elle vraiment la garante de la liberté et du droit de l’espèce humaine ?
Les machines se sont-elles retournées contre l’homme comme le prétendent les déviants ?
C’est ce qu’elle devra découvrir au cours des missions qui lui sont confiées.
Mais qui est-elle en définitive : une humaine ou une machine comme le prétend Lars Hamilton, le maître suprême d’Arach, qu’elle est chargée d’éliminer ?
C’est avec délectation que l’auteur propulse son héroïne, dotée de technologies à faire pâlir Mr Q, dans les pires situations, quitte à ce qu’elle paye de sa personne pour parvenir à ses fins. Barbarella vient de se trouver une héritière.
Jean-Pierre Fontana
EMAGINAROCK
10 OCTOBRE 2017
Force d’Elimination, de Libération et d’Intervention Nano-Equipée, cela donne l’acronyme F.E.L.I.N.E., titre de ce court roman de science-fiction d’Arnauld Pontier paru chez Rivière Blanche. Qu’on l’appelle 727 ou Lina – ce qu’elle préfère – l’héroïne est une d’entre elles. Son rôle est d’assassiner les cibles désignées par le Central. Elle a été conçue, entraînée et formatée à ce dessein. Humaine, ses augmentations lui permettent d’avoir le dessus sur quasiment tous ses adversaires. Consciente de sa mortalité, elle sait néanmoins se préserver quand la situation l’exige. Elle a aussi un atout qui la rend si particulière : la Phase, qui lui permet d’accélérer toutes ses actions, la rendant temporairement invincible.
Le roman commence par une mission de Lina, un assassinat somme toute assez ordinaire pour elle, mais qui va radicalement changer sa vision du monde et du rôle qu’elle y tient. En effet, le Central n’est pas humain, mais une machine. Dans ce futur, les machines régissent la vie des hommes. Le combat de Lina est la lutte contre l’opposition au pouvoir établi des machines, à savoir des humains qui se font appeler les déviants. Lors de cette mission, elle va aussi découvrir l’Arach qui se bat tant contre le Central que contre les déviants. Quel sera dorénavant son rôle entre ces trois factions ?
L’écriture d’Arnauld Pontier se déguste ici comme un entremets qui, bouchée après bouchée, dévoile des saveurs nouvelles. Nous commençons ainsi avec une science-fiction classique au charme désuet des années 70 où il fallait toujours inventer de nouveaux termes pour décrire les objets, concepts et pensées de l’avenir. Nous poursuivons par un rythme, des combats réguliers où l’expertise de l’auteur dans les arts martiaux peut s’épanouir pleinement. Un contexte de complot, de diplomatie, d’agents doubles ou triples vient corser l’affaire. Enfin, une pointe d’érotisme vient donner au tout une harmonie qu’un œnologue qualifierait de capiteuse.
C’est à un repas de l’esprit que nous sommes conviés par l’auteur. Comme pour un plat, c’est d’abord le regard qui se pose. Et ici, c’est sur la couverture où Mike Hoffman nous offre encore la vision d’une femme, cette fois-ci, une guerrière peu vêtue qui nous donne le sentiment d’une beauté venimeuse. À l’esprit vient alors l’image de Barbarella et de tant d’autres héroïnes qu’Arnauld Pontier évoque avant le premier chapitre. Mais F.E.L.I.N.E. va bien plus loin qu’une simple dégustation et nous amène à bien des réflexions.
Tout d’abord, l’univers évoqué y est riche et dense. En effet, il y a des humains, des humains augmentés, des cybes, sorte de machines à l’apparence humaines, et des organs, êtres organiques créés de toutes pièces et sur commande. La première réflexion porte donc sur la réalité quand les divers intervenants de cet avenir peuvent être si variés, avec des motivations si différentes.
Les inventions y sont aussi remarquables. Pour ne pas gâcher le plaisir de la lecture, j’évoquerai juste le tatouage animé qui m’est apparu comme une possibilité future de cet art tout à fait réalisable dans les années à venir. Le Central, lui, nous évoque un futur où la révolte des machines n’a pas eu lieu, mais où la soumission passive de l’humanité a été acceptée, jusqu’à la rébellion des déviants évoqués. C’est une autre réflexion que notre dépendance de plus en plus prégnante aux algorithmes, aux calculs et demain aux IA qui pose question alors que des personnalités de premier plan comme Elon Musk ou Stephen Hawking commencent à nous alerter sur le sujet.
Enfin, et c’est là ce qu’il me semble être au cœur du propos d’Arnauld Pontier. L’humanité augmentée, le transhumanisme, est-elle encore une humanité ? L’humanité qui utiliserait une évolution, non plus naturelle, mais artificielle, comme nous le pratiquons déjà organiquement sur les plantes et les animaux, peut-elle encore être qualifiée d’humanité ? Au final, transhumanisme et identité sont-ils compatibles ? Déjà ces questions se posent et vont dans un avenir proche devenir de vraies questions de société. L’aborder au travers de la littérature permet déjà une prise de conscience de ces enjeux, avantages et risques. Tout cela m’amène à conclure que F.E.L.I.N.E. n’est pas qu’un roman, mais qu’il peut néanmoins être pris en tant que tel, dans l’attente d’une suite qui sera bien intéressante à explorer également.
Chris Duparc
AMAZING STORIES
12 JUIN 2017
Arnauld PontIer est un auteur un peu atypique dans le milieu de la SF. Il a en effet écrit aussi des romans de littérature générale. Autant dire que l’on s’attendrait pas à ce qu’il écrive des romans extrêmement pulp comme celui ci.
Lina est une transhumaine, l’une des 8 F.E.L.I.N.E. chargée par Central d’abattre les ennemis de l’humanité. Bardée d’augmentations cybernétiques et biologiques, elle peut surtout compter sur la Phase, ce pouvoir qui lui permet de passer en super vitesse. Confrontée aux Déviants, censés être les ennemis de Central, ceux-ci lui font une proposition qu’elle ne peut refuser. Devenue agent double, elle se trouve confrontée à la mystérieuse société secrète fanatique Arach, qui semble vouloir dominer l’humanité. Elle devra mener une dangereuse mission d’infiltration pour parvenir à décapiter la tête de l’organisation.
Lina nous fait beaucoup penser à Cybione le personnage d’Ayerdhal. Mais les inspirations d’Arnauld Pontier ne semblent pas toutes littéraires. On retrouve la sensualité et l’univers cosmopolite qui faisait le charme de Cobra, le manga de Buichi Terasawa, mais également la violence décalée des bandes dessinées britanniques de 2000AD, sans oublier les femmes fatales badass de Metal Hurlant.
Autrement dit un cocktail éminemment recommandable, qui montre que l’échange entre les média peut totalement renouveler l’écriture pulp.
D’ailleurs le pulp puise ici beaucoup à l’actualité et sous couvert d’aventures débridées, nous avons un sous texte politique qui montre que l’auteur se préoccupe bien de son époque.
Fabien Lyraud
DELICE & DAUBES
21 MAI 2017
|...] je peux causer de ce bouquin que je viens de terminer sans déplaisir. Il s’inscrit dans la tradition de la SF de papa, des space-op’ où on se déplace d’un bout à l’autre de la galaxie sans souci avec le temps ni la relativité. Pour changer, c’est une héroïne, un peu à la Barbarella, qui dispose de superpouvoirs et ne déteste pas les parties de jambes en l’air. Elle fait aussi un peu James Bond avec permis de tuer les ennemis de son Superviseur, une de ces IA qui font la pluie et le beau temps dans la galaxie.
Mais ces « déviants » qu’elle doit éliminer sont-ils vraiment les méchants ? Ils prétendent vouloir reconquérir la liberté que la machine a confisquée aux hommes et aux autres peuples humanoïdes. Et elle-même, avec sa capacité extraordinaire à se déplacer plus vite que le temps, est-elle aussi une machine ? Notre héroïne trouvera une partie des réponses après moult aventures, tribulations, combats, trahisons et retournements de situations. Distrayant, sans prise de tête et d’une longueur optimale (181 pages).
Henri Bademoude
J’avais apprécié son roman chez Rivière Blanche, alors j’essaye son recueil de nouvelles au titre bizarre mais c’est la collection qui veut ça. Parce qu’il n’y a pas qu’une dimension, ni au monde, ni à l’auteur.
On ne s’ennuie pas pour plusieurs bonnes raisons. D’abord les nouvelles sont courtes (en briton ou amerloque des shorts, pas de novelettes ni de novelas). Donc, si vous vous faites suer, vous passez à la suivante (y en a plein : vingt-sept). Cela m’est arrivé sur un truc tellement hard science que je n’ai pas tenu. Ensuite ce sont de vraies histoires avec une fin, une chute on dit. Et j’ai lu des paquets de textes où seule l’ambiance importait, avec une fin ouverte ou pas de fin du tout. Et enfin c’est un joyeux mélange de SF et de fantastique, ce qui fait que l’on est chaque fois surpris.
J’ai apprécié l’esprit, avec un humour discret et une légèreté générale. Par contre j’ai tiqué sur les introductions précédant chaque texte. Cet exercice difficile a une fâcheuse tendance à être prétentieux (la palme revenant à ce vieil Isaac) et ne sert pas à grand-chose. Chacun(e) peut voir ou comprendre ce qu’il veut dans un texte, pourquoi l’auteur l’a écrit n’a pas, pour moi, d’intérêt.
Dommage que le recueil s’achève sur un texte hommage à velléité humoristique qui ne m’a pas fait rire.
Sinon, le temps passé à la lecture de ce bouquin était agréable et ce n’est pas à chaque fois, comme vous le savez…
Henri Bademoude
PHENIX WEB
24 février 2016
Ce recueil de nouvelles présente des textes courts appartenant à différents genres de l'Imaginaire (essentiellement du fantastique et de la science-fiction).
Dans l'ensemble, j'en ai plutôt apprécié la lecture, même si certaines histoires m'ont moins plu que d'autres. Le recueil a aussi je trouve, par moments, un petit côté "intellectuel" qui m'a agacée : l'auteur étale un peu trop ses connaissances dans certains domaines, ce qui m'a parfois donné l'impression d'être prise de haut.
D'une manière générale, les histoires fantastiques sont celles qui m'ont le moins convaincue. Je pense que c'est en grande partie dû au petit texte introductif précédant chacune des nouvelles, qui donne par ailleurs des informations intéressantes sur le contexte d'écriture mais en dévoile trop, je trouve, sur le contenu. En conséquence, très peu de chutes m'ont véritablement surprise, la plupart étaient même assez évidentes dès le départ.
Je retiens toutefois quelques nouvelles du genre : Les chats, L'inconnu du nouvel an et Le wagon sont intéressantes. Je place en troisième position Le hibou, qui n'est pas sans rappeler Le portrait oval de Poe et La fleur de chair en deuxième position pour sa poésie et son étrangeté. Mon texte préféré est incontestablement Le marchand de cages à musique, un petit bijou de fantastique comme je les aime, avec juste ce qu'il faut d'incertitudes et de mystère.
J'ai dans l'ensemble bien aimé les textes de science-fiction, qui m'ont donné envie d'en découvrir plus sur les romans de cet auteur. Au fil des histoires, on retrouve des personnages qui ont quitté la Terre dans l'espoir de trouver une vie meilleure sur une autre planète, ce qui donne l'impression de saisir quelques instants appartenant à un univers beaucoup plus vaste, fourmillant de personnalités et de possibilités.
Eau et Baptême m'ont particulièrement plu pour leur originalité. Mais ma nouvelle préférée du genre reste Les enfants de Paradis, dont l'univers m'a très vite accrochée : j'ai presque regretté qu'elle ne soit pas plus longue, j'aurais voulu y rester un peu plus longtemps.
Plusieurs textes ont donc retenu mon attention dans ce recueil, et certains suffisamment pour me donner envie d'en découvrir un peu plus sur cet auteur. Affaire à suivre...
NokomisM
Rê-v-alité
14 mai 2016
Auteur de romans, récits, nouvelles et poésies, Arnauld Pontier a également dirigé l’anthologie de science-fiction Dimension système solaire.
On le retrouve avec sa propre anthologie Dimension Arnauld Pontier mêlant deux genres : science-fiction et fantastique.
Pour introduire celle-ci, il rappelle au lecteur de ne pas confondre la nouvelle avec une histoire courte. Elle possède ses particularités : courte, mais efficace, elle crée une atmosphère particulière, capture immédiatement le lecteur, son attention, contrairement au roman, qui le mène sur la longueur grâce au développement de son intrigue. L’intention et la lecture de ceux-ci sont donc différentes.
Philippe Ward, dans sa Post-face appuie l’idée de cette spécificité, et du plaisir de la lecture. Il témoigne du savoir faire de l’auteur, sur ce format et dans les « mauvais genres ».
Dans son anthologie, l’auteur présente chaque nouvelle, les remet dans leur contexte : écrites selon l’inspiration ou pour un appel à textes, usant de thèmes qui lui tiennent à cœur.
Celles ci sont bien construites : l’auteur mise sur les classiques et apporte une atmosphère détaillée, claire et permettant l’immersion immédiate. S’il s’appuie sur les codes connus des lecteurs de science-fiction et de fantastique, il ne se laisse pas aller aux clichés, gardant sa touche personnelle. Il apporte un message, une idée, se pose sur une situation donnée, sur un moment, un instant précis.
Le lecteur se trouve vite happée par l’histoire, pour certaines plus que d’autres, selon ses goûts, ses préférences littéraires, mais chacune sait se montrer efficace, avec une écriture précise et claire.
Si l’auteur présente son intention, et les messages qu’il veut faire passer en introduction, il ne spoile pas pour autant, et arrive bien souvent à surprendre le lecteur malgré lui.
Les fins se présentent sous forme de chutes toujours soignées, et se concluent de manière plus ou moins efficace. Elles sont généralement noires, sombres et sans espoir, mais tombent parfois un peu à plat. Certaines nouvelles de l’anthologie m’ont scotchées plus que d’autres, même si toutes restent agréables à la lecture.
Arnauld Pontier trouve influences et inspirations dans diverses ressources. S’il s’appuie sur un mythe serbo-croate pour l’une de ses nouvelles, il sait aussi se servir des mythes et légendes conférant un statut et un pouvoir particulier aux chats ou aux hibou. Il s’attarde aussi sur le phénomène de l’effet papillon. S’il rend hommage à Lovecraft, Jean Ray, Philipe K Dick ou Boris Vian, il sait aussi s’inspirer du cinéma avec le filmPrédator. Les sources sont donc très variées et bien d’autres idées viennent alimenter son imaginaire et enrichir son univers.
Plusieurs thèmes ressortent dans l’anthologie. L’homme s’y voit souvent puni pour sa stupidité (les guerres et conflits destructeurs, ses habitudes nocives, telle son avidité démesurée). Ce peut être la nature qui reprend ses droits suite aux conflits. Même les éléments peuvent se rebeller : l’eau, le sable. Des planètes vivantes les piègent pour satisfaire leurs propres intérêts, leurs propres besoins. Ce peut être également des créatures surnaturelles qui prennent leur revanches ou des extra-terrestres qui prennent le contrôle, envoûtent et créent des pièges élaborés. La prise de pouvoir peut se faire perfidement : une invasion facile sur le long terme qui mène à l’extinction de la race humaine.
L’auteur exploite aussi le pouvoir de créatures jugées insignifiantes, faisant parti du quotidien, dont on ne conçoit pas la dangerosité : les chats (et leur don), les chiens (qui servent de catalyseur pour l’éveil des humains), le hibou (porteur de malédiction) et la femme charmante (mais fatale au double sens du terme). Les sceptiques avides et matérialistes voient leurs certitudes s’ébranler et en paient le prix. Ceux qui désirent croire goûtent à de réels moments de bonheur.
Le temps s’avère parfois un élément à part entière de la nouvelle. Manipuler et rembobiner le temps propose un éternel recommencement. Les boucles dans le temps sont autant de chances données, ou peut être un jeu à grande échelle, une expérience ?
La quête d’identité se complexifie quand le corps se métamorphose, ou quand le clonage est en jeu : comment savoir se différencier entre modèle et clone.
En conclusion, j’ai découvert dans l’anthologie Dimension Arnauld pontier, un univers qui lui est propre, des thématiques classiques mais traitées avec sa touche personnelle et souvent avec originalité. Le mélange science-fiction et fantastique m’a beaucoup plus. Si j’ai apprécié les nouvelles de manière inégale selon ma subjectivité, chacune est écrite et construite avec soin.
Je remercie le forum Au cœur de l’Imaginarium et les éditions Rivière Blanche pour cette excellente découverte.
Malka
MYTHOLOGICA
04 août 2014
Le 7 juillet dernier, est sortie l'anthologie "Dimension Système Solaire", chez Rivière Blanche. Son anthologiste, Arnauld Pontier, a une vie et un esprit bien remplis, et je vous invite vivement à le rencontrer lors d'un salon ou d'une séance de dédicace. Il est, en outre, l'auteur de nombreux textes dont celui que j'ai l'a chance d'avoquer ici : "Agharta - le temps des Selkies.
Le premier contact avec cet ouvrage s'opère au travers de l'illustration de Michel Borderie. Particulièrement réussie, elle ne manquera pas de vous faire penser à une illustration SF des années 50. En effet, deux humains y sont représentés avec une créature tridactyle en scaphandre entre eux. Leurs combinaisons super moulantes - comme il se doit - sont bleue pour l'homme et rouge pour la représentante de la gent féminine. Sait-on jamais si les extraterrestres qu'ils viendraient à croiser avaient une plus grande capacité de différenciation par les couleurs que par les formes. Hormis ce clin d'oeil, les détails nous rappellent qu'il s'agit bien d'une image actuelle et la tenue de la créature permet de dissimuler son apparence, afin d'intriguer suffisamement le lecteur pour qu'il aille voir ce qui se cache derrière la couverture.
L'Agharta dont il est question dans le titre est une cité souterraine, voire pour certains une civilisation qui s'est développée dans les entrailles de la Terre. Tout comme l'Atlantide ou Mû, ce mythe a traversé de nombreuses civilisations - essentiellement asiatiques - et a connu son heure de gloire dans la littérature de la fin du XIXe siècle. Hasard ou non, toujours est-il que la revue "Nature" a mentionné récemment la possibilité d'un océan sous la croûte terrestre. Non, Jules Verne n'est pas mort et la réalité dépasse souvent la fiction et l'Agharta ne serait peut-être plus un mythe si l'on venait à découvrir des sources de vie dans cet océan comme on en a déjà trouvé dans des milieux bien plus hostiles. Mais revenons à ce roman.
Ami lecteur, n'aie pas peur en parcourant les premières pages. L'autreur est précis et, tout comme Stendhal pouvait être épuisant avec ses descriptions des tentures décorant les salons de ses héroïnes, Arnauld Pontier nous apporte une profusion de détails en matière de glaciologie, communication ou météorologie. C'est une phase nécessaire pour situer l'action et contextualiser le vécu et l'expérience des principaux personnages, mais cela passe, somme toute, assez vite. Après, on peut s'attacher à l'aventure qui va les réunir.
Tout commence sur le continent antarctique, quand le glaciologie David Bryne débarque pour tester un nouvel engin de forage plus performant que ses prédécesseurs. Il retrouvera dans la base une équipe qui va être confrontée à ses côtés à une rencontre avec une civilisation inattendue qui ne leur propose rien de moins que de les aider à sauver l'humanité. Ils en ignorent cependant le prix à payer. Et même si ce type de récit est plutôt classique sur bien des points, le traitement de l'auteur est original et ne maque pas de retournements de situation.
J'ai tout d'abord considéré comme grandiloquente la quatrième de couverture, qui nous présente ce roman comme une "exploration de notre condition humaine, une réflexion sur la tolérance, et qune aventure épique", mais maintenant que la lecture est achevée, je ne suis pas loin de le penser. En fait, cet ouvrage était finaliste du Prix Rosny Ainé 2014 et cela s'explique assez aisément. De trop nombreux auteurs français son timorés et s'inhibent quand il s'agit de recourir aux grands moyens en SF, de peur de faire de la mauvaise littérature, car notre tradition, notre culture sont littéraires avant d'être de grand spectacle.
Ici, Arnauld Pontier se montre sans complexe et il a bien raison. Celui que je tiens pour l'un des plus grands nouvellistes, un certain Jean-Claude Dunyach, nous a donné ce conseil, lors d'un atelier d'écriture auquel j'ai assisté il y a quelques années : "La littérature vous offre un pouvoir inestimable : un budget effets spécieux illimité." Et cela l'auteur l'a bien compris en nous montrant la fin du monde et en nous emmenant dans l'espace. Et malgré tout cette immensité galactique, il réussit à rester à dimension humaine en nous montrant tel un documentaire cette humanité en perte de sa terre, puis en quête d'un nouveau sanctuaire. Certes, cela n'empêchera pas l'homme de faire des erreurs qui son propres à son atavisme, mais il se relève toujours et c'est bien l'homme debout qui est admirable ici.
Je remercie cet auteur français d'avoir osé un space opera, où je me suis parfois égaré, mais qui m'a étourdi par toutes les dimensions qui y sont déployées.
Chris
MACROCOSME
n° 06 - Automne 2013
Roman de SF exigeant, par un auteur talentueux régulièrement publié chez Actes Sud, Agharta mêle hard science, mythologie amérindienne, voyage au coeur de la Terre et apocalypse dans un récit foisonnant qui entraîne le lecteur dans une fresque passionnante.
Servie par une écriture soignée, l'histoire nous embarque à la suite d'une expédition scientifique qui découvre en Arctique un portail quantique conduisant à un monde souterrain, où réside une civilisation inconnue qui annoncera aux visiteurs la fin imminente du monde.
Il s'ensuit une étude très fine des réactions humaines.
Denis Labbé
L'AUTRE MONDE
07 septembre 2013
Voici le lien vers une interview réalisée par cette webzine-radio pendant les Féeries du Bocage 2013, à Voulx : http://lautremonde.radio.free.fr/interview/Feerie.Du.Bocage.2013-Arnauld-Ponthier.mp3
LES CHRONIQUES DE L'IMAGINAIRE
22 MAI 2013
Une société internationale embauche une équipe avec à sa tête le glaciologue David Bryne afin de tester sa nouvelle "foreuse" glaciaire dans les conditions exigeantes du Nord Arctique. La station ALERT accueille l'équipe de David, ainsi que les membres permanents qui la font fonctionner. Scientifiques et techniciens sont de plus ou moins anciennes connaissances, et des liens d'attachements se sont noués autrefois.
Peu avant le début des essais le Pr Byrne décide de faire un tour en moto neige et découvre une statue de glace étonnante, puis une lueur pourpre. De son côté, la station McMURDO, basée en antarctique, reçoit une transmission du professeur hachée mais globalement compréhensible... la même que sa consoeur du pôle Nord. La stupeur s'intensifie quand Faye se "matérialise" à quelques kilomètres de McMURDO (pôle Sud) au moment où elle traversait le rideau rouge sur le chemin de retour à la station ALERT.
Ces évènements ont une explication logique : il s'agit d'un portail quantique vers tout un monde souterrain. La majeure partie de l'équipe de test est d'ailleurs accueillie par Sharula, l'ambassadrice du peuple d'Agharta. Ils découvrent alors une civilisation inconnue d'une richesse et d'une sagesse inégalées. Leur venue n'est pas anodine, ils sont les "éons", les élus chargés d'avertir la Terre de sa fin imminente…
Le choix du titre d'Agharta n'est pas un hasard. En effet, le mythe d'Agharta - ou la Terre Creuse - est d'origine amérindienne. Il s'agit ni plus ni moins d'un monde souterrain s'étendant sous la quasi totalité de la Terre. La capitale en est la fameuse Shambhala. Le Royaume d'Agharta est aussi à la base de la théorie affirmant que l'intérieur de la Terre n'est pas uniquement composé de matière solide, mais aussi d'océans, de masses de terre auxquels on peut accéder par des entrées présentes au pôle Nord et au pôle Sud, où à travers de profondes failles de la surface de la planète. Ce n'est pas la première fois qu'est abordée la théorie d'un continent souterrain.
Dès l'antiquité, cette possibilité a excité l'imagination de l'homme de plume. Dans un passé plus récent, le lecteur a pu suivre les aventures pittoresques du professeur Lidenbrock dans Voyage au centre de la Terre de Jules Verne - ou pu en voir une de ses multiples adaptations. Déjà, il s'agissait d'une expédition scientifique menée non par un glaciologue mais par un géologue. La caution scientifique est présente chez les deux auteurs. Si Verne s'amuse dans son récit, ce n'est point le cas d'Arnaud Pontier. L'auteur enveloppe son histoire d'un lourd arrière plan scientifique - lourd car il faut pas moins de quarante pages pour enfin entrer dans le sujet. Il faudra d'ailleurs m'expliquer en quoi l'albédo (coefficient de réfraction de la lumière) influence la vitesse du vent… Certes, il est nécessaire dans la science-fiction de fournir une caution scientifique qui ancre le récit dans la "réalité", qui lui confère sa vraisemblance : des auteurs s'en font une spécialité en hard-SF. Pour ma part, je n'ai pas trouvé cela concluant. L'association de cet univers scientifique et de cette mystérieuse civilisation jamais observée jusqu'alors ne fonctionne pas. Il y a un déséquilibre avec l'utilisation de ce mythe.
Une fois cette réserve émise, l'intrigue est captivante. La fin de la Terre est synonyme de fin de l'humanité, le temps est donc compté. Les enjeux et le danger sont présents, et l'auteur parvient à transmettre une partie de l'oppression et de l'angoisse de ses héros. Sur ce plan, le roman est réussi. Arnaud Pontier évite bien des clichés et des pièges qui auraient rendu son histoire tout à fait quelconque. Les réactions et les comportements des protagonistes sonnent justes dans un tel contexte. Le lecteur assiste et finalement prend part à cette "fin" de monde. Les personnages sont nombreux et bien écrits (j'ai un faible pour Sharula, et Faye). Point de fantaisie en ce qui concerne le peuple aghartien : ils sont a priori d'origine humaine puisque les unions entre humain et aghartien sont fécondes, et je n'en dévoilerai pas davantage…
Quant au fond, souvent indispensable dans un récit de SF, rien de novateur. Toutefois, j'émettrai encore une petite réserve. Globalement, Arnaud Pontier mène une réflexion sur la nature humaine, la tolérance et l'autre. Il nous fait part de ses idées à travers ses personnages et son histoire. Le champ d'étude est si vaste que les différents points de vue sont toujours intéressants. Or, le professeur Bryne, censé être un libre penseur, un cartésien propre à faire son opinion par soi-même, livre des analyses débouchant sur des poncifs tel que "l'homme détruit son monde de plus en plus vite, irrémédiablement. Aucun progrès de la science ne réparera les dégâts…". Ce consensualisme sur la nature humaine et son influence néfaste sur l'écosystème est un poil rabattu voire rebattu (et même un peu trop consensuel à la fin).
Bref, une fois le récit lancé, le lecteur prend un réel plaisir à suivre le destin de l'équipe d'humains, des aghartiens et des selkies. Un space-opéra bien écrit et intelligent, made in France.
Lutin82
WEBDESIGN MAG
9 avril 2013
Agharta - Le temps des Selkies, le dernier roman de SF d'Arnauld Pontier, présente l'originalité d'être couplé à un site internet dédié et une application Facebook, qui permet de tester et de savoir via un questionnaire si vous et vos amis sont aptes à rejoindre une des arches et à quitter la Terre avant qu'elle ne soit détruite.
Hui-Ping Panh
GALAXIES http://monsite.orange.fr/galaxies-sf/
N° 5 - ETE 2009
C’est avec amusement, voire un brin de condescendance, que le fan de science-fiction considère généralement les incursions des auteurs mainstream dans son domaine de prédilection. Il faut dire que ces encanaillements littéraires ponctuels n’aboutissent le plus souvent qu’à la redécouverte de l’eau chaude et leur lecture conforte alors les a priori négatifs.
Autant le dire tout de suite, Arnauld Pontier n’est pas de ces écrivains au pied tendre qui partent à la conquête des nouvelles Amériques, tels ces randonneurs improvisés, chaussés de tongs, se lançant à l’assaut de balades copieusement balisées et réputées faciles. C’est même d’un talon assuré qu’il foule la poussière rouge du sol martien. Il sait, visiblement, l’exigence des contrées qu’il aborde, et le fait donc avec une manière d’humilité témoignant d’un profond respect pour le genre et l’exercice.
Arnauld Pontier connaît Mars, la vraie et l’autre aussi, celle des générations d’imaginatifs ont réinventée – ce récit de voyage en terre rouge leur rend hommage.
Crédibilisé par un solide bagage technique et scientifique, ce journal de bord d’un membre du premier vol habité vers Mars est enrichi par la maîtrise d’une prose où l’introspection prime sur un événementiel scrupuleusement confondu avec le programme de la mission. Le style dépouillé dit parfaitement l’aride beauté des étendues martiennes et l’état d’esprit du narrateur. La restitution appliquée des étapes de l’implantation trahit un sens élevé de la responsabilité mais aussi la peur qui guette, et dessine en négatif le fantôme de solitude et de déracinement tapi dans l’âme de l’explorateur. Un explorateur qui marche sur un fil, entre émerveillement et effroi, investi de l’espoir des hommes d’ouvrir un nouveau monde.
Un livre contemplatif, empreint de nostalgie martienne et animé par un puissant désir de nouveau commencement.
Jonas Lenn
© Galaxies
LE SOIR http://www.lesoir.be/culture/air_du_temps/2009-08-07/mars-rouge-cauchemar-fantasme-721736.shtml
7 AOUT 2009
[...] Comme un irréductible, Arnauld Pontier revient à l'essence même de l'Odyssée : la première mission sur Mars. Dans Sur Mars - récit de voyage, il tient le journal de bord d'un des explorateurs martiens de 2016. D'une belle simplicité et d'une émotion intense. La lune, c'était il y a 40 ans, dit l'auteur. Il est temps d'aller sur Mars.
Jean-Claude Vantroyen
© Le Soir
SCIENCE-FICTION MAGAZINE http://www.sfmag.net/une.php
N°64 - JUILLET/AOUT 2009
S’il est un exercice littéraire difficile, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un cadre imaginaire, c’est bien le récit de voyage. Arnauld Pontier revient de la planète rouge. Il est un nouvel Armstrong pour un astre peut-être encore plus mythique que notre bonne vieille Lune. Nous sommes en 2016 et un homme va le plus simplement du monde nous rapporter dans son journal de voyage ses impressions sur un voyage, tout d’abord, qui comme on sait est souvent plus essentiel que la destinée.
Sans prétention mais au moyen d’un sens aigu de la perspective, l’auteur nous rapportera méticuleusement tous les sentiments qui sont les siens lors de cette odyssée silencieuse. Ses compagnons de voyage en double pour chaque tâche allouée, car dans l’espace il faut être remplaçable. Ensuite, ce qui est le plus touchant, c’est de voir cette culture populaire avec laquelle l’auteur nous parle de ce mythique astre rouge. D’emprunts aux Chroniques martiennes de Bradbury aux références épiques si typiques du roman feuilleton américain qu’on nommait encore science-fantasy (Barsoom d’Edgard Rice Burroughs), tout en passant par les grands classiques cinématographiques (La Guerre des mondes, etc.), voilà qu’Arnauld nous parle, mieux, nous transmet des climats, des senteurs. Et c’est là que le rêve martien commence à prendre réellement forme. Au jugé, puis de façon plus exemplifiée, l’auteur nous raconte alors cet astre sous les yeux de ceux qui tout au long de notre histoire culturelle n’ont eu de cesse de le rêver. Dejah Torris pourra apparaître pour certains comme quelque chose de bien abscons, quand pour d’autres elle sera celle qui à jamais incarnera cette princesse martienne, à mi chemin entre une adepte sadienne des sexualités interdites et une princesse qui attend à jamais le retour du bel Orphée.
Arnauld ne fait pourtant que relater des impressions que son voyage engendre dans ses déambulations éternellement nocturnes, ponctuées ça et là de réflexions très terre à terre, comme la nécessité du plaisir pour des adultes confinés dans le même espace des voyageurs. L’auteur rêve des atmosphères à partir d’un donné brut, et peu à peu s’installe dans les pensées de ses lecteurs des lieux communs, mieux une sentimentalité. C’est de cette « nostalgie de l’inconnu » qui touche si bien les mémoires qui ont su s’épancher par la voix d’un conteur sincère dont Arnauld nous relate l’histoire. Et c’est de cette histoire en attente d’universalité que nous raconte ce journal de bord comme d’une édification. Mais bien plus, quand Arnauld aborde la toponymie d’un lieu que jamais personne auparavant n’a foulé avant lui, il se met à poser une nouvelle correspondance secrète. N’hésitant pas à mettre en branle des étymologies très anciennes (Shalbatana Vallis qui en Akkadien signifierait Mars), il ne pose pas de frontière, d’étrangeté, d’inconnu, mais pose plutôt des ponts, des passerelles. A ces mots anciens, dont les hommes se sont servis, pour cartographier un monde inconnu, Arnauld y fait correspondre d’autres noms très anciens de notre histoire (Babylone, etc.) personnelle. Ainsi, aux topos géographiques d’un monde l’auteur y fera correspondre des topos romantiques. Car Mars c’est plus qu’une idée, c’est un rêve d’empire, ce far-west si revendiqué par la plume d’un Burroughs. Infantilisme conquérant, « sens of wonder », « wirldeness », l’auteur a bien compris là qu’il s’agit d’universalité, plus de barrière, plus de populismes arrêtés aux terres que définissent des frontières. L’américanité s’est ici mutée en un très sincère cosmopolitisme au service de l’homme et de ses rêves, ses dieux de mars et ses princesses en péril, ses sciences secrètes et ses bastions survolés de nefs en forme de chars de guerre.
Mais le rêve, même s’il a la part belle dans ce journal, n’est qu’une texture réconfortante pour apaiser les difficultés que vont endurer les voyageurs, entre les caprices d’un climat hostile et les lieux sur lesquels ils vont devoir naître à nouveau. Car si pour Armstrong fouler le sol lunaire était un grand pas pour l’humanité, pour Arnauld, fouler le sol rouge de cette terre guerrière, c’est comme une nouvelle naissance.
En achevant ce petit livre sans grande prétention, on sera alors assailli par un incroyable sentiment de joie, celui d’avoir partagé un voyage qui nous ressemble. Nous pourrons alors en déduire que nous tenons-là l’une des plus belles métaphores martiennes jamais écrite, puisque la référence envers le cycle de Barsoom et son héros, John Carter est plus qu’évidente. En franchissant les barrières dimensionnelles, John se retrouve sur Mars comme un étranger, un nouveau-né, et il en est de même pour ceux qui comme l’auteur vont habiter cette terre comme des nouveau-nés.
Ce livre, c’est le rêve que devraient emporter dans leurs bagages les futurs voyageurs qui tenteront un jour, qui sait, de marcher sur cet astre qui a fait voyager de si nombreux rêveurs immobiles, même si pour l’auteur, autre trait réaliste, les plus grands voyages demeurent physiques (c’est très américain, comme vision)…
Si cet ouvrage (roman naturaliste ?) plein d’humilité et de bon sens avait été publié aux Etats-Unis, il aurait pu sans aucun inconvénient décrocher un prix Hugo. C’est tout à l’honneur de son maître d’œuvre…
Emmanuel Collot
© Science-fiction Magazine
SCIFI-UNIVERSE http://www.scifi-universe.com/critiques/21628-62-sur-mars.htm
8 JUIN 2009
UNE CHRONIQUE MARTIENNE
Je fais ce premier pas avec maladresse. Comme si c’était mon premier pas d’enfant. Ma mère est devant moi, elle me tend les bras. Je lâche les barreaux de mon parc. Mon cœur bat fort. C’est fait. Je marche. En moi quelque chose se rompt. Je viens de concrétiser un rêve. Mais je viens aussi, du même coup, de le briser : tout est allé trop vite. Je n’ai pas fait ce pas comme je l’avais rêvé, comme il aurait fallu ; il a été trop maladroit. Je n’ai pas songé à le vivre assez et il est derrière moi.
Quand on fait une chose pour la première fois, cela fait toujours quelque chose, ça peut être grisant, excitant, ou encore décevant. Quand on est la première personne au monde à faire cette chose, il n’y a plus de doute, c’est une sensation unique, paradoxale, de solitude et de béatitude… C’est du moins ce que je me suis dit un soir d’adolescence en contemplant la Lune et en me rappelant qu’un jour de 1969, un homme fut le premier à y poser son pied.
Dès lors je jalouse Arnauld Pontier de cet ouvrage, car il devient grâce à sa prose, le premier homme à marcher sur Mars ! Mais c’est une chance, car il a la plume facile et va nous proposer de coucher son périple sur papier et de nous le livrer. Nous suivrons donc la route de l’équipe d’astronautes jusqu’à la Planète Rouge. Nous les y verrons établir une première base, assurer la mise en place de cultures hydroponiques, explorer les environs. S’observer et fantasmer sur d’interdites relations sexuelles entre membres de l’expédition. Le tout richement étayé de références scientifiques et SF que le lecteur prendra plaisir à aller vérifier en fin d’ouvrage dans les notes, références et autres annexes.
C’est sur la promesse d’un monde nouveau que se finira ce petit traité de voyages interstellaires.
Une lecture facile et agréable, et qui tient ses promesses par sa simplicité et sa souplesse. Bien entendu elle laissera sur leur faim les aficionados du genre, en effet ceux qui auront lu la trilogie martienne de Kim Stanley Robinson n’auront qu’une envie (s’ils ont néanmoins le courage de digérer à nouveau le premier tome), se replonger dedans.
Thomas K.
© SciFi-Universe.com
KEEP WATCHING THE SKIES !
nº 62-63 - JUILLET 2009
Curieux objet pour de la S.-F., et curieux livre pour de la littérature générale. C'est un petit objet, plus petit qu'un livre de poche, plus élégant aussi, ivoire plus que blanc, dont la couverture est illuminée par une typographie d'un orange soutenu et un disque de la même couleur, Mars bien entendu, avec ses reliefs et, en périphérie, une zone floue, comme une forme d'atmosphère. C'est un de ces petits livres précieux aux grandes marges, au texte comme une colonne de quotidien. Un bel objet, disons-le, comme nous n'en avons guère l'habitude ici. Rien que pour cela, l'éditeur mérite un coup de chapeau.
C'est aussi un récit sans histoire. Ou plutôt sans suspense identifiable, ni retournement, ni coup de théâtre. Loin de nos traditions nées du roman d'aventure. Le récit aplati de la première mission humaine sur Mars, sous forme de journal. Sans découverte sensationnelle, ni petit bonhomme vert, ni civilisation disparue, tout juste une atmosphère assez peu dense pour ne pas étonner, des matières premières des plus plausibles, les carcasses émouvantes des sondes antérieures. Sans catastrophe, ni tensions extraordinaires, ni drames, tout juste avec une opération rénale un peu délicate mais somme toute banale, et une histoire d'amour très en pointillé, plutôt unilatérale d'apparence, qui pourrait être plombée par quelque cynisme (stricto/stricto sensu), et dont il semble possible, sans nuire à l'intérêt de la lecture, de dévoiler qu'elle se finit par un baiser, dans une tradition plus qu'archaïque. L'amateur de naufrages, de découvertes, de courses contre la mort et de contacts du vingt-cinquième type, ou même de dilemme cornélien, de romantisme échevelé ou de marivaudage sous faible pesanteur, risque fort d'en être pour ses frais. Tant pis pour lui. C'est raconté. Point.
D'une certaine façon, c'est aussi le degré zéro de la divulgation scientifique, même si, encore qu'aux antipodes de toute esbroufe, cela soit loin d'être le degré zéro du style. Et la littérature générale pointe plus que son nez, ramène plus que sa fraise, avec le personnage principal, ses souvenirs d'enfance, l'ombre de son père, graveur amateur sans doute tué par les poussières de cuivre et les vapeurs d'acide… Reste que le “degré zéro de la divulgation scientifique” a son charme et mérite lui aussi un coup de chapeau ; que les souvenirs d'expéditions automatiques antérieures sont des petites madeleines pour tous ceux (qui commencent à vieillir) dont le goût pour la S.-F. a été amplifié par l'actualité d'une conquête de l'espace pas encore condamnée à tourner court ; que les références sont précises sans être pesantes, d'un strict réalisme sans didactisme abusif. Et que les amateurs de didactisme seront satisfaits par des annexes techniques (sur Mars et sur les missions antérieures, des échecs soviétiques de 1960 aux programmes américain, japonais, européen, programmés (on l'espère) pour 2010, 2013, 2014). Et satisfaits aussi par un minimum de bibliographie assez récente, et par diverses notes (seul bémol, tout de même, tant qu'à faire jouer les charmes de l'édition à l'ancienne, les dites notes auraient pu être en bas de page, rompant avec les superstitions récentes propagées par des éditeurs échappés d'écoles de commerce, aussi analphabètes qu'un politicien français d'origine neuilléenne, et persuadés que les dites notes de bas de page constituent autant de porte-malheur faisant fuir un public condamné de ce fait à tourner frénétiquement des pages pour trouver des commentaires ou des explications dont l'utilité varie selon les connaissances ou les curiosités de chacun. Fin de cette certes trop longue parenthèse).
Et malgré tout ce qui précède, ou à cause même de cela, il y a là quelque chose qui intéressera étrangement l'amateur de S.-F. Peut-être parce qu'il s'agit en quelque sorte d'un très oxymorique « steampunk d'anticipation » : à l'aune de la S.-F., une anticipation technique à sept ans d'échéance a forcément quelque chose de rétrofuturiste. Peut-être aussi parce que l'auteur connaît manifestement la S.-F., et l'apprécie. Sous toutes ses formes. En incluant une bibliographie (romans) qui va de Wells et Flammarion aux Belmas et à Eschbach, en passant par Dick, Robinson, Bear ou Baxter. En y ajoutant une filmographie brève, six références de la Guerre des mondes de 1953 à celle de 2005, mais pertinente. Et complétée dans le texte et les notes, par quelques autres titres, Lost in space ou Armageddon. Ou Matrix. En évoquant le souvenir de bandes dessinées “petit format”, Meteor, Cosmos et autres Atom kid, et des Voyages extraordinaires, cuvée 1935. Et un Galaxy de 1958. Plus Tintin, bien entendu. En évoquant les ascenseurs spatiaux et en renvoyant à Clarke. En saluant Roland Lehoucq. En casant des allusions à Stapledon, à Ballard, à Borges, mélangées avec d'autres, assez différentes et pourtant de même facture, à l'Atlantide de Pierre Benoit, au Racine de Phèdre, à Pierre Loti ou à Bertolucci… Bref, de quoi établir une complicité avec n'importe quel lecteur de KWS, ce me semble.
Autant dire qu'entre cette complicité potentielle, l'élégance de l'objet et de l'écriture, le plaisir de la lecture, l'étrangeté du propos (et le fait paradoxal mais évident que c'est la quotidienneté, la normalité, qui constitue[nt] la base de cette étrangeté), il serait bien dommage de passer à côté de ce livre. Ce qui pourrait bien arriver, et pas seulement à cause de son format inusité. Avis, donc, aux esprits curieux : il doit bien en rester…
Eric Vial
© KWS
EGALEMENT CITE PAR : QUARANTE-DEUX.ORG http://www.quarante-deux.org/kws/62-63/sommaire.html
ASTRONOMIE MAGAZINE
JUIN 2009
A l'image de ceux que l'on trouve souvent dans les librairies pour la France ou le reste du monde, voici le carnet de voyage d'un des premiers hommes en partance pour Mars, en 2016. Impressions couchées sur le papier durant deux années de voyage et de mission, mêlant réflexions sur le sens de la vie et sentiments personnels. L'idée était bonne mais le texte vraiment trop vite lu !
CS
© Astronomie Magazine
LIBERATION
18 MAI 2009
Ce journal de bord d'une expédition sans précédent pourrait avoir été trouvé un siècle plus tard. C'est l'attrait de ce petit livre, où la voix du narrateur paraît fixée dans un passé lointain.
Pourtant, il raconte son voyage sur Mars en 2016. Le 10 avril de cette année-là, six astronautes s'entassent comme des sardines dans la capsule Orion en haut d'une immense fusée. Ils partent conquérir en piétons la planète rouge, bel écho aux pulps de la tendre enfance du narrateur.
Sur Mars, le quotidien est rythmé par les repas, les tâches à effectuer pour les prochaines missions et les tempêtes solaires. 'Je ne trouverai pas d'eau sur Mars -- c'est une autre équipe qui la trouvera, au fond d'un gouffre.' Mais cette découverte-là lui paraîtra mineure au regard d'une autre trouvaille...
François Rivière
© LIBERATION
NOOSFERE http://www.noosfere.org/icarus/livres/Niourf.asp?numlivre=2146573647
21 MARS 2009
Très curieux et très intéressant ouvrage que ce petit volume élégant publié chez l'éditeur Nicolas Chaudun, au sein de la collection Phileas Fogg destinée à accueillir des récits de voyage. Et c'est bien ce dont il est question ici, mais d'un voyage d'un genre quelque peu particulier : sur Mars !
Car Arnauld Pontier est allé sur Mars. Et il en est revenu. Aussi, pour faire partager ses émotions, il a décidé de publier son journal intime de ce périple. Émotions, mais aussi rigueur, puisque le narrateur est un scientifique, membre de la première expédition qui atterrira sur Mars. Elle a pour mission de créer un certain nombre de camps pour l'observation de la planète rouge, et de mener quelques expériences. Pour le narrateur, c'est aussi une quête personnelle, un hommage rendu à son père, sculpteur ; c'est au tour de son fils de prendre le relais, en façonnant l'avenir de l'humanité par le biais de cette campagne martienne.
Le journal est dès lors un mélange d'envolées poétiques, sur l'exploration spatiale, la place de l'homme dans son univers, et son avenir... et de considérations très hard science crédibles et parfaitement assumées par l'auteur. C'est de ce subtil amalgame poético-scientifique que naît tout le charme de ce roman totalement habité par un intense souffle de découverte.
Sur l’aspect hard science, l’auteur complète son ouvrage de nombreuses notes et informations culturelles et techniques ; certaines feront d’ailleurs sourire l’amateur de SF – comme préciser ce qu’est Matrix, ou les références à Bradbury ou Clarke – mais il ne faut pas oublier que, le livre étant publié chez un éditeur généraliste, le lecteur n’a pas nécessairement toutes ces références. On sent à la lecture de ces notes toute la passion que voue le romancier à la planète rouge, et cela donne comme un cachet de véracité à ce qui est raconté ici : oui, Arnauld Pontier est bien allé sur Mars, le veinard.
Dépouillé à l’extrême – le roman fait moins de 150 pages – Sur Mars est ainsi une très belle surprise, un livre qu’on n’attendait pas mais qui saura procurer un grand plaisir de lecture, et qui place d’emblée Arnauld Pontier sur la liste des auteurs à suivre de près. Le fait qu’il soit publié en collection non spécialisée risque de le priver de nombreux lecteurs potentiels, aussi, si vous lisez cette critique, vous ne pourrez pas dire que vous n’étiez pas prévenus !
Bruno Para
LA CLEF D'ARGENT http://clefargent.free.fr/notesdelecture.php
03 MARS 2009
À première vue, Sur Mars, récit de voyage a tout du récit de SF écrit par un auteur généraliste (on dit aussi mainstream). À voir cette couverture sobre et élégante, cette mise en pages oblongue sur papier ivoire relié en cahiers cousus, à découvrir au fil des pages les notations en apparence nombrilistes du narrateur, on pourrait facilement imaginer qu'on a affaire une fois de plus à l'œuvre d'un écrivain qui n'aborde la SF que par jeu, avec distance et sans doute un peu d'ironie. On craint vaguement la fable philosophique. Encore un, s'apprête-t-on à penser, qui ambitionne naturellement sous ce prétexte de faire bien plus que de l'anticipation, bien d’avantage que de la perspective romancée...
On pourrait penser cela, mais ce serait injustement réducteur, car à lire pour de bon ce court roman d'un peu plus de cent mille signes, on se rend compte que ce récit de voyage finalement très intérieur, où chaque pas sur la planète rouge est l'occasion de réminiscences intimes ou d'associations d'idées à la pertinence épatante ; que ce récit, donc, s'enracine en fait dans un imaginaire scientifique et culturel que partagent désormais tous les lecteurs, qu'ils pratiquent assidûment la SF ou pas. Les interrogations qui agitent le narrateur rejoignent très directement celles de ces personnages de SF qui nous font souvent dire que la SF contemporaine a encore des choses à dire. « Il y a quelques chose de surnaturel dans la rencontre avec un objet du passé -- qu'il s'agisse d'un objet issu de sa propre vie ou de son patrimoine », songe par exemple le narrateur en apercevant le mât d'antenne de la sonde américaine Viking I. N'est-ce pas là le constat de toute une vie, celui que fait Michel, le personnage inoubliable de psy français de la trilogie martienne de Kim Stanley Robinson ?
Non, vraiment, le puriste de la SF aurait tort de bouder ce récit universel qui le renverra, par des chemins, certes un peu détournés, aux meilleures pages de ses romans d'élection. Et le lecteur qui, depuis toujours, se détourne par principe de la SF trouvera là une excellente occasion de se familiariser avec un genre qui lui réserve quelques bonnes surprises.
De nombreuses notes, une bibliographie et différents documents complètent utilement le récit [...] D'un point de vue purement matériel, on se félicitera de tenir entre ses mains un livre dont les marges généreuses permettent de lire une page d'une traite, sans avoir à bouger ses pouces. C'est un détail, mais il a son importance. [...]
Sur Mars, récit de voyage : une expérience à tenter, qu'on aime la SF ou pas. Ce n'est pas si courant.
Philippe Gindre
Ils en ont également parlé :
LE MONDE DE L'IMAGINAIRE - Radio SF http://blog.monde-imaginaire.com/
20 MARS 2009 -- Une émission proposée par Xheno
L'ECRIVAIN VOYAGEUR http://www.ecrivains-voyageurs.net/pages/actual.htm
AVRIL 2009
GALA http://www.gala.fr/
N° 776, du 23 avril 2008
Paradis Perdu
C'est l'histoire d'un coup de foudre. Nous sommes en 1967 à Paris, André aperçoit Flora dans un bar et l'aime immédiatement. Instinctivement... Mais que vient faire l'enigmatique et troublant Jurij, rescapé ou bourreau des camps de la mort, dans cette romance ? Quête des origines, livre sur le pardon, Le Fruit du silence trouve son souffle quand la trame romanesque s'accélère et nous emporte dans les tourments de l'âme humaine. On s'attache à ces personnages modelés dans la douleur.
Certainement le plus personnel des romans d'Arnauld Pontier, le plus réussi aussi.
FRANCE INTER http://www.radiofrance.fr/franceinter/em/noctiluque/index.php?id=38933
NOCTILUQUE du lundi 19 mai 2008
'Le Portrait d'un roman', une émission de Brigitte Kernel
SITARTMAG http://www.sitartmag.com/arnauldpontier4.htm
14 JUILLET 2008
La vie derrière soi
Au départ, l’histoire peut sembler simple : un ancien déporté, Gert, et son fils, André, séparés par la guerre ; entre eux, un seul homme qui puisse faire le lien, Jurij, opiomane, écrivain, qui a veillé de loin sur l’enfance d’André, lequel a grandi à l’Assistance publique.
Pourtant, hormis un pan de passé, André et Jurij n’ont pas grand-chose en commun quand, en cette année 1967, le premier, devenu jeune homme, retrouve celui qui pourrait faire figure de père et se met à l’écoute de sa désespérance, dont on ne sait exactement (du moins pas encore) ce qui a pu l’engendrer, à l’écoute de ses tentatives pour échapper à une réalité qui toujours le rattrape, comme le passé dont il ne parle jamais. À cette trame première, vient s’entrelacer une histoire d’amour teintée d’irréalité, quand André croise une jeune femme dans un bar : une figure fascinante, « trop parfaite pour lui », dont il se met à guetter les apparitions sans pouvoir l’approcher, comme « dépouillé » quand il voit d’autres hommes s’intéresser à elle. Toutefois, c’est elle, Flora, qui va permettre à André d’afficher une audace nouvelle, de se découvrir et de mettre des mots sur son identité, car il espère ne pas être seulement un orphelin sans racines, «embourbé dans cette béance de n’être personne et de devoir devenir quelqu’un » .
Le roman débute en 1967 mais c’est quatre années plus tôt, à Venise, que l’on fait la connaissance d’un homme « seul et désespéré » : Gert, ancien déporté, cheminot devenu vagabond depuis qu’il a décidé de partir à la recherche du fils à peine connu ; il a quelques pistes fragiles, dont le nom d’un médecin qui aurait soigné Jurij après la guerre — Jurij, celui qui avait accepté de sauver son fils né en camp de concentration. Jurij et Gert se connaissaient à peine mais chacun, à sa façon et pas forcément dans le même camp, a connu l’amour impossible, le chaos de la guerre et de l’après-guerre ; une période où Jurij est hospitalisé en compagnie d’autres survivants et où il tente de taire son passé et de dissimuler sa véritable identité, tout en essayant, déjà, de combattre ses démons intérieurs.
Traversant de bout en bout le récit, l’idée d’incommunicabilité entre les êtres revient sans cesse, comme inhérente à leur condition : « Tout vrai langage est incompréhensible » dit Jurij, qui opte pour l’écriture, car « écrire est ma langue maternelle », un acte qui permet de conjurer la mort mais qui peut néanmoins « vous replonger dans l’horreur, la souffrance, vous replonger dans le passé, vous tuer, même, parfois. » Alors, au langage, certains préfèrent parfois le silence : un silence salvateur, quand des vies sont en jeu, ou apaisant (comme celui qui unit André et Flora), mais qui porte aussi des fruits bien amers, quand il se fait non-dit, se substitue à la vérité et empêche d’avoir prise sur son propre destin.
Le Fruit du silence est un roman poignant, dont le fatalisme ambiant lui confère des traits assurément tragiques : le dénouement a d'indéniables accents d’ironie dramatique, certains personnages demeurent ambivalents et parfois aveugles ; comme André, impuissant, qui ne sait rien, ne voit rien au-delà de son amour nouveau pour Flora, ne se doute de rien — ni du passé de Jurij, ni de celui de ses parents, ni de qui a pu être sa mère, surtout, ni du tour que l’Histoire se prépare à lui jouer. Car comme le sait Jurij quand il tente de fuir son passé : « La liberté qu’il avait prise en s’enfuyant n’existait pas, elle n’était qu’un leurre ; seul existait le destin. Tout est écrit. » Même si rien n’a été dit.
Quant à Gert, lui connaîtra la vérité, celle de Rachel, rencontrée à Bruges en 1964 ; ancienne déportée elle aussi, Rachel veut déciller Gert qu’elle n’a pas croisé par hasard, tandis que lui ne se doute de rien. Même si la candeur d’André (d’une certaine façon, il ressemble à son père Gert) fait frémir, c’est plutôt Jurij, pivot du récit, qui exerce une véritable fascination sur l’esprit du lecteur, au-delà des notions de bien et de mal, ou encore Rachel, pourtant d’une autre trempe que le précédent, possédant la sérénité de la victime déterminée à se venger, plus énigmatique aussi, et que l’on aurait presque aimé connaître davantage.
Comme dans Le Cimetière des anges, l’Histoire demeure inséparable de l’histoire singulière, et le sinistre tourbillon de la Seconde guerre mondiale plane sans cesse sur chacune des histoires individuelles, révélant les abominations et la noirceur d'âme de certains, sans pour autant gommer leur humanité. Une Histoire que l’on croit loin derrière, mais qui se transmet, en silence, et poursuit son avance inéluctable, contaminant le présent de la génération suivante, celle d’André et de Flora.
On l’aura compris : il est presque impossible de raconter les intrigues qui s’entrecroisent, au risque de trop en dire et d'ainsi dévoiler des éléments et des enchaînements qui permettent au lecteur de reconstruire à loisir le puzzle foisonnant de vies abîmées et de s’investir dans un récit où tout fait sens peu à peu. Un récit dont la construction impeccable va de pair avec une langue minutieuse, à l’instar des romans précédents de l’auteur, qui transcrit finement les complexités émotionnelles et les paradoxes d’existences en mouvement, pour former un bel entrelacement narratif et humain, entre d'une part la joie et l’émoi que peut procurer un nouvel amour et d'autre part les terreurs inscrites dans l’esprit de ceux qui ont connu le pire, indélébiles.
Blandine Longre
LA PRESSE DE LA MANCHE
18 MAI 2008
Quand André rencontre Flora dans un bar espagnol, un soir de 1967 à Paris, il est immédiatement subjugué. C'est elle la tant attendue, celle qui doit bouleverser sa vie. Plus rien ne compte alors que la revoir, lui parler, entretenir le lien qui s'ébauche et qui devrait les unir à tout jamais. Avec l'espoir vient la pudeur, et André garde cet émoi pour lui seul, n'en parle pas à Jurij, un ami de toujours qui lui rendait visite, déjà, à l'orphelinat, et qui vient de réapparaître après plusieurs mois d'un mystérieux voyage.
LIVRES HEBDO
Son style ne craint pas les images violentes et baroques, précises, dérangeantes.
PIERRE ACTUAL http://www.pierreactual.com/
N° 850 - Juin 2007
Arnauld Pontier publie un recueil de poèmes autour du marbre.
« Il n'y a qu'un seul miroir vivant, c'est le marbre. »
Difficile de rendre un plus bel hommage à cette matière noble.
Arnauld Pontier lui consacre pourtant un recueil complet, de quinze poèmes, illustrés par des reproductions de matériaux.
A découvrir.
Nombreux étaient les spectateurs du Festival des 7 lunes qui s’étaient régalés, cet été, lors de la soirée consacrée à l’œuvre d’Arnauld Pontier.
L’écrivain était présent salle des Associations, à Lapte, et avait longuement échangé avec le public à la suite des lectures proposées par les comédiens du Théâtre du Doigt dans l’œil, Patricia Léger et Gérard Defour.
On peut imaginer que les amateurs seront heureux, aujourd’hui, de découvrir la dernière publication d’Arnauld Pontier, Marbre.
Ce recueil de poèmes paru aux éditions Nicolas Chaudun, relevé de sept reproductions très belles de marbre en couleurs, explore l’idée singulière : « Il n’y a qu’un seul miroir vivant, c’est le marbre. ».
Ce marbre dont l’écrivain parle si bien :
« Toujours, j’ai craint l’humidité du marbre, l’eau douce et impénétrable de son dessin/Toujours, j’ai posé mes doigts craintifs sur mes lèvres avant de le caresser lui, si froid et si douillet/Le marbre n’existe que pour le toucher/La vue et l’écoute l’immobilisent. »
AUJOURD'HUI POEME http://www.aujourdhui-poeme.fr/
N° 83 - SEPTEMBRE 2007
[...] Prosateur de grande classe, d'humeur volontiers fantastique, Arnauld Pontier est l'auteur, aux éditions Actes Sud de quatre ouvrages dont La Treizième Cible et La Fête impériale (collection Babel).
Remarquable par sa présentation et ses illustrations (reproductions de marbre en couleurs), ce livre ne l'est pas moins par la qualité d'écriture et l'émotion qui s'en dégage [...]
PARU LE 3 JANVIER 2006
SITARTMAG www.sitartmag.com
Janvier 2006
Au cœur du silence
Depuis l’accident qui l’a privée de l’usage de ses jambes et de la parole, Carine vit cloîtrée dans l’appartement familial, rongée par un désir sexuel omniprésent, une envie d’homme qui l’obsède, à la merci de la rage et du mépris éprouvés pour sa mère, une consciencieuse infirmière qui ne cesse de l’interroger sur ses éventuels « besoins »… tout en manifestant son indifférence ; une routine comme dénuée de signification, un univers rétréci se résumant à un fauteuil roulant, à une ardoise et à un chiffon, et à ce que la jeune femme, elle, observe depuis les fenêtres de l’appartement : le monde extérieur, celui de ceux qui marchent et bougent naturellement, sans effort, maintenant inaccessible. De la même manière, ce qui la sépare désormais de sa mère (qui se conduit selon elle en martyr) est « infranchissable », une distance qui s’exprime à travers les propos cyniques et violents que la jeune fille adresse en silence à cette femme maladroite, étouffante et distante à la fois, incapable de détourner d’elle la colère de sa fille ou de la comprendre. Par le biais de ce discours muet, Carine règle ses comptes, refusant que sa mère (« ma gangrène ») lui dicte la conduite de sa survie et de ce corps abîmé, la seule chose qui lui appartienne encore : «Moi seule sait comment l’apprivoiser, le punir, l’encourager. Voyons, que pourrais-tu savoir de cette lutte, toi qui es sur tes jambes ? De ce dressage sans répit ? Quotidien. Rien. Cette quête est à moi, à moi seule. Je n’ai pas eu besoin de toi ce jour là.» Elle sait qu’elle est devenue pour sa mère et pour les autres «une corvée. Une tâche ménagère».
Quand sa mère est sortie, partie pour l’hôpital où elle retrouve ses malades, la jeune femme se tourne vers un autre interlocuteur, qui lui, incarne le monde du dehors, un inconnu qui l’observe depuis l’immeuble opposé, et pour lequel Carine mime les jeux de l’amour, ouvrant son chemisier, se dévoilant un peu plus chaque fois, prétendant se caresser (elle qui ne sent presque plus rien en dessous de la ceinture), s’offrant à ce regard qui lui donne l’illusion d’être à nouveau aimée par un homme, de posséder à nouveau un corps entier. Un petit jeu muet s’est instauré entre eux, un amour à distance qui lui donne l’impression de n’être plus « ce paquet de chair asexué, foulé aux seules exigences de la survie. » Jusqu’à ce jour de mai, quand cet homme (mais est-ce bien lui ?) sonne à sa porte…
En quête d’indépendance et de liberté, en dépit des obstacles qu’impose sa situation, cherchant à se libérer de l’amour factice d’une mère qui renforce son désespoir, elle rêve d’un renouveau que lui apporterait l’équinoxe de printemps, et qu’illustrera le « grand dragon Yang » qu’elle a décidé de se faire tatouer sur les jambes, en dépit des remontrances maternelles – épousant ainsi le schéma d’une provocation adolescente mais qui est ici bien plus qu’une simple rébellion de l’enfant confronté au refus parental ; un geste de défi, certes, mais lancé au monde entier – elle n’aurait plus de jambes dignes de ce nom ? La main experte du tatoueur va lui en recréer des neuves. La vision qu’elle a de son corps est-elle fragmentée ? Elle va tâcher de le rafistoler, de rassembler les morceaux épars, par le biais de l’amour physique qu’enfin elle peut expérimenter. L’extérieur se fait maintenant plus proche, même si elle est consciente des regards insistants des autres, ces « bipèdes » rarement indifférents, entre dégoût et compassion – et en dépit des avertissements de sa mère, toujours aux aguets, qui aimerait la voir garder sa place d’handicapée impotente et frigide.
Bien sûr, ce beau roman est d’abord le récit d’une bataille, que Carine livre contre elle-même et contre le reste de l’humanité, une lutte contre les préjugés, décrite ici avec une surprenante empathie, que renforce le procédé du monologue intérieur, âprement rendu. Arnauld Pontier en parlait ainsi il y a quelques mois, alors qu’il achevait l’écriture du roman : « C’est l’occasion pour moi de dénoncer la situation matérielle et sociale des handicapés, de célébrer leur courage et leur détermination, de parler de leurs espoirs et de leur souffrance. De creuser encore cette âme humaine qui me fascine par son courage et son opiniâtreté, alors qu’elle sait que sa seule destinée est la mort. »
Et le romancier ne cesse d’interroger indirectement son lecteur : une paraplégique n’aurait-elle pas droit à l’amour et aux délices du sexe ? Devrait-elle se contenter d’avoir la « chance » d’être encore en vie ? Ses désirs recèleraient-ils quelque chose d’amoral, d’anormal, de contre-nature ? De quel droit se permet-on de juger ce que nous ne pouvons éprouver dans notre chair ? – ainsi que sait si bien le faire la mère de Carine, qui pratique depuis toujours le jugement à l’emporte-pièce : « Petite, déjà, je n’aimais pas le regard de ma mère, posé en magistrat sur ce que j’avais choisi de lui cacher. »
C’est donc la relation mère-fille (littéralement handicapante) que l’écrivain aborde aussi avec acuité, faisant preuve de la même clairvoyance que lorsqu’il explorait les tensions du couple père-fils dans ses précédents romans. Une relation de rivalité, fondée sur une incompréhension mutuelle, construite sur des non-dits qui s’accumulent pour former des nœuds de contradictions et donner le jour à une irréductible répulsion, à une férocité palpable dans la dureté des propos de Carine quand elle parle à sa mère – tandis que le père, disparu à jamais, est envisagé comme le partenaire idéal et idéalisé (« Tu étais mon bonheur papa. (…) Tu m’aurais donné tes jambes. »).
Le remarquable lyrisme épuré de la prose laisse sporadiquement place à une langue crue et mordante, quand la colère ou la jouissance de Carine se fait plus directe, se montre à nu et sans détours ; quand elle choisit de ne nous épargner aucun détail de ses troubles physiques et de l’état de son corps mutilé – de ses difficultés à atteindre l’orgasme, des escarres que provoque la station assise, aux humiliations quotidiennes qu’engendre son état. Son regard affûté donne lieu à des accès de lucidité, souvent émouvants, mais la narration se détourne très vite du pathos au profit d’une acidité de ton salutaire, d’un humour sombre qui fait éclater les précautions que l’on croit parfois nécessaire de prendre avec ceux qui ne peuvent vivre comme nous. Mais la souffrance, les frustrations, la colère et la désespérance (physiques et existentielles) demeurent toutefois en trame de fond, imperturbables, comme les grands invariants d’une vie vouée à l’attente, au silence et finalement à l’extinction du corps et des mots.
Blandine Longre
© Sitartmag.com
GALA http://www.gala.fr/contenu_editorial/pages/agenda/agenda.php?rub=8
N° 659 du 25 janvier 2006
Vivre, Malgré tout
Paralysée après un accident, Carine observe, de sa fenêtre, le monde des 'vivants'. Elle n'a plus besoin de rien... Sauf de l'amour d'un homme.
Ce roman poignant d'Arnauld Pontier bouscule nos idées reçues sur le handicap.
© Gala.
PSYCHOLOGIES MAGAZINE www.psychologies.com
N° 249 - Février 2006
Poignant
« Comprend-elle seulement que ma seule façon d'exister, d'envisager l'avenir, est de jeter aux oubliettes mon corps passé pour m'en refaire un nouveau ? » Carine, handicapée et muette suite à un grave accident, vit seule avec sa mère, avec qui elle communique peu. Elle n'a plus goût à rien. Jusqu'au jour où, depuis sa fenêtre de l'immeuble d'en face, un jeune homme va la regarder. Et faire renaître chez elle le désir. Et l'envie folle de vivre encore plus fort qu'avant. Un roman magnifique, poignant, sur la renaissance d'une femme meurtrie.
Tatiana de Rosnay
© Psychologies magazine.
RESPECT MAGAZINE www.respectmag.net
N° 9 - janvier/mars 2006
Secouez vos neurones
« Je suis devenue une corvée, une tâche ménagère, presque une espèce étrangère.» Sans sommation, Equinoxe nous plonge dans la conscience et le corps de Carine. Privée de ses jambes et de parole à la suite d'un accident de voiture, la jeune femme se reconstruit, rageusement, par le désir et la haine, la rancoeur et l'orgueil. De manière crue, incisive, souvent drôle, elle dit l'immense solitude, la perversité des regards, les humiliations ordinaires, le besoin de l'autre, l'envie de rire, de franchise, de lumière. Loin de tout discours conformiste, l'histoire d'une intense renaissance.
Réjane Ereau
© Respect Magazine
EPOK - l'hebdo de la Fnac
N°18 du 13 au 19 janvier 2006
Depuis sa fenêtre, Carine dévoile ses seins au voisin masturbateur. Clouée dans un fauteuil roulant à la suite d’un accident, c’est désormais par le désir, la transgression et le fantasme que la jeune femme cherche à se reconstruire.
Loin des discours conformistes et (ou) rassurants, Arnauld Pontier livre une histoire bouleversante en démontant le processus qui conduira son héroïne à l’équinoxe, ce moment d’équilibre entre le jour et la nuit. Et qu’importe si tout bascule à nouveau, après une année de haine, d’orgueil et de dégoût de soi, Carine a réappris à vivre.
© Epok.
FAIRE FACE https://www.apf.asso.fr/sinformer/faire_face/index.php
N° 639 - Février 2006
Homme de désir
Ecrit à la première personne du singulier, le roman Equinoxe, d'Arnauld Pontier, narre la bouleversante histoire d'une jeune fille, Carine, qui, comme la chenille se transforme en papillon, mettra douze mois à reconnaître son désir puis à l'accepter. Victime d'un accident de voiture, Carine est paralysée « D 11-D 12 », en fauteuil roulant et muette. Elle vit avec sa mère qui, quotidiennement, lui demande si elle a besoin de quelque chose. « Comme si j'avais encore besoin de quelque chose. » A bien y réfléchir, elle aurait envie qu'un homme la prenne dans ses bras et lui fasse se souvenir qu'elle est une femme malgré son corps handicapé et silencieux. Au voisin d'en face, elle dévoilera, derrière sa fenêtre, sa poitrine, se caressant jusqu'à ce que ce dernier frappe à sa porte. A cet instant-là, peu importe son nom, « il est [son] Vendredi ». Celui par lequel l'extérieur surgit dans cet intérieur isolé du monde qu'est l'appartement. Celui qui impulsera la reconstruction de Carine.
A.M.
© Faire Face.
METRO
Jeudi 2 février 2006
Carine regarde depuis sa fenêtre passer les vivants, cloîtrée depuis l'accident qui l'a privée de l'usage de ses jambes et de la parole. Elle a peu de besoins, juste le désir qu'un homme la prenne dans ses bras et fasse revivre son corps meurtri. Ce roman très fort parle magnifiquement du désir qui libère.
Didier Pourquery
© Métro.
LE NOUVEL OBSERVATEUR http://permanent.nouvelobs.com/conseils/livres/obs/2153/tend2153_016.html
N° 2153 du 09 février 2006
Tendance
Ce fut sa plus belle cascade à cheval. Ce fut aussi sa dernière. Le 4 août 1994, sur le tournage d'un film pour lequel il venait d'effectuer un parfait cabré-retourné, Bernard Sachsé ne s'est pas relevé. Il avait 30 ans et il était devenu paraplégique. Formé par Mario Luraschi, grand ordonnateur des cavalcades cinématographiques, Sachsé avait piaffé pour Béjart, trotté pour Chéreau, galopé pour Tavernier, sauté des murs de feu et tutoyé la mort. Mais il aimait trop l'altitude des chevaux pour supporter de ne les approcher qu'en contre-plongée. Centaure sans jambes, il raconte aujourd'hui comment il est remonté à cheval, de quelle manière il a fait de son handicap un avantage, pourquoi son lusitanien l'a « tiré vers le haut », et à quel équilibre il est parvenu. Le témoignage de ce champion de dressage, qui a participé aux jeux Paralympiques d'Atlanta et de Sydney, porte un beau titre, celui d'un rêve réalisé : Sur mes quatre jambes (Ed. du Rocher).
Carine, elle aussi, est clouée dans un fauteuil roulant, après un accident de voiture. Elle vit seule entre une mère dépressive et Kafka, dont La Métamorphose lui tient lieu de viatique. C'est la jeune héroïne du quatrième roman d'Arnauld Pontier, Equinoxe. Rongée par le souvenir du père qu'elle adulait et l'impérieux désir qu'un homme la prenne dans ses bras, elle s'expose à la fenêtre, découvre ses seins et les offre au regard d'un voisin qui ne tarde pas à la rejoindre. Il est tatoueur. Il dessine un « grand dragon Yang », symbole du renouveau, sur le dos brisé de Carine. Il lui promet le septième ciel. Elle ne sent rien, mais veut y croire. Ici, le désir, le fantasme, la transgression sont plus forts que la fatalité. « L'art de vivre, écrit Arnauld Pontier, n'est que celui d'en éluder l'embarras. » Ce pourrait être la devise de Bernard Sachsé.
Il arrive que, dans la justesse, la légèreté et l'émotion contenue, le romancier rejoigne l'écuyer. C'est le cas ici.
Jérôme Garcin
© Le Nouvel Observateur.
LE VIF - L'EXPRESS http://www.levif.be
N° 10 du 10 au 16 mars 2006
Braises en chaise
Directeur des éditions Paris Musées, Arnauld Pontier puise sa force dans la fiction. Son héroïne, Carine, est paraplégique à la suite d’un accident tragique. Réfutant la léthargie, la jeune fille tente de raviver les soupirs du désir. Parviendra-t-elle à se reconstruire ? Sur ce thème difficile, l’auteur tisse un roman gracile et subtil.
Pourquoi la sexualité des handicapés est-elle si taboue ?
J’aime qu’un livre pose une question… L’ayant vécue, l’injustice m’insupporte. Qualifiés de différents, les handicapés sont condamnés à vivre dans le huis clos de leur chaise. La société préfère les cacher car ils nous renvoient l’image de ce qui pourrait nous arriver. Leur sexualité nous met mal à l’aise : on croit qu'être paralysé signifie être soumis. Or, la jouissance se trouve dans le cerveau. Sans amour charnel, on meurt.
De quoi Carine est-elle prisonnière ?
Muette et paralysée, elle est prisonnière de son être. Elle risque de rester enfermée dans la carcasse de la voiture et dans un passé dépassé. Contrairement au héro de Kafka, qui se métamorphose en quelqu’un d’autre, Carine demeure elle-même. Pour éviter de se suicider ou de rayer celle qu’elle était, elle doit toutefois se transformer. Tout est cassé chez cette ex-petite-fille-chérie, qui était à l’abri de tout. Elle doit couper les amarres avec le cordon ombilical, qui la relie à sa mère. C’est comme si la tragédie l’avait à nouveau enfantée.
Le papillon peut-il se libérer d’une telle chrysalide ?
Pour se dégager de son enveloppe, l’héroïne exhibe ses seins à son voisin. Ce geste courageux est une preuve de vitalité et d’appel au sexe. Symbole de vie, le sein dégage quelque chose de très intime. Etre femme, c’est redécouvrir le plaisir de la chair. Seul le regard de l’autre peut faire exister Carine. Enfant, j’ai manqué d’amour. Alors, j’écris pour crier « aimez-moi » et pour me construire les racines que je n’ai pas eues. Au lieu de reproduire la violence, l’écriture me permet de cracher ma rage de vivre !
Kerenn Elkaïm
SEMAINE MEDICALE http://www.medipress.be/Generic2/jsp/index.jsp
16 mars 2006
Carine est une jeune femme qui se retrouve complètement paralysée et muette après un grave accident. Elle observe le monde des vivants depuis le quatrième étage d’une maison en ville. Carine est soignée par sa mère, infirmière et exaspérante. Ne pas pouvoir exprimer par des mots sa colère ou sa nervosité et une expérience éprouvante. Alors que sa mère lui demande sans cesse « si elle n’a besoin de rien », Carine n’a qu’un désir : un homme, même si son corps est devenu insensible.
Lorsque sa mère est partie travailler à l’hôpital, Carine entame une conversation muette avec le voisin d’en face, qui l’observe chaque jour. Petit à petit, une histoire érotique hésitante s’installe entre eux. Ce jeu est-il réel ou le simple fruit de l’imagination de Carine ?
Equinoxe est un récit lyrique comportant quelques scènes brutes et dures. Pontier pose des questions difficiles, touchant à des tabous : les personnes handicapées n’ont-elle donc pas le droit d’avoir une vie sexuelle ? Quels sont leurs besoins et est-ce à nous d’en juger ? Ce roman pourfend des stéréotypes.
Kathy Mathys
© Semaine médicale
Prisonnière d’un corps qui n’existe presque plus, la pensée tourne à plein régime et hurle sa violence et son besoin d’homme.
Une jeune femme à la fenêtre, prisonnière d’un corps qui ne lui appartient plus. Un accident lui a coupé les jambes et la parole. Alors au fil des mois, elle guette, à cette fenêtre, les saisons qui n’y changent rien, et la vie qui s’écoule, sans savoir. Elle, elle ne peut que laisser son esprit s’envoler comme une bouteille à la mer, ou crever de ce besoin d’homme. Un homme qui jouirait de ce corps inerte, qui en jouerait, qui ferait du ring de la douleur le lieu de son plaisir. Assise dans ce fauteuil, elle n’est que haine, souffrance, refus. Cet homme que la fenêtre lui offre, elle l’accueille comme le sauveur, celui qui en fera la femme qu’elle n’a pas eu le temps de devenir, celui qui l’arrachera à l’insupportable compassion d’une mère courage brisée par la culpabilité. Un an à la fenêtre pour vivre cette histoire d’amour impossible, pour se faire tatouer sur le corps l’histoire de son destin, pour vivre une vie ou une autre, n’importe laquelle, puisque la vraie s’est perdue dans une carcasse de voiture.
Arnaud Pontier suit pas à pas les étapes de ce deuil impossible, celui d’un corps qui n’est plus qu’un lieu de soin et qui appelle le sexe comme un espace de liberté, d’individualité, de vie, une armure contre la mort lente. Le texte est violent, fort, dur, à la mesure de cet insupportable manque à la vie, de cette exacerbation du désir qui devient la priorité absolue pour se prouver qu’on est encore vivant.
Equinoxe ravage comme une tempête, exhibe une sexualité interdite qui renverse, ébranle, et brandit forcément le spectre terrifiant de notre fragilité.
© A Voir A Lire
Critique également reprise sur TEVA http://teva.m6.fr/content/lemag/livres et
VIVELECINEMA.FR http://www.vivelecinema.fr/article.php3?id_article=7977
LE SANS TITRE N° 1 - mars 2006
[...] La découverte de cet univers du handicap est dérangeant, déprimant même pour certaines lectrices.
Cependant, ce livre a été très apprécié et il apporte un nouveau regard sur la différence.
© Le Sans Titre
ATMOSPHERES
http://www.viapresse.com/via2005/pages-new/catalogue_detail.asp?context=abo&titre=41
Avril 2006
Utilement choquant
Depuis qu'un accident de voiture l'a clouée dans un fauteuil roulant, Carine a le sentiment de n'être plus qu'un objet de moquerie ou de pitié, infantilisé par sa mère, seul lien avec l'extérieur. Jusqu’au jour où, dans le bâtiment d’en face, un inconnu attire son regard et réveille son désir de redevenir une femme, de retrouver le plaisir et, qui sait, l’amour. […] Ce roman prend le parti d’être dérangeant, voir choquant.
© Atmosphères
LA VIE PROTESTANTE http://www.vpne.ch/vp/185/pages/livres.php?page=2
N° 185 – juin 2006
Une vie ? Quelle vie ?
Equinoxe est et reste un roman. Cependant pas tout à fait comme les autres en ce sens qu’il a réclamé de son auteur, avant rédaction, un travail de recherche, d’écoute, d’approfondissement et d’entrée dans une peau, une condition que ne sont pas les siennes. Cette nouvelle identité, c’est celle d’une jeune femme devenue paraplégique et muette après un accident de voiture causé par sa mère, et qui a de surcroît tué son père. Voilà pour un « décor » qui exigeait, de par sa gravité, une écriture appropriée.
Quels rêves, quelles projections vers l’avenir demeurent plausibles lorsque l’organisme, garant de liberté d’action, a lâché, quand la mobilité, brusquement et irréversiblement brisée, s’efface devant la dépendance, la hiérarchie dans les rapports ? Arnauld Pontier fournit une réponse à ces interrogations qui n’épargne pas le moindre détail, qui ne fait grâce d’aucune colère, révolte contre l’absurdité d’un destin estampillé d’une furieuse cruauté. Ses mots sont parfois durs, cyniques, en résonance avec la réalité teintée de vertige de son « héroïne ». Laquelle « hurle » malgré le mutisme qui la frappe, une soif inextinguible de se sentir exister tant sentimentalement que physiquement.
Son besoin de sensualité, de tirer de son corps à moitié absent des preuves charnelles d’un sens qui perdure, son aspiration à désirer autant qu’à être désirée et/ou désirable s’expriment avec une violence d’autant plus crue que la parole est refoulée.
Ce livre raconte la sanction d’un trait tiré définitivement sur une vie « normale », le risque de sombrer sous le poids du silence contraint, celui de perdre la raison quand la culpabilité devient insupportable. Et puis, au gré d’une lumière perçant soudain des ténèbres opaques, il dit l’humanité, la légèreté, l’essentiel où et quand on les attend le moins. Et aussi l’urgence, l’impérieuse nécessité de jouir de l’instant présent, de savoir dire « oui »... Un ouvrage très fort !
Laurent Borel
© La Vie Protestante
LA LIBRE BELGIQUE
http://lalibre.be/index.php?view=article&id=5&subid=103&art_id=295729
7 juillet 2006
De la nuit au jour
Le désir de vivre comme tout le monde en n'étant comme personne
Il ne s'agit pas d'un roman tout récent puisque paru en janvier dernier. Et tout étant affaire de perspective, dans l'optique des libraires, cela fait déjà un vieux livre, balayé par des nouveautés plus immédiates. Or, Equinoxe d'Arnauld Pontier est un livre hors mode, hors classement et presque hors genre. On pourrait le prendre pour un récit tant il se coule dans une vérité mal connue qu'il impose avec force et justesse. Ce n'est certes pas la première fois que l'on écrit sur le handicap du point de vue de celui qui le vit. En son temps, Patrick Segal l'a fait avec ses mots à lui, sa douleur personnelle et sa colère. Editeur depuis dix ans - au bout d'autres métiers et de multiples voyages -, écrivain depuis La Fête impériale paru en 2002, Arnauld Pontier ne parle pas en son nom, mais aborde le sujet par le biais de l'intériorité et de la subjectivité, dans une écriture qui allie l'audace à la rigueur.
Equinoxe est un roman sur le handicap qui mutile la vie en soi parce que la vie du corps et sur la vie qui s'acharne à être en dépit du handicap. Carine, une jeune femme d'une vingtaine d'années, ne peut plus marcher ni parler depuis l'accident de voiture qui a tué son père et dont on comprend qu'il est imputable à la mère, médecin - ou infirmière - dans un hôpital. Du haut de la fenêtre où la mène son fauteuil roulant, le meilleur dont l'achat interdit toute dépense superflue, elle regarde la bonne santé des autres et est plus particulièrement attirée par son voisin d'en face auquel lui vient un jour le désir de dévoiler ses seins. A partir de ce geste provocant, s'instaure entre eux une relation muette et vaguement érotique, jusqu'au jour où il s'en vient sonner à sa porte.
Espoir
En la considérant sans apitoiement, il la rend peu à peu à elle- même. Non pas à son corps d'avant qui n'existe plus. Non pas à la rage qui la ronge et qu'elle ne peut exprimer. Non pas au mépris dans lequel elle tient sa mère dont elle ne supporte ni la sollicitude, ni la culpabilité, ni les angoisses. «Mon rêve serait de vivre comme tout le monde en n'étant comme personne», dit-elle. Mêlant à l'attention qu'il lui porte de l'insolence, de l'audace et de l'humour, le jeune garçon la restaure dans sa dignité et dans ses désirs de chair d'autant plus violent que le corps est blessé. Elle y retrouve un espoir qu'elle lutte de tous ses rêves pour entretenir en elle, sans dévoiler une conclusion que, peut-être, on n'attendait pas.
On ne peut clore cette saison qui, déjà, disparaît sous la suivante sans évoquer ce livre troublant qui dérange le conformisme des idées que l'on se fait sur la vérité des handicapés, mais qui, surtout, pose un regard ouvert et cru sur la réalité de leurs désirs. Le livre regarde et bouscule. Une jeune femme détruite cherche à se reconstruire à travers son opposition à la volonté d'autrui, à travers son refus des interdits et par-delà ses fantasmes. L'équinoxe est ce moment de l'année où le temps du jour est égal à celui de la nuit. Celui du basculement de l'ombre au jour. A moins que l'inverse.
Monique Verdussen
© La Libre Belgique 2006
LA TRIBUNE - LE PROGRES
3 août 2006
Equinoxe, un livre militant
Le dernier roman d'Arnauld Pontier, Equinoxe, publié chez Actes Sud, est un livre sensible qui touche à un sujet probablement jamais abordé de la sorte, le handicap traité à travers le prisme de la sexualité.
Son auteur confie : « C'est un livre militant. Après avoir lu ça, je suis persuadé que les bipèdes bien portants ne regarderont plus le handicapé qu'ils croiseront dans la rue de la même manière. »
L'histoire – dont la comédienne Patricia Léger a lu des extraits bouleversants mardi soir à Lapte – est la suivante : du haut de la fenêtre de son quatrième étage, Carine regarde les gens passer, traverser ce monde des vivants dont elle est exclue depuis l'accident qui l'a privée de l’usage de ses jambes et de la parole. Elle habite seule avec sa mère, toute de servilité et de culpabilité, qui lui demande quotidiennement si elle a besoin de quelque chose. Mais Carine n’a plus besoin de rien. Ce qui la ronge tout entière, c’est le désir, l’envie qu’un homme la prenne dans ses bras et lui rappelle tendrement, sauvagement, ardemment, qu’elle est une femme de chair vivante même si son corps est condamné à l’inertie et au silence. La relation qui s’ébauche, à distance d’abord, avec l’homme d’en face provoque l’irruption du dehors et de l’autre dans le monde clos de l’appartement.
Equinoxe est la poignante histoire d’un individu qui tente de se reconstruire par la transgression, par le fantasme, par la reconnaissance et la revendication progressives de ses besoins vitaux, de son droit inaliénable à l’espoir.
Bien loin de tout discours conformiste ou rassurant, il y a là un fort beau livre sur le handicap et la vie, sur l’orgueil et le dégoût de soi, sur l’imaginaire et la réappropriation du réel, sur le désir qui mutile ou libère, dont le lecteur ne sort pas indemne.
Fabienne Mercier
© La Tribune-Le Progrès
LIEN SOCIAL http://www.lien-social.com/spip.php?article1969&id_groupe=8
N° 851 - 6 septembre 2007
Egrené en douze chapitres, au rythme des douze mois de l’année, le récit de Carine devient pathétique dans ses quinze dernières lignes. Plein de rage et plein de vie, ce roman à l’écriture parfois un peu crue hurle à la face du monde ce que tant de personnes réduites par le handicap ne peuvent exprimer. À lire non pour ressentir de la pitié, mais pour prendre conscience de ce que, trop longtemps, on a ignoré.
Jacques Trémintin
© Lien Social
FRANCE INTER
L'INSTANT BLEU du 19 janvier de 22 h 10 à 23 h
Une émission de Thierry Dugeon
RNT
ACTUALITE DE CELINE les 29 janvier et 12 février 2006
http://radionouveauxtalents.typepad.com/my_weblog_rnt/
RCF Jura
AU FIL DES PAGES des 29 et 30 juin 2006
Une émission produite par Christel Visée
LIVRES HEBDO
25 février 2005 - N° 590
NOTRE PERE DES TRANCHEES
Un roman-parabole énigmatique, où Arnauld Pontier revisite la guerre de 14, dans sa boue et son horreur quotidienne.
Responsable éditorial depuis plus de dix ans de Paris-musées, Arnauld Pontier est un écrivain singulier qui a su jusqu'à présent, de roman en roman (Le Cimetière des anges étant son troisième), surprendre le lecteur par la diversité de son inspiration. La Fête impériale (Actes Sud, 2002), se voulait une fresque d'éducation libertine dans le Paris du second Empire, La Treizième cible (Actes Sud, 2003), livre très noir, contait le massacre d'une enfance dans la tourmente de la décolonisation, en Indochine et en Algérie. Le Cimetière des anges, s'il se situe également dans l'histoire (en l'occurrence vers la fin de la Première Guerre mondiale, dans les tranchées), se présente plutôt comme une parabole complexe, centrée sur un personnage, finement baptisé Adam, dont on ignore s'il est ange ou démon. Même un prêtre y perd son latin
Adam, donc, est un soldat retrouvé blessé, amnésique et nu, dans une tranchée, par le père Faillard, et recueilli par lui dans sa maison que tient une jeune fille, Agnès. Elle s'occupe du blessé, et tombe bien vite amoureuse de lui. Mais quels liens l'unissaient auparavant au prêtre ? Que faisait Adam avant de perdre la mémoire : n'était-il pas prêtre lui-même ? Et que vient faire dans cette histoire Hugo, un autre soldat blessé, qui ressemble trait pour trait à Adam ? Les paroissiens chuchotent et complotent. Adam retourne au front, où il se fait remarquer par son courage à secourir ses frères d'armes touchés, à les ressusciter, disent les uns, qui le surnomment 'Notre-Père des tranchées'. A prendre leur âme et à les damner, disent les autres. Ange ou démon, Adam ? Nul ne le saura jamais, tant Arnauld Pontier met de soin à noyer son roman dans une atmosphère de mystère mystique, dans des vapeurs d'encens - ou de soufre, c'est selon. 'A Dieu. Qu'il aille au diable', est-il écrit en épigraphe. Adam aurait pu signer ces mots.
Arnauld Pontier, lui, signe un roman ambitieux, servi par une écriture exigeante, moins aisé à aborder que ses précédents, mais tout aussi intéressant.
Jean-Claude Perrier.
© Livres Hebdo. DR.
LIRE www.lire.fr
Avril 2005 - N° 334
Un roman incisif au service d'un débat sur la foi entre un prêtre et l'inconnu recueilli sur le front.
Si vous sauvez un homme, sauvez-vous pour autant une âme, et vous appartient-elle ? Au Cimetière des anges, le chiendent de l'orgueil et de la possession pousse, dru, entre les tombes. Voici l'abbé Faillard, natif du Languedoc ; c'est un cœur tourmenté, qui a choisi l'ascèse, le dénuement, l'abnégation ; dans sa cellule, point de feu pour se chauffer : on lui a enseigné que la joie commence aux privations. Loin de sa lumière du Sud, perdu dans la boucherie de 14-18, entre décombres et ruines, il recueille au bord d'une tranchée de boue et de sang mêlés un inconnu, dénudé, grelottant. Ce jeune homme sans mémoire sait, tout de même, le latin et les prières. Plutôt que de le confier à l'hôpital militaire de fortune où s'entassent corps francs et fantassins, l'abbé garde auprès de lui le survivant et le baptise Adam, comme s'il s'agissait là du premier homme ; et qu'à partir de lui, peut-être, renaîtra enfin l'innocence originelle, loin du désordre et du chaos des massacres. Dans cette attente, couvert par l'écho sur le front proche d'une batterie de 420, le dialogue du prêtre et du moribond s'installe, conduisant ces deux hommes d'abord l'un vers l'autre, puis, ensemble, vers une lumière à double visage: celui d'Agnès, la servante aux chrysanthèmes, et celui d'Hugo, jeune soldat, sosie d'Adam, dont elle s'éprend.
Le chemin sera long, difficile, exigeant. Vers quelle félicité ? De la guerre ou de Dieu, qui sera, au final, le vainqueur ? La question de l'espérance, de la peur devant l'Éternel et son silence, de la foi mise à mal par les conflits politiques, sociaux ou intérieurs, de la déchéance embrase peu le monde du roman depuis Julien Green, Graham Greene ou Georges Bernanos. Il est beau qu'un écrivain d'aujourd'hui s'interroge, dans un envoûtant livre de mystère, d'une gravité ardente, sur notre prétendu libre arbitre, notre soif jamais étanchée de pureté, nos faiblesses d'égoïsme, notre refus de la réflexion au profit de la désinvolture et de l'insouciance quotidiennes. Arnauld Pontier, remarqué pour sa Treizième cible (Actes Sud, 2003), qui lui a valu le prix Marguerite-Yourcenar, n'écrit pas, comme celle-ci, dans un marbre intimidant. Son style ne craint pas les images violentes et baroques, précises, dérangeantes pour rappeler, comme l'a noté le patriarche Job dans son Livre, que « la vie n'est qu'un souffle ». Mais que ce souffle est tout, et qu'il ne faut pas se tromper dans son orientation.
Michel Grisolia
LE SPECTACLE DU MONDE
Avril 2005 - N° 511
LA GRANDE GUERRE -- Au-delà du bien et du mal.
Tout à la fois histoire d'amour et de mort, parabole sur la place des hommes au regard de Dieu, Le Cimetière des anges, troisième roman d'Arnauld Pontier, saisit par son étrangeté et sa poésie.
« Autour de lui, tout n'était que décombres, déblais, ruines noircies et tuméfiées [...] La brume était comme un rideau qui l'aveuglait et semblait faire bouillir sa peau [...] Il crut deviner l'éclair d'un plumage sailli de ses épaules, comme si un gigantesque oiseau blanc, brusquement, se fut posé sur lui et aussitôt en allé. » Pour ce troisième roman, Arnauld Pontier a plongé son intrigue dans les soubresauts tragiques et terrifiants de la guerre de 14-18. Son premier livre, La Fête impériale (Actes Sud, 2002), explorait la découverte de l’amour et du plaisir par un jeune provincial sous le second Empire ; son deuxième titre, La Treizième cible (Actes Sud, 2003), roman plus violent, plus personnel, déroulait, sur fond de guerre d’Algérie les conséquences de la vie d’un enfant marqué par la haine et l’indifférence de ses proches. Dans Le Cimetière des anges, nous sommes au cœur des tranchées jonchées de cadavres, au cœur d’un combat entre le bien et le mal. Entre Dieu et Satan.
Le père Faillard, prêtre tourmenté et profondément humain, vient de secourir un homme. Il l’a trouvé nu, miraculeusement indemne, au fond du lit d’un torrent, et l’a ramené chez lui. Le soldat a perdu la mémoire et le prêtre le baptise Adam « comme le premier des hommes ». Agnès, une jeune fille que le prêtre a, elle aussi, sauvée des décombres d’une maison, tombe amoureuse de l’inconnu.
Ce roman, d’une poésie brutale, aurait pu n’être qu’une simple réflexion sur les horreurs de la guerre, sur l’amour et la rédemption dans l’oubli. Pontier a préféré s’interroger sur le doute qui taraude les croyants, sur l’étrange dureté et l’intransigeance enfouies au cœur du christianisme. Il a pensé à ces poilus, catholiques pratiquants pour la plupart, que leur foi en Dieu soutenait, mais qui la perdirent après Verdun. Il a creusé cette notion du bien et du mal, entités inséparables, enchevêtrées, qui n’existeraient pas l’une sans l’autre. Ainsi, qui est donc Adam, cet être étrange devenu brancardier après sa convalescence et qui semble ressusciter les soldats morts au combat ? Oui, qui est-il, cet amnésique que les vivants ont surnommé « Notre Père des tranchées » tant ils se sentent invincibles à ses côtés ? Est-il l’ange déchu se prenant pour Dieu, commettant dès lors le plus grands des péchés ? Et qui est donc Hugo, son sosie qu’il a sorti des griffes de la mort et qui monte au combat, tel Gabriel, l’archange victorieux, sans se soucier des hommes qui tombent autour de lui ? La guerre est une scène de théâtre sur laquelle Dieu et Satan s’affrontent, un temps durant lequel les créatures se font l’égal de leur Créateur. L’abbé Faillard, en relevant Adam et Agnès, ne s’est-il pas fourvoyé également ?
Roman humaniste et mystique, porté par une écriture belle et exigeante, Le Cimetière des anges se refuse à considérer l’humanité responsable de sa chute car le choix ne lui en a pas été donné. Et il est une chose susceptible de libérer l’homme de sa culpabilité et de sa soumission : être le garant de la vie de son prochain.
Raphaële Gaux.
© Le Spectacle du Monde. DR.
Pour l'acheter sur le Net, s'il n'est plus en kiosques ou maisons de la presse : http://www.info-presse.fr/fiches/spectacle-monde_1994_gp.htm
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Avril 2005
Pères et fils, sur la terre comme au ciel...
Après un âpre bildungsroman en négatif, où la déliquescence d’un colonialisme moribond, entre Indochine et Algérie, épouse à la perfection la haine éprouvée pour le père, sentiment sur lequel se bâtit l'identité du narrateur, Arnauld Pontier signe un roman qui se joue à nouveau sur fond belliciste : le conflit guerrier, comme toute crise collective, permet de lever plus aisément le voile sur des cataclysmes intimes, les favorise aussi, autorisant rapprochements et mises en parallèle entre macrocosme et microcosme. Nul hasard si l'auteur s'est emparé ici de la Grande Guerre (comme l'a fait récemment Philippe Claudel), en s’en servant non dans une perspective historique objective mais comme révélateur de destins et d’excès individuels ; aussi, au premier abord, l'historicité du roman peut ne pas apparaître aussi essentielle que l'on pourrait le croire : on imagine presque le récit se déroulant près d'un front anonyme – il en resterait inchangé et conserverait toute son intense essence.
C'est ainsi l’atmosphère eschatologique inhérente à toute guerre – suite d’événements contre nature, propices à toutes les dérives humaines, et, comme ici, spirituelles – qui autorise l'auteur à relater la tourmente spirituelle d'un personnage, le père Faillard, écartelé entre une foi frisant le pathologique et un doute corrosif (mais il est fréquent que le second soit intrinsèque à la première). Le petit village où il vit, proche du front, a été évacué quelque temps auparavant, et abrite maintenant moins d'une dizaine d'habitants : la jeune Agnès, que le curé élève comme sa fille après l’avoir recueillie dans les ruines d'une maison, deux vieilles bigotes, un garde-chasse, un ancien « de la coloniale » (tiens...) et Albert, un jeune garçon dont les parents boulangers ont péri sous les décombres de leur fournil, après un tir d'obus ; ce dernier incarne la désespérance de tous les orphelins, tandis qu'il prend soin, sans relâche, de la tombe de ses parents : « Il pense au vide, sous la dalle. À ceux qui ne sont plus que des os, dans leur fournil, là-bas, auxquels s'accrochent encore une poignée de cheveux, un lambeau de chair rongée, une pelletée de farine rance. »
Un jour, le prêtre découvre parmi des cadavres encore frais un homme inconscient que les tirs ont épargné ; il ramène au presbytère le corps nu, intact. Un miraculé, au propre comme au figuré, au visage «d’archange», dépourvu d'identité et de souvenirs, un être vierge baptisé Adam par le curé démiurge (n'en déplaise à son dieu…) dès que l'homme se met à lui répondre en latin, voyant là la preuve indiscutable de l'existence divine : « l'homme se souvenait des répliques des catéchumènes. [...] C’était comme une musique glorieuse. Une céleste litanie. La preuve que l'horloge ne tourne pas sans horloger. » La présence d’Adam le rassure sur sa foi en perdition. Mais c'est un autre trouble que l'inconnu, tel un morceau d'argile malléable à souhait, fait naître dans le jeune coeur d’Agnès ; la jeune fille se sent prête pour l'amour « comme dans les contes », la révélation est soudaine : « au premier coup d'oeil, elle avait su qu'il était sien, que c'était lui qu'elle attendait dans ses rêves de jeune fille. […] Lui, le premier homme. »
Le prêtre fabrique un homme nouveau et, endossant allègrement le rôle d’un Docteur Frankenstein versé dans le savoir théologique, pense ainsi atteindre une foi qui lui a toujours été refusée, alors qu'au nom de ce même dieu il subissait sans relâche mauvais traitements et brimades, se soumettait à la parole des hommes d'église de son enfance et de sa jeunesse ; Faillard n’en est pas à son coup d’essai, et il se souvient avoir recueilli Agnès, en des termes qui rappellent le sauvetage d’Adam : « Il l’avait ramassée, orpheline, dans les décombres d’une maison, évanouie, miraculeusement intacte. […] C’était comme si elle venait de naître. » Paradoxalement, il croit sincèrement que le vacillement de sa foi est engendré par un indéfectible péché d’orgueil, que les châtiments infligés n’ont pu étouffer : « la marque des coups reçus brûlait encore dans sa mémoire comme autant de sillons inféconds – tremblements inertes de la chair meurtrie qui n'avait rien appris à être battue. [...] Jamais il n'avait atteint à la béatitude. » Dans son aveuglement (sa croyance en une fable divine qui, en définitive, ne vaut peut-être pas mieux que les rêves naïfs de sa protégée et ses tentatives pour lui aussi « accoucher » des âmes et des corps), il n'a pas conscience que son refus incarne l'éternelle fable de l’insoumission filiale, le désir pulsionnel de s’opposer puis de supplanter le père biologique ou symbolique, homme, dieu ou homme de dieu, dominateur omnipotent. La thématique oedipienne, quoique latente, imprègne le récit à plusieurs niveaux et s'inscrit en composante du doute qui s'empare de l'esprit quand les modèles s'effritent, quand la divinité semble avoir abandonné les humains qui périssent par milliers, dans la grande boucherie qui se déroule non loin du village.
On retrouve donc dans ce roman, de manière voilée, les motivations du jeune narrateur de La treizième cible, dont le but ultime était de détrôner un géniteur haïssable, voleur d’enfance, un père créateur abusant de sa créature, faisant dire à son fils : « je me disais que l'enfance, sans doute, devait servir à cela : de terrain de jeux pour les adultes. De dépotoir pour toutes leurs faiblesses et leurs incohérences. » Un dépotoir qui s'apparente, par analogie, au grand charnier des tranchées du Cimetière des anges… Ce parallélisme circule en profondeur et sous-tend les deux romans, mais Le cimetière des anges, même s’il prolonge La treizième cible, n'est pas une redite et propose une interprétation plus onirique que psychiquement réaliste : parabole d'une dualité qui sépare irrémédiablement les hommes de leurs dieux, les enfants voulant s’affranchir de leurs pères… De la théologie à la psychanalyse, il n’y a qu'un pas.
Le mythe se répète lorsque Adam échappe à Faillard, prend sa place en allant porter secours, à son tour, à un blessé, son double, un frère soldat en danger qu’il a vu en songe ; angélique ou démoniaque, l’essence d’Adam paraît indéfinissable, et la question taraude le curé, et le lecteur ; car quand bien même l'inconnu aurait effacé de sa mémoire ses crimes passés, il les a cependant commis, comme tout homme appelé à devenir guerrier, et les actes si peu naturels qu’il accomplit plus tard dans les tranchées renversent l’ordre des choses.
Chaque scène, jusqu'au combat final (fantasmagorique et manichéen, se détournant de toute réalité référentielle), chaque combinatoire de mots, convoque à l'esprit l'idée d'une succession de précieuses révélations, d'intenses épiphanies littéraires, admirablement construites : l'écriture élégante et précise, empreinte d'une poésie obscure (relayée par l'attention particulière portée aux ombres et aux lueurs, habilement métaphoriques), complexe parfois, confère son épaisseur textuelle à un récit que l’auteur pousse lentement vers le fantastique, sans pour autant qu'on s'en étonne, le parsemant dès le début d’événements presque surnaturels – ne serait-ce qu’à travers la référence explicite aux anges, créatures fictives, purs esprits sans sexe défini, nés du fantasme humain, mais qui parfois trébuchent et chutent…
L'ambiguïté persiste, entre doute et foi, réalité et fiction, fantasme et raison, bien et mal… et les esprits rationalistes (ceux qui n’accordent foi qu’au doute… scientifique) ne pourront se satisfaire d’un dénouement où la transcendance spirituelle l'emporte, d'une certaine façon, sur l’immanence temporelle ; il est vrai que le roman est dédié à Dieu – mais dans des termes qui nous laissent douter, justement : « A Dieu. Qu'il aille au diable. » Exergue devant se lire comme un défi lancé à l’instance supérieure (dont l’existence n’est donc pas niée) ou comme une tentative de l’auteur d’éradiquer le doute qui l’habite, en renversant les rôles et rapprochant les contraires ?
Blandine Longre
© Sitartmag.com
Pour lire mon interview à ce sujet : http://www.sitartmag.com/arnauldpontier2.htm
NOTES BIBLIOGRAPHIQUES www.uncbpt.com
L'HEBDO DES NOTES http://www.hebdodesnotes.com/analyse/analyse.php/analyse/788495/Le-cimetiere-des-anges
Avril 2005
1917 : dans un village pratiquement déserté, le curé charitable, ascète tourmenté, ramène des tranchées toutes proches un soldat nu, inconscient. Il le baptise Adam, le soigne au presbytère avec l’aide d’Agnès, une orpheline qu’il recueillit tout enfant et éleva tendrement et pieusement. Au premier regard, la jeune fille tombe amoureuse du soldat. Lorsque celui-ci reprend enfin conscience, devenu amnésique, il recherche douloureusement son identité. Suivent des événements étonnants, des rencontres étranges, dans un climat onirique. Devenu brancardier, Adam semble faire des miracles, mais représente-t-il le Bien ou le Mal ? Le prêtre s’interroge sur ses étranges pouvoirs. Le retour d’Adam à la conscience, ses contradictions, son trouble sont exprimés avec la justesse déjà remarquée dans La Treizième Cible. La description des horreurs et absurdités de la guerre est bouleversante.
Les questions métaphysiques, très concrètement posées à des êtres plongés dans des circonstances tragiques, prennent une acuité extrême qui incite le lecteur à décrypter ces pages subtiles dont la résonance est profonde.
© Notes Bibliographiques.DR
TELE 7 JOURS
Lundi 2 mai 2005 - Programmes du 7 au 13 mai 2005
ROMANS -- LE CHOIX D'OLIVIER BARROT
La Grande Guerre. L'abbé Faillard tombe sur un corps nu. Cet amnésique, il le baptise Adam, il le soigne. La jeune Agnès l'assiste et, peu à peu, s'éprend de l'inconnu. Qui, lui, se trouve un double exact en la personne de Hugo. Impressionnant roman de l'identité variable.
© Télé 7 jours. DR.
LE FIGARO MAGAZINE
28 mai 2005 - N° 528
Les enfants humiliés
Le prénom de l’auteur, le titre du livre et sa couverture sombre donnent au troisième roman d’Arnauld Pontier un je-ne-sais-quoi de janséniste. L’intrigue et les personnage renforcent cette impression générale que pas une page ne vient démentir jusqu’à la dernière. Curé de campagne à l’ancienne manière, le héros du Cimetière des anges a recueilli un moribond dans la boue et le sang d’une tranchée. La scène est en France, sous les orages d’acier de la Première Guerre mondiale. D’où vient ce miraculé ? C’est un homme à la mémoire trouée, avec qui tout s’est achevé et tout semble pouvoir recommencer. Il a tué pour ne pas être tué, il est temps maintenant de réapprendre à vivre.
Avec le baptême et le pardon de Dieu, l’abbé Faillard lui donne le nom d’Adam. Aux interrogations d’usage du missel romain, Adam répond avec une étonnante précision.
« L’homme se souvenait des répliques des catéchumènes. Il avait tout oublié mais pas cela. C’était comme une musique glorieuse. Une céleste litanie. La preuve que l’horloge ne tourne pas sans horloger. » Ensuite apparaît une touchante jeune fille, nouvelle Eve joliment dessinée par le romancier. Et des questions obsédantes sur le bien et le mal, le sens de la souffrance et de la peine des hommes. Tendrement, sans lenteur, Arnauld Pontier accorde un univers aux noirceurs bernanosiennes à une phrase au rythme claudélien. On dirait son livre écrit en noir et blanc.
Sébastien Lapaque
© Le Figaro Magazine.DR
LE COURRIER DE GENEVE
14 mai 2005
FRANCE Le dernier roman d’Arnauld Pontier revisite la place des hommes et de leur « Créateur »
DIEU A-T-IL CREE « LE CIMETIERE DES ANGES »
Perdu dans cette boucherie, le père Faillard, prêtre tourmenté et profondément humain, recueille au bord d’un fossé un inconnu. Dénudé et grelottant, le survivant n’a plus aucun souvenir. L’abbé décide de garder auprès de lui le jeune homme et le baptise Adam, avec l’espoir que renaisse enfin l’innocence originelle, loin du désordre et du chaos des massacres. Dans cette attente, le dialogue du prêtre et du moribond s’installe, conduisant ces deux hommes d’abord l’un vers l’autre, puis, ensemble, vers une lumière à double visage : celui d’Agnès, la servante aux chrysanthèmes, et celui d’Hugo, jeune soldat, sosie d’Adam, dont elle s’éprend.
ANGE OU DEMON
Ce roman, d’une poésie brutale, aurait pu n’être qu’une simple réflexion sur les horreurs de la guerre, sur l’amour et la rédemption dans l’oubli. Arnauld Pontier a préféré s’interroger sur le doute qui taraude les croyants, sur l’étrange dureté et l’intransigeance enfouies au cœur du christianisme. Il a creusé cette notion du bien et du mal, entités inséparables, enchevêtrées, qui n’existeraient pas l’une sans l’autre.
Ainsi, qui est donc Adam, cet être étrange devenu brancardier après sa convalescence et qui semble ressusciter les soldats morts au combat ? Oui, qui est-il cet amnésique que les vivants ont surnommé « Notre Père des tranchées » tant ils se sentent invincibles à ses côtés ? Ange ou démon ? Nul ne le saura jamais, tant l’auteur met de soin à noyer son roman dans une atmosphère mystique, dans des vapeurs d’encens – ou de soufre, c’est selon. La guerre devient alors une scène de théâtre sur laquelle Dieu et Satan s’affrontent, un temps durant lequel les créatures se font l’égal de leur « Créateur ».
A BOUT DE SOUFFLE
Arnauld Pontier, remarqué pour La Treizième Cible (Actes Sud 2003), qui lui a valu le Prix Marguerite Yourcenar, décline également la question de l’espérance, de la peur devant l’Eternel et son silence, de la foi mise à mal par les conflits politiques, sociaux ou intérieurs. Chaque scène, jusqu’au combat final – fantasmagorique et manichéen, se détournant de toute réalité référentielle –, convoque à l’esprit l’idée d’une succession de précieuses révélations, d’intenses épiphanies littéraires, admirablement construites. Arnauld Pontier pousse lentement son récit vers le fantastique, le parsemant dès le début d’événements presque surnaturels – ne serait-ce qu’à travers la référence explicite aux anges, « créatures fictives, purs esprits, sans sexe défini, nés du fantasme humain, mais qui parfois trébuchent et chutent ».
L’ambiguïté persiste entre doute et foi, réalité et fiction, fantasme et raison… Et les esprits rationalistes ne pourront se satisfaire d’un dénouement où la transcendance spirituelle l’emporte, d’une certaine façon, sur l’immanence temporelle. Il est vrai que le roman est dédié à Dieu, mais dans des termes qui laissent douter : « A Dieu. Qu’il aille au diable. » Alors, Le Cimetière des anges : exergue devant se lire comme un défi lancé à l’instance supérieure ou tentative de l’auteur d’éradiquer le doute qui l’habite, en renversant les rôles et rapprochant les contraires ?
Miguel Otero
© Le Courrier de Genève
LE MONDE www.lemonde.fr
Vendredi 1er juillet 2005
SOUS LE REGARD DE DIEU
Difficile de cerner Arnauld Pontier. En marge des textes qu'il destine aux plus jeunes, le responsable éditorial de Paris Musées a déjà signé deux romans, La Fête impériale, opus libertin joliment illustré (2002) et La Treizième Cible (2003), tableau d’une enfance sacrifiée par les jeux indignes des adultes. L’amour comme la haine ne suffisent plus à Pontier dont l’ambition se précise toujours plus. Ainsi, Le Cimetière des Anges n’est pas un énième roman sur la Grande Guerre, mais une plongée stupéfiante dans la partie de bras de fer que se livrent, dans l’horreur des tranchées, quand l’enfer « débord[e] sur la terre », Dieu et Diable.
Comme naguère la petite Agnès, orpheline recueillie « comme un petit chiot », le Père Faillard arrache à la mort un homme nu et amnésique qu’il baptise Adam. Ange ou démon, le rescapé dont Agnès s’éprend va rechercher et sauver un autre soldat, Hugo, qui lui ressemble trait pour trait. Dans un rougeoiement de fournaise – les forêts flambent et l’air sent le soufre –, le prêtre, vrillé depuis l’enfance par le doute, perd, plus encore que son latin, ses repères. Tempête dans les cœurs et les âmes, vertige de la damnation, face cachée du salut miraculeux, le propos joue du fantastique et du blasphème. Les grigris échouent à conjurer le sort, et le lecteur s’égare à décrypter cette fresque d’une force incandescente, dont la leçon se perd dans l’absurdité de la boucherie. Dieu et Satan aux abonnés absents, reste un cauchemar qui interdit le répit et une interrogation ouverte sur le libre arbitre. Et on s’inquiète. Que nous réservera le prochain Pontier ?
Philippe-Jean Catinchi
© Le Monde. DR.
Et aussi...
LA QUINZAINE LITTERAIRE
D'UNE QUINZAINE A L'AUTRE N° 894, du 16 au 28 février 2005
FRANCE 3
UN LIVRE UN JOUR N° 3303, du 18 avril 2005
Une émission d'Olivier Barrot et Sandrine Treiner
Une vidéo également reprise par :
GRAZIA.FR http://www.grazia.fr/keyword/pontier
4 OCTOBRE 2010
ASTELINE MAGAZINE
31 août 2006
http://www.asteline.be/magazine/index.php?2006/08/31/118-roman-le-cimetiere-des-anges
LA VOIX DE L’ORANIE http://www.voix-oranie.com
18 et 19 FEVRIER 2009 (n° 2827 et 2828)
BECHAR DANS LA LITTERATURE FRANCOPHONE
Pontier Arnaud, l’enfance meurtrie à Béchar
Arnauld Pontier passa une partie de son enfance à Béchar où ses parents exerçaient dans les années 1970 comme enseignants coopérants. Dans La treizième cible, Arnaud Pontier tente son autobiographie à peine romancée : « En 1955, à Colomb-Béchar, l’immensité du désert est comme un aimant. Les femmes en caftan brodé, les yeux peints de noir et de henné, dansent au milieu des attroupements et les dromadaires, de leur pas d’autruche, transportent des litières garnies de coussins ». François le héros du roman qui incarne l’auteur lui-même a 7 ans lorsqu’il quitte la France pour Saigon, avec sa sœur cadette et ses parents.
Il en a 13 quand ils s’installent à Colomb-Béchar. Le jeune garçon passe ainsi son enfance et son adolescence dans deux territoires du colonialisme français, qui vit ses premières inquiétudes. Arnauld Pontier affirme que son séjour d’enfant à Bechar ne fut pas une sinécure. Ils auraient été, selon son témoignage, victime d’actes de malveillance de la part des habitants de la ville et il en garda une profonde amertume.
En fait, il semble que les mauvais souvenirs qu’il associe à son séjour à Béchar avaient d’autres motifs, car le jeune enfant, héros de son livre, avait pour père un monsieur directeur d’école - mais également au service du Renseignement - alcoolique, qui bat sa femme et ses enfants, régulièrement admis à l’hôpital pour cause de «chute dans l’escalier. Quant à la mère, aucune âme ne semblait occuper ce corps affecté par ses manières et par ses poses. Jamais elle n’adressera une phrase ou un geste de consolation envers sa fille ou son fils.
François, en fait Arnauld Pontier, exècre donc son enfance. L’écrivain décrit de manière extrêmement lucide et froide les traumatismes de son enfance brisée, « du bonheur que l’on ne reconstruit pas quand il est mal assis sur la souffrance ». Pour se venger de tous ses malheurs d’enfant, le jeune garçon décide que nul ne pourra le chasser de l’Algérie et il prend goût à la vie en tuant des hommes, dans l’attente d’avoir un jour son père en ligne de mire. Mais le jugement sévère que porte Arnauld Pontier sur la ville de Béchar décrite comme une ville où il aurait existé un racisme anti-blanc est à relativiser.
Un intellectuel de Béchar, Hedli Khelifa témoigne : « J’ai le souvenir d’un professeur de français au nom de Pontier, qui m’a fait découvrir le théâtre et qui m’a surtout donné le plaisir de découvrir tous les classiques de l’époque et me réconcilier avec la langue française. C’était pour moi un artiste perdu dans le désert. J’en garde un très bon souvenir. Un des rares, si ce n’est le seul qui m’a fait adoré le français, la littérature et les classiques. Il était très porté sur la boisson et venait toujours bien éméché au lycée. Cela peut expliquer les rapports difficiles avec ses voisins. Humainement, c’était un gars merveilleux et un prof dont on se rappelle toute sa vie ».
Hani Abdelkader
L’EXPRESS www.lexpress.fr/express
14 août 2003
La Treizième Cible
Cécile Pivot
Chaque pays, chaque période de l’histoire porte ses mots, empreints de bonté, de sang ou de malédiction. Arnauld Pontier les marie avec la précision d’un orfèvre et la grâce d’un jongleur. En 1949, au Vietnam, les enfants de familles d’expatriés se baignent dans l’eau jaune du Dong Naï, découvrent les saveurs particulières des scarabées cuits ou du gecko étêté à la broche. En 1955, à Colomb-Béchar, en Algérie, l’immensité du désert est comme un aimant. Les femmes en caftan brodé, les yeux peints de noir et de henné, dansent au milieu des attroupements et les dromadaires, de leur pas d’autruche, transportent des litières garnies de coussins.
François a 7 ans lorsqu’il quitte la France pour Saigon, avec sa sœur cadette et ses parents. Il en a 13 quand ils s’installent à Colomb-Béchar. Le jeune garçon passe ainsi son enfance et son adolescence dans deux territoires du colonialisme français, qui vit ses premières inquiétudes. Le père, directeur d’école – mais également au service du Renseignement – alcoolique, bat sa femme et ses enfants, régulièrement admis à l’hôpital pour cause de « chute dans l’escalier ». Quant à la mère, « aucune âme ne semblait occuper ce corps affecté par ses manières et par ses poses ». Jamais elle n’adressera une phrase ou un geste de consolation envers sa fille ou son fils. François exècre son enfance. Gorgé de haine, il accumule de la force quand sa sœur dépérit.
L’écrivain décrit de manière extrêmement lucide et froide les traumatismes de l’enfance brisée, «du bonheur que l’on ne reconstruit pas quand il est mal assis sur la souffrance».
A contrario, les personnages secondaires montrent que Pontier est tout aussi doué pour parler des gens de qualité. Ainsi la merveilleuse et émouvante Yvonne, femme meurtrie jusqu’au plus profond d’elle, mais qui fait preuve d’une grande générosité envers les autres. Le jeune garçon décide que nul ne pourra le chasser de l’Algérie et il prend goût à la vie en tuant des hommes, dans l’attente d’avoir un jour son père en ligne de mire. Le lecteur admirera la fin, somptueuse et étonnante, treizième et ultime cible qui ne laisse aucune échappatoire.
© L’Express. DR.
Article également reproduit sur :
www.reims-web.com/litterature/livresalire.htm
LE NOUVEL OBSERVATEUR http://permanent.nouvelobs.com
Semaine du jeudi 10 juillet 2003 - n°2018
La haine
Le coup de cœur de Jérôme Garcin
Arnauld Pontier est apparu, l’été dernier, avec un premier roman brillant et libertin, La Fête impériale, une éducation sentimentale sous le Second Empire. En même temps que son jeune héros, d’origine limousine, le lecteur était initié aux rituels de l’aristocratie et aux nuits de débauche d’un Paris retracé par Haussmann au cordeau. Avec son deuxième roman, La Treizième Cible, Arnauld Pontier prouve non seulement qu’il a l’imagination voyageuse mais aussi que son talent est obstiné. Il passe, avec un naturel confondant, de l’avenue de l’Impératrice aux ruelles de Saigon et de Colomb-Béchar, dans les années 1950-1960. L’idée formidable de Pontier est de décrire les violents soubresauts de la décolonisation à travers l’histoire d’une famille massacrée par un tyran domestique.
Le père du narrateur, un fonctionnaire de l’Éducation nationale, était alcoolique. Quand il ne brisait pas les bouteilles de whisky sur la tête de sa femme ou ne lui transperçait pas la main avec un couteau de chasse, il fréquentait les bordels et les fumeries de Cholon. Mais son sport préféré était de taper sur son fils. D’abord en Indochine, ensuite en Algérie, le garçon expatrié grandit dans la haine du père. Mais aussi dans l’attente méthodique de la revanche armée qu’un jour, à l’âge mûr, il prendra enfin sur cet homme, symbole d’un empire à l’agonie. Car il avait brisé sa femme, condamné sa fille au mutisme et fait croire à son jeune fils que la vie était un enfer.
Après avoir si bien raconté, dans La Fête impériale, l’excitation d’entrer dans l’âge adulte, Arnauld Pontier décrit ici, avec la même méticulosité, l’horreur d’être privé à jamais des bonheurs de l’enfance. C’est peu dire que l’on attend son troisième roman.
© Le Nouvel Observateur. DR.
LIRE www.lire.fr
Juin 2003
L'enfant sans racines
Alexie Lorca
« Mon père fumait des kretek. C'est la première image qui revient à ma mémoire. » La première phrase du deuxième roman d'Arnauld Pontier résonne comme un écho à celle de son précédent ouvrage : « Ma mère refermait son livre... Cette image revient souvent à ma mémoire. » Deux livres en forme de diptyque mémoriel dont le premier volet parcourait les rouages de l'amour et du désir et dont le second explore ceux de la haine et de l'indifférence, sur la toile de fond sombre, très sombre de l'enfance.
Nous sommes à Saigon dans les années cinquante. François, le narrateur, et sa petite soeur vivent dans l'ombre menaçante de leur père, un directeur d'école alcoolique et violent. Leur mère, troisième cible des coups de pied et de poing de l'ivrogne, se réfugie sous un masque de dignité pathétique. Brandissant la distance comme un bouclier, elle s'avère aussi incapable de défendre ses enfants que de les prendre dans ses bras pour les consoler. La petite fille sombre peu à peu dans la prostration tandis que son frère prend appui sur la haine, l'humiliation et la souffrance pour se construire, convaincu que seule la vengeance donne un sens à la vie. Mais, comme l'insecte accepte les lentes gestations de ses mues, il faut accepter l'attente, « être comme l'eau, se laisser traverser sans heurt. Etre comme le feu, dépasser tout obstacle ». En écrasant le géniteur, la roue de l'Histoire va ouvrir au fils les portes de la riposte. Le jour de l'indépendance, la famille quitte l'Indochine. Direction Colomb-Béchar, en Algérie, où le père vient d'être nommé inspecteur de l'enseignement. L'enfant sans racines s'éprend violemment de cette terre qu'il élit comme sienne. Brassage de fonctionnaires, de commerçants et d'aventuriers, la société coloniale en pleine décadence de la fin des années cinquante devient alors le terreau idéal de l'ultime métamorphose.
Écrivain, on pressentait qu'Arnauld Pontier l'était en refermant son premier roman. Il le confirme de façon magistrale dans ce texte où il fait corps avec son sujet. La plume a la pureté esthétique et la précision d'une arme blanche. Elle ondule, cisèle, caresse et frappe avec une égale justesse. Aucun pathos pour dire cette relation mortifère de haine et d'attirance mêlées qui unit l'enfant au père. Attirance pour l'homme qu'il sent terrassé par une peur insoutenable, et haine pour le bourreau du corps et de l'âme. Mais si les plaies laissées par les coups cicatrisent, celles que creuse l'indifférence restent béantes. L'enfant grandit en comptant et en cultivant ses blessures. Elles deviennent les béquilles qui le mènent à l'âge d'homme, cet âge qui le « débarrassera de son enfance ». Mais, peut-on réellement se débarrasser de son enfance? « On ne reconstruit pas le bonheur; il est mal assis sur la souffrance... il était trop tard pour revenir sur ce gâchis », constate le narrateur. Dès lors, considérant toute rédemption impossible, il inscrit définitivement son destin dans la violence et la haine, uniques repères de l'ex-enfant et seuls moteurs de l'adulte en devenir.
© Lire. DR.
LE MONDE www.lemonde.fr
25 juillet 2003 (extrait)
La Treizième cible
Philippe-Jean Catinchi
On avait découvert Arnauld Pontier peintre d'un Paris libertin avec La Fête impériale (Actes Sud, 2002). On le retrouve sous d'autres cieux, plus exotiques, pour sa première incursion dans l'édition jeunesse […] comme pour son deuxième roman, dont l'action se situe aux dernières heures de l'empire colonial, en Indochine d'abord, puis en Algérie.
Plus qu'une toile de fond pour ce roman d'apprentissage d'une crudité aussi sèche que brutale, l'histoire des années 1950 livre l'écho extérieur d'un drame intime – celui d'un enfant dont le mépris pour un père alcoolique et violent construit l'identité avec une impitoyable lucidité – dont l'instinct de vie passe par la haine, pulsion de mort et élan des sens conjugués. Du monde délétère des coloniaux à la promesse diffuse d'une nature ici exubérante et là tranchante, le narrateur découvre que l'enfance sert parfois « de terrain de jeux pour les adultes – de dépotoir pour toutes leurs faiblesses et leurs incohérences ».
© Le Monde. DR.
LIBERATION www.liberation.fr
22 mai 2003
Philippe Lançon
Un fils raconte son père, fonctionnaire colonial français, alcoolique sous les tropiques, alcoolique jusqu’au suicide. Dans ce second roman, Arnauld Pontier restitue les odeurs, les saveurs, les objets, ces détails qui forgent l’univers de l’enfant et, malgré tout, enchantent son enfer. Le fils n’oublie rien, aiguisant son mépris, sa haine, sa pitié, et prolongeant dans l’action politique meurtrière, en Algérie, les instincts et la mort que son géniteur lui à légués.
© Libération. DR.
aVOIR-aLIRE www.avoir-alire.com
mercredi 20 août 2003
Débâcle
Anatomie du crime. Arnauld Pontier pose sa loupe sur la haine en formation.
Quand donner la mort permet de rester en vie.
Catherine Le Ferrand
Roman initiatique, La treizième cible s'offre en deux volets, deux époques dans la biographie du narrateur, deux lieux dans lesquels va s'accomplir le cheminement qui va le mener de la haine à la vengeance. C'est l'histoire d'un enfant sans amour dans l'Indochine coloniale, battu par un père alcoolique, rejeté par une mère incapable de sentiments. Une petite sœur se réfugie dans la bulle silencieuse de la psychose, le narrateur, lui, choisit la haine pour répondre à la haine, pour remplacer l'amour qu'on lui refuse.
Quelques éclairs de bonheur laissent entrevoir une vie qui ne sera jamais la sienne. « Le manque d'amour est impuissant à consoler. » Diên Biên Phu marque le départ de Saigon et la fin de l'enfance. La violence larvée du traumatisme se trouve un but dans la lutte pour l'Algérie française. L'ennemi a un visage, la vengeance se caresse à travers l'acier glacé d'une arme, la vie prend sens en donnant la mort.
Arnauld Pontier choisit la simplicité de l'écriture pour dire l'indicible d'une vie de décombres. Les guerres coloniales donnent une justification à la violence, un idéal au déferlement de la barbarie. Les destins individuels se confondent avec l'Histoire, dérisoires et absurdes, quand l'ennemi paie pour la blessure d'une enfance brisée. Ces guerres n'ont ni vainqueurs ni vaincus. Elles donnent à peine une illusion de survie à ceux qui sont déjà morts.
© aVoir-aLire.com.
ARTICLE REPRODUIT EGALEMENT SUR M6.fr www.m6.fr
BIBLIOTECA www.biblioteca.fr
Magazine n° 85 – juin 2003
Avec pour toile de fond les soubresauts de la décolonisation au Viêt-Nam puis en Algérie, ce roman d’apprentissage raconte une histoire individuelle et familiale marquée par la brutalité, la souffrance et l’aliénation – ou comment la haine et la violence autodestructrices d’un enfant mal aimé peuvent peu à peu faire de lui un sauvageon, un être solitaire et assoiffé de vengeance et finalement un assassin.
© Bibliotheca. DR.
LA MARSEILLAISE www.lamarseillaise.fr/index2.htm
Dimanche 3 août 2003
Règlements de compte
Claudine Galéa
Un jeune garçon élevé à la cravache sous deux régimes colonialistes devient un meurtrier. Implacablement écrit par Arnauld Pontier, La Treizième Cible fait froid dans le dos.
L’enfance du narrateur, François, est baignée par deux guerres coloniales, le VietNam puis l’Algérie, où son père est successivement nommé, chargé de « renseignement » sous couvert d’enseignement.
Dans la moiteur de Saigon puis les sables de Colomb-Béchar à la frontière marocaine, le gosse fait ses armes, implacables, cruelles, dans une autre guerre, intestine, familiale, sans répit, qui l’oppose à son père. Alcoolique, ce dernier frappe, blesse, humilie. Le fils, la sœur, la mère y passent, réduits à l’obéissance, abîmés de douleur.
Arnauld Pontier – dont c’est le deuxième roman – fait ici un réquisitoire impitoyable contre la tyrannie. Domestique, elle n’est que le reflet d’une autre, sûre de son fait et de ses avantages (en nature comme en monnaie sonnante et trébuchante, en trafics divers, protégés par la loi), impunie, et se croyant indélogeable. « Nous sommes là depuis vingt-cinq ans et nous sommes un million », riposte le père, tandis que « les événements » déstabilisent l’Algérie.
Bientôt, la guerre, sans pitié, est là. Le père avec quelques amis est du côté des généraux, et se livre à des opérations anti-fellaghas, autant dire des exécutions. Longtemps le fils cherchait « des charognes sur le lit de cailloux », impuissant à calmer la haine et la douleur qui se disputaient en lui. Enfant, il était déjà l’ennemi du père, maintenant il est l’ennemi de tout un peuple. Rien ne le soulage du poids du présent et du passé réunis. Les femmes ne pèsent rien dans la balance, « dans l’homme, je ne vois pas un amant, mais un ennemi », l’amitié aurait pu sauver quelque chose, mais Charles – l’enfant, compatriote, aimé comme un frère – est retourné en France bien avant les dures années algériennes. Seul le tir pour lequel il est incroyablement doué, et dans lequel il concentre des années de vengeance ajournée, calme ses dix-sept ans.
François intègre ainsi le monde des adultes, monde dirigé par son père, monde fermé qui s’adonna longtemps aux beuveries avant de sombrer dans les tueries. Il sera le tueur d’élite, menaçant muettement le pouvoir de celui qui l’a dressé à haïr.
Arnauld Pontier mène son histoire sans un moment d’attendrissement. Charles est parti trop tôt, la sœur de François est une victime terrorisée, la mère vit dans l’ombre de ses amants. La seule beauté est celle des paysages, des habitants du Vietnam, pour le reste la violence sature les chapitres, les paragraphes, les phrases. Une violence bridée par l’élégance de la langue, et la stricte composition du livre qui avance vers sa fin, la treizième cible qu’on n’imaginait pas.
© La Marseillaise. DR.
RADIO France www.radiofrance.fr
LA RADIO DU LIVRE
Une dédicace de l’auteur du 28 mai 2003
La vie est cruelle. La France où je suis né a renié mes seuls pays d'enfance : d'abord, le Vietnam, que j'ai dû fuir en 1956, au lendemain de Diên Biên Phu, puis l'Algérie, dont elle veut à présent me chasser parce que De Gaulle veut entrer dans l'Histoire. Mais, l'histoire ne se répétera pas ; j'ai dix-huit ans à présent, je suis un homme, et c'est sur cette terre berbère, qui n'est pas plus aux Arabes qu'aux autres occupants, que je veux vivre, auprès de mes frères kabyles, musulmans, juifs, pieds-noirs... J'ai gagné le droit d'avoir enfin un pays ; il nous l'avait promis — « Je vous ai compris », avait-il dit à Alger en 58... Et je me battrai pour le garder, même si cela doit me ranger aux côtés de ce père alcoolique que je hais depuis toujours, qui nous frappe et en jouit, et sous le joug duquel ma pitoyable et aristocrate de mère a toujours eu la lâcheté de nous abandonner. Je dis « nous », parce j'ai une soeur, enfin, ce qu'il en reste après un coup de trop... Je m'appelle François. J'ai déjà tué. Et je vais encore tuer pour défendre notre cause.
© Radio France. DR.
RADIO FRANCE INTERNATIONALE www.radiofranceinternationale.com
7 novembre 2003
Un roman au goût de fiel
Catherine Brousse
(MFI) Le colonialisme, on ne le sait que trop, a laissé partout des blessures mal cicatrisées ; on méconnaît souvent qu’il fit aussi des victimes parmi les colons. Le roman d’Arnauld Pontier prend place dans deux territoires colonisés, le Vietnam où la narrateur passe son enfance, et l’Algérie où les expatriés, chassés par la chute de Diên Biên Phu, tentent de redorer leur blason, de défendre leur idéal périmé d’un Etat français, mais aussi de s’enraciner, tant bien que mal, dans une terre qu’ils veulent faire leur et qu’ils aiment. Le père du narrateur, normalien tout entier au service de la France, est aussi un alcoolique violent qui bat régulièrement sa femme et son fils. Adultères, lâchetés, trafics et propagande sont le lot ordinaire de ces colons que l’enfant regarde avec haine, dégoût et mépris.
La Treizième Cible est un livre douloureux, aride, un livre au goût de fiel. La haine nourrit ce récit comme un feu qui dévore le narrateur. Victime, oui, il l’est sans doute et les victimes ont-elles un choix ? Peuvent-elles se révolter et comment ? Arrivant adolescent en Algérie, le héros découvre les activités cachées de son père et de ses amis qui, se sentant trahis par le général de Gaulle, rentrent dans la guérilla sournoise et féroce qui oppose partisans du FLN et suppôts de Salan. Mais la haine qu’il porte à son père est ambiguë : il attend l’heure de « faire son devoir », l’heure de la vengeance, sans se démarquer pourtant de l’idéologie paternelle. La guerre de libération du fils battu ne sera pas celle des peuples opprimés. Il se venge, mais ne se révolte pas et, à cause de cela, l’on ne sait si cet enfant blessé grandira jamais.
© Radio France Internationale. DR.
NOTES BIBLIOGRAPHIQUES www.uncbpt.com
26 mai 2003
A sept ans, François part à Saigon où son père a été nommé directeur d’école. Les mouvements anticolonialistes s’organisent et celui-ci fait office d’agent de renseignement. Années rêvées si l’ambiance familiale n’était pourrie par l’alcoolisme et la brutalité paternels. Sa petite sœur s’étiole, sa mère prend un amant. Seule son amitié pour Charles éclaire sa jeunesse sans amour. La chute de Diên Biên Phu déplace la famille en Algérie. François découvre le vrai rôle de son père, responsable d’actions de commandos anti-FLN. Il prête ses talents de tireur d’élite à ces opérations : à dix-huit ans, il a tué plusieurs fois. Un jour son père, sadiquement, lui enjoint de tirer sur son ami Charles. Sur lequel de son seul ami ou de ce père haï va-t-il arrêter sa mire ?
Ce roman fort raconte l’écrasement d’un enfant, soumis aux violences paternelles et à l’indifférence maternelle. Les turbulences de l’histoire accentuent son déracinement et sa détresse, terriblement rendus par la justesse du ton et le style fluide.
© Notes Bibliographiques. DR.
OUEST PROVENCE www.san-vnf.fr
11 décembre 2003
La treizième cible est l’histoire de François, un enfant élevé sans amour, battu par un père alcoolique, rejeté par une mère incapable de sentiments. Une petite sœur se réfugie dans la bulle silencieuse de la psychose, le narrateur, lui, choisit la haine pour répondre à la haine, pour remplacer l’amour qu’on lui refuse. De Saïgon à l’Algérie, deux territoires du colonialisme français, nous suivons la trajectoire d’une famille qui tente de prendre un nouveau départ, mais qui d’un lieu à l’autre se retrouve dans la même petite société d’expatriés, personnages unis par l’amertume d’une position perdue, destins individuels, dérisoires et absurdes, tous embarqués dans une guerre où il n’y a ni vainqueurs ni vaincus. Violence conjugale, violence d’un père à son fils, violence larvée qui doit trouver un but dans la lutte pour l’Algérie française. Tout se confond, l’histoire et les acteurs. Nous assistons à la chute d’un idéal et au déferlement de la barbarie. Ici, le prix à payer c’est celui d’une enfance brisée à jamais.
Une écriture vibrante, dense et généreuse, mais acérée comme une lame. L’intensité de ce roman coupe le souffle. Arnauld Pontier prouve non seulement qu’il a l’imagination voyageuse mais aussi qu’il a un grand talent.
© Ouest Provence. DR
Et aussi...
FRANCE CULTURE
DEPAYSAGE - Philippe Bertrand le 9 mai 2003
TOUT ARRIVE - Marc Voinchet le 6 juin 2003
FRANCE INTER
SOUS LES ETOILES EXACTEMENT - Serge Levaillant le 9 mai 2003
ZURBAN www.zurban.com
N° 96 - 26 juin 2002
Votre été sera parisien, vos vacances citadines, belle occasion que celle de suivre les traces d’Arthur, jeune homme ambitieux venu de Creuse, qui découvre la capitale dans les bouleversements du second Empire. Un roman d’apprentissage où bouillonnent la ville, les jeux d’influence, les pouvoirs, les plaisirs. Le jeune homme ne possède ni fortune ni nom à particule, mais un charme certain dont il saura se servir. Un livre malin, coquin, érudit, qui emporte comme une ballade toute d’esprit et de sensualité.
© Zurban. DR.
LE NOUVEL OBSERVATEUR http://permanent.nouvelobs.com
Semaine du jeudi 4 juillet 2002 - n°1965
Impérial libertinage
Le coup de cœur de Jérôme Garcin
Arthur a grandi, loin d’un père intraitable, dans un pensionnat-prison de Limoges. C’était au début du second Empire, quand on ouvrait la voie ferrée et installait les premiers fours à coke. Joli garçon, doué pour écrire et pour plaire, il est envoyé à Paris pour y poursuivre ses études. Ses classes, en vérité, il les fait dans un salon privé du café Riche, où son romantisme et sa timidité font chavirer Mme de Villebreuse, qui, au dessert, le prie de l’appeler Claire. Elle règne sur Paris, Arthur est donc adoubé. Il découvre avec émerveillement les rituels de l’aristocratie, les réceptions dans les hôtels particuliers, les beaux équipages avenue de l’Impératrice, et il est même initié aux nuits de débauche où le Tout Paris est guidé par des flambeaux tenus par des Marocains (cette scène où l’on fume, boit, jouit et verse du chanvre indien dans le café brûlant se trouve page 78 et suivantes, elle est très réussie). Après quoi, le gentil Limougeaud peut se vanter d’être devenu un parfait libertin. Car, bientôt, Claire ne suffit plus à combler ses ardeurs. Et il sait désormais se conduire dans la ville que Haussmann retrace au cordeau. La suite, gaie, triste, brillante, vous la découvrirez dans cette éducation sentimentale signée par un homme qui connaît son second Empire sur le bout des doigts, n’a pas lu en vain Flaubert et Maupassant, semble enfin ne point détester le plaisir, et nous en donne. Gorgée de nostalgie et de quelques remords, émaillée de gravures et de photographies anciennes (jolie idée), « La Fête impériale » se présente comme les mémoires apocryphes d’Arthur, dont le style échappe au pastiche, mais pas à l’élégance. Le premier roman d’Arnauld Pontier mérite vraiment un coup de haut-de-forme !
LIRE www.lire.fr
Juin 2002
Une initiation au libertinage sous Napoléon III
Etonnant premier roman, dont l'auteur, Arnauld Pontier, nous donnerait foi en la métempsycose. Jouant de l'imparfait du subjonctif et d'un lexique d'une richesse exemplaire, sa plume parcourt la seconde partie du XIXe siècle avec l'aisance et le naturel d'une habituée. Là où d'autres s'abîmeraient dans des dédales de préciosité, elle s'ébat voluptueusement, soutenue par des illustrations - photographies et reproductions de tableaux. Et l'on croise sans s'étonner le baron Haussmann, Napoléon III ou les frères Goncourt. Et l'on savoure les fêtes libertines, les joyeuses scènes de bordel et le cynisme élégant du jeune Arthur. L'auteur a tenu à remercier nombre d'écrivains - dont Flaubert, Balzac et Maupassant - «sans qui ce roman n'aurait pas existé». Hommage réussi !
ELLE www.elle.fr
22 juillet 2002
un premier roman très libertin et très réussi dans les salons du XIX° siècle
Sandrine Mariette
« Pourquoi voulez-vous travailler, Arthur ? Pour soutenir le timbre et la papeterie ? », s'exclame Mme de Villebreuse, tante fictive et maîtresse authentique. Pour un jeune homme qui sait plaire, en l'été 1858, il est temps de se frotter à l'air des Grands Boulevards. A une disposition pour l'écrit et la réflexion que lui reconnaît son père et qui le mène à la capitale, Arthur se découvre aussi une inclination pour le lit et la génuflexion. Le second Empire fait enfler la crinoline, Arthur perd de sa pudeur. Il lutine avec sa tante qui le dégourdit, l'habille, avant d'élargir le cercle de ses connaissances, tout comme Haussmann les voies de Paris. Fort en veine, il s'illustre au côté de Gustave Doré, fraternise avec les Concourt, prend un madère au Helder, fait minette aux grisettes dans les soirées mondano-X de M.***. Mais s'y reprend à la hussarde, ce qui lui vaut le titre capital et juteux d'essayeur. La fête impériale bat son plein. Nobles et bourgeois prennent « plaisir à perdre haleine ». Profitant du cabotinage d'une époque où les liaisons souffrent moins du danger que de l'ennui, Arnauld Pontier en déballe le grotesque. L'énumération vieillotte a un sens et le jeu des temps surannés — passé antérieur et plus-que-parfait du subjonctif — des effets de relance inattendus. 1871, les crinolines se dégonflent à Longchamp, « La Marseillaise » gagne du terrain, Arthur en perd... Chez Roos, on propose, pour le nouvel an, la trompe de Pollux, l'éléphant du Jardin d'acclimatation. Le libertin retourne chez son père. Et ce fut tout. Ou presque...
GALA
N° 474 - 11 juillet 2002
La Fête impériale
Laurence Vidal
Avec ses gravures délicates et son écriture précieuse, avec ses jeunes rouées, ses amantes expertes, ses mignardises d'alcôve, feintes pruderies et autres saines galipettes, La Fête impériale semble tout droit sortie de la plume d'un libertin du XVIII° siècle -- du XIX° pour le décor. C'est, en fait, un premier roman tout ce qu'il y a de plus contemporain. L'histoire d'Arthur, une sorte de Rastignac limougeaud qui, initié aux jeux du déduit par une belle Parisienne aristrocrate et voluptueuse, usera avec un art consommé des armes de Casanova pour conquérir la capitale. Un alerte pastiche et des plus réussis.
© Gala. DR.
MUTEEN
N° 10 – juillet/août 2002
Casanova, le retour !
David Foenkinos
L’histoire : Sous le règne de Napoléon III, Arthur, un jeune homme débarque à Paris. Très vite, une femme va s’occuper de son éducation amoureuse… et faire de lui un expert en la matière ! On aime car ce roman est inspiré de tous les classiques ; il s’agit presque d’un mélange entre Le Rouge et le noir et Les Liaisons dangereuses. Et si on vous demande pourquoi vous lisez ça, vous pourrez toujours répondre que vous révisez l’histoire !
© Muteen. DR.
NUDUS
N°1 – octobre/novembre 2002
Anne Fontaine
Arthur se souvient. Son enfance provinciale, la pension, un premier baiser, sa rencontre avec Claire ou Madame de. Qui va l’initier, entre autre, à la vie parisienne et dont il compare le sexe à un sanctuaire. L’écriture ciselée et savante fin XIX° nous guide du boudoir au bordel. Puis la Commune s’annonce, la tour Eiffel s’érige. Restent alors en mémoire les photos glissées entre les pages de cette joyeuse aventure libertine.
© Nudus. DR.
MUTUALISTES
N°266 – septembre 2002
Jean-Luc Toula-Breysse
Ce premier roman plonge le lecteur dans le Paris littéraire du XIX° siècle. Arthur, provincial montant à la capitale, découvre un grand théâtre urbain, la Ville Lumière à l’aube de sa modernité. Le bonheur de cet écrit, ponctué de photographies et de croquis de l’époque, réside dans les rencontres improbables. Et c’est là toute l’originalité de cette fiction, car au fil des pages, notre personnage croise les littérateurs de l’époque, mais aussi des personnages de roman. En épilogue, d’ailleurs, l’auteur remercie Balzac, Sainte-Beuve, d’Aurevilly, Flaubert et d’autres « sans qui ce roman n’aurait pas existé ».
© Mutualistes. DR.
A PARIS www.paris.fr
N° 4 – mars/avril 2003
Dans le Paris du Second Empire, redessiné par les travaux d’Haussmann, l’ascension mondaine et le parcours galant d’un jeune provincial, Arthur H. Illustré de gravures et de photographies, le roman d’Arnauld Pontier brosse une peinture sociale sans concessions de la bourgeoisie et de l’aristrocratie de la seconde moitié du XIX° siècle.
© A Paris. DR.
BEAUX-ARTS MAGAZINE
N° 224 – janvier 2003 (extrait)
Paname à la hussarde
Natacha Wolinski
Sous l’impulsion du baron Haussmann, Paris connaît des bouleversements sans précédents. […] Arnauld Pontier en explore les coulisses vénéneuses. […] Derrière les façades homogènes se joue une comédie humaine moins austère qu’il n’y paraît. Pour ressusciter ce Paris licencieux du Second Empire, Arnauld Pontier s’amuse à retracer les grandes mutations de la capitale à travers les aventures d’un jeune provincial initié à la débauche. Entre « l’horrible banlieue » de la rue Saint-Jacques et « les nouveaux réverbères du Trocadéro », entre les maisons clandestines de la rue d’Amboise et les tapis moussus de l’Opéra, entre chantiers et boudoirs, se conjugue, sur un mode littéraire très XIX° siècle, l’architecture des âmes et des quartiers.
© Beaux-Arts Magazine. DR.
LE POPULAIRE Centre France
26 juillet 2002
A l'aube du nouveau siècle, Arthur, propriétaire en Creuse, se retourne vers son passé et observe la scène du grand théâtre urbain où s'est naguère jouée sa vie, quand nul ne perdait ses bonnes manières mais quand « un je ne sais quoi d'insolence était de bon ton ». La pension, à Limoges, où il se convaincra vite que le bonheur n’est pas dans le savoir mais dans le pouvoir. Et puis Paris, entre les civilités et les brutalités du Second Empire et les vicissitudes des fortunes étalées au grand jour. Arthur revoit se dessiner les ascensions d'hommes et de femmes en quête des « libertés nécessaires », et de la première d'entre elles : « être soi-même ». Sans nom ni biens, ce fils de bourgeois de province se sera appliqué à grappiller sa part de plaisirs…
© Le Populaire. DR.
LA MONTAGNE Centre France
30 juin 2002
Quand un jeune Creusois s’aventure dans la grande fête impériale, il fait vite son chemin, moins parce qu’il a de la culture qu’une belle allure. Tout un parcours qui lui permet de croiser des hommes illustres, des coquettes connues, toute une époque en grand chambardement. Mais une ascension qui lui permet bientôt de faire des heureux : « Je dénichai pour l’un une rousse plantureuse, pour l’autre une brune de moins de dix-neuf ans, pour un troisième une blonde qui n’en était pas à son premier larron mais avait ses spécialités… ». Le tout accompagné de photos et dessins.
© La Montagne. DR.
LA LIBERTE Suisse
29 juin 2002
C’est un XIX° siècle inattendu que portraiture Arnauld Pontier dans son premier texte publié, La Fête impériale. Puis sous-titrés « Mémoires d’un libertin », ces souvenirs d’un vieux propriétaire de la Creuse revenu à Paris et son grand théâtre urbain ne sont rien d’autre qu’un concentré de roman initiatique, quelque part entre l’héritage joyeux du XVIII° siècle et les bouleversements industriels du XIX°. C’est aussi un modeste roman de l’apprentissage d’une réussite sociale dans un monde en devenir, en accélération, en « tohu-bohu ». Une autre façon de relire l’histoire de Paris, de la France. Un vrai faux album de souvenirs. J.S.
© La Liberté. DR.
LE COURRIER Genève
29 juin 2002
Premier roman d’Arnauld Pontier […], La Fête impériale – mémoires d’un libertin, déroule les souvenirs de jeunesse d’Arthur sous le Second Empire, dans le grand théâtre urbain d’un Paris en pleine modernisation. Au début du XIX° siècle, le vieil Arthur exhume de ses albums photos les souvenirs d’une époque sophistiquée et insolente, vécue dans un joyeux libertinage des sens et de n’esprit. Une quête de soi et de liberté sous forme d’hommage au XIX° siècle et à ses écrivains, illustrée par des photographies d’époque.
© Le Courrier, Genève. DR
RADIO France www.radiofrance.fr
LA RADIO DU LIVRE
Une dédicace de l’auteur du 17/09/2002
Je m'appelle Arthur, comme Rimbaud... Je suis né en 1839, près d'Aubusson. A 17 ans, sans argent et sans nom, je suis monté à Paris, pour échapper à la violence paternelle et à l'ennui de la vie provinciale – un Paris livré aux travaux d'Haussmann, partagé entre la misère et l'opulence... J'ai tout de suite plu aux femmes – elles aiment les jeunes hommes ingénus. J'ai délaissé mes études pour entrer dans le monde, et les traquer jusqu'à Vichy. Elles m'ont bien rendu mes assiduités, jusqu'à faire ma fortune, et nourrir mes regrets... D'abord, il y eut Claire de Villebreuse, puis ma mystérieuse amante masquée... Tu vas lire mes mémoires, lecteur : je les ai écrites dans mon vieil âge, en 1900, en parcourant l'album de ma vie, dont tu découvriras les images. C'est une histoire d'intrigues, de souffrances, d'amour, et j'ai vibré, en l'écrivant: fasse qu'elle t'inspire, à ton tour, les plus vives émotions... Bienvenue à la Fête impériale !
LE MONDE www.lemonde.fr
L'histoire en fiction, de la fresque à la miniature
Philippe-Jean Catinchi
[…] Le premier roman d’Arnauld Pontier joue ainsi de la fresque d’époque avec une roborative santé. L’ascension mondaine du jeune Arthur H., monté de son Limousin natal dans le Paris du second Empire en proie à la fièvre des chantiers du baron Haussmann, des courses au Champ-de-Mars et des soirées lestes où le demi-monde donne l’illusion d’une oasis de volupté, est le prétexte à une peinture sociale brossée avec brio. Autant que le parcours galant du héros, c’est la fête impériale qui intéresse Pontier. Responsable des éditions Paris-musées, l’auteur à intégré, outre des personnages du milieu littéraire, joliment crédités au générique, près de deux douzaines d’illustrations, photos, lithos et gravures, qui donnent à l’évocation un charme d’ancien album. Confrontation rare entre l’inventé et le réel. […]
© Le Monde. DR.
Ils en ont aussi parlé, parfois avec moi, en direct ou en différé... mais je n'ai pas d'enregistrements !
LCI
PLACE AU LIVRE - Patrick Poivre d'Arvor le 30 juin 2002
FRANCE BLEUE
CHRONIQUE PARIS-PROVINCE - Jean-Claude Laval le 25 juin 2002
PARCOURS CROISES - Sandrine Pacitto le 18 juin 2002
FRANCE CULTURE
DU JOUR AU LENDEMAIN - Alain Veinstein le 19 juin 2002
L’apologue amusant
[...] Autre poète, autre style. Arnauld Pontier, lui, investit avec énergie l’univers de la fable animalière et propose un charmant éventail de textes en rimes qui jouent avec bonheur sur les assonances et autres allitérations que nous offre la langue ; il propose un regard différent sur quelques animaux familiers ou exotiques : en exploitant les clichés et le symbolisme auxquels on associe généralement le zèbre, le mille-pattes ou le pou, et en les détournant ou en les modifiant légèrement.
Le résultat est cocasse et astucieux, comme dans Le dromadaire et le chameau, une brève histoire de fraternité, ou dans Le morse (qui « vient d’envoyer un message codé » sans se douter qu’un danger se prépare). De nombreuses saynètes mettent en scène les petits des animaux (Drôle de zèbre, Petit crocodile) et l'on rencontre ailleurs des personnages fanfarons ou bourrés d’autres défauts (Kangourou fiérot, Les castors, Le roi lion), comme on en voit dans les fables traditionnelles ; on trouvera là aussi de la tendresse pour les plus petits (Le petit ours, ou Cafard Trouillard). Inutile d’y chercher d’édifiantes leçons de morales – l’idée consiste ici à divertir et à inciter à lire et/ou à dire, pour que soit jouée la musique des mots.
Blandine Longre
© Sitartmag.com
PAGE
Avril 2005 - n° 95
ENFANCE EN POESIE
[…] Puisqu’on en est à célébrer l’originalité, il faut aussi souligner la créativité des éditions Lo Païs d’Enfance/Le Rocher, qui ne se contentent pas de nous donner à lire une anthologie, mais qui nous proposent Les Petits Vers, un bestiaire fort sympathique assorti de nombreux jeux de mots, et enrichi par les jolies illustrations d’Anne Buguet. […]
© Page. DR.
PSYCHOLOGIES MAGAZINE http://www.psychologies.fr/cfml/livreUne/l_livreUne.cfm?soustheme=22
Mai 2005
Avec 'Les Petits Vers' [...], la collection Lo Païs d’enfance s’enrichit [...]. De la véritable poésie, taillée à la dimension des enfants, qui met ainsi à leur portée ce style littéraire trop souvent oublié, dans des ouvrages finement illustrés et imprimés sur du papier de qualité.
A découvrir.
© Psychologies.com. DR.
LE MONDE www.lemonde.fr
Vendredi 27 mai 2005
ZOOM - Les Petis Vers
Philippe Jean Catinchi
Petit bestiaire entre le facétieux et l'incongru, où Arnauld Pontier, romancier prometteur, joue des mots et des clichés. Des fables légères comme autant de comptines pour le primaire.
© Le Monde. DR.
Critique également parue le 2 juillet 2005 dans LE TEMPS (Suisse)
BIBLIOTECA www.biblioteca.fr
Mai 2005
Des textes gais, pour découvrir les animaux coquins et malins.
© Biblioteca. DR.
LIBERATION www.liberation.fr
16 mai 2005
[...] A partir de 6 ans, Les Petits Vers (par Arnauld Pontier, illustr. Anne Buguet) est pour vous. Il n'y a pas que ces deux pieuvres, mais aussi le cafard trouillard, le caméléon polisson, le kangourou fiérot, etc. Les petits vers ne sont jamais solitaires. Et ça c'est un mystère.
© Libération. DR.
VIRGULE http://www.virgule-mag.com
N° 20- Juin 2005
Le journal n'est pas franchement enthousiaste... mais ses lecteurs, si !
RECUEIL DE POESIE
L'Escargot fait le gros dos/Il est coincé dans sa coquille/Victime d'un terrible lumbago/Qui l'entortille... Heureusement, l'escargot a des amis : tour à tour, la limace, la chenille et puis l'anguille vont se relayer pour tenter de le tirer d'affaire. Ces petits poèmes, en forme d'historiettes, sont une véritable arche de Noé : on y rencontre toutes les espèces d'animaux, comme le lion, le requin, la taupe, l'éléphant indien, l'ornithorynque, le koala ou le castor.
L'avis de Virgule
'Ces petits vers sont bien sages et vraiment gentils, mais pas très originaux, et leur ton est parfois même un peu... vieillot.'
L'avis de Hiatus
'Des petites fables délicieuses pour les plus jeunes comme les moins jeunes. Le fil de ces historiettes est toujours poétique : le glissement de sens, les jeux de mots détournent le récit vers des issues inattendues.'
L'avis de Lucille, 14 ans
'Ce livre de poèmes animaliers contant les périples de la mouche ayant oublié ses babouches, du requin s'étant caché dans l'eau du bain, du lapin pas très malin ou encore de ces petits vers pas vraiment solitaires, se lit avec bonheur et facilité. Une mise en page recherchée le rend d'autant plus agréable.'
INTERCDI - Cahier des livres
N° 95 - Mai/juin 2005
ANIMAUX – HUMOUR [195/1.137.]
Une araignée maquillée avec des talons aiguilles met un 'fil à la patte' à un cafard trouillard car elle s’ennuie et est en manque d’amis. Arnauld Pontier est un virtuose des dialogues de bêtes qui expriment leurs rapports de force. Vous ferez la connaissance du cheval de mer, « cheval de guerre », de la pieuvre amoureuse, du drôle de zèbre toujours en pyjama, du petit caméléon polisson, du petit ours qui veut décrocher la Grande Ourse pour sa maman, de l’escargot qui fait le gros dos, de madame taupe qui remonte des entrailles de la terre un tibia de dinosaure pour Médor, de la petite mouche en babouches…
Anne Buguet utilise dans ses dessins des morceaux de journaux français, arabes, chinois. Un recueil vraiment très réussi, plein d’allant et d’humour à la fois dans les textes et les illustrations.
[Passerelle et collèges]. O.B.
© InterCDI. DR.
CITROUILLE http://lsj.hautetfort.com
Mai 2005
La chronique d’épi de Seigle
Un bestiaire d’histoirettes. On peut prendre plaisir à lire à quelques enfants l’histoire du petit zèbre qui se demande pourquoi on est toujours en pyjama, du lapin qui vient de voler un brin / de persil à son voisin, de l’escargot coincé dans sa coquille, etc. On peut. On peut aussi préférer le bestiaire de Françoise Armengaud. J.F.
© Citrouille.DR.
METRO www.metrofrance.com
N° 755 - jeudi 16 juin 2005
Cafard apeuré par l’araignée, requin caché dans l’eau du bain, escargot coincé dans sa coquille… Pour initier les petits à la poésie, Arnauld Pontier a choisi de raconter de drôles d’aventures d’animaux. Un concept rigolo et des récits attendrissants mis en image par Anne Buguet.
Aurélie Sarrot
© Métro.DR.
RICOCHET-JEUNES www.ricochet-jeunes.org
Novembre 2005
LE MONDE www.lemonde.fr
29 août 2003
La Légende du jardin japonais
Philippe-Jean Catinchi
Pour sa première incursion en Jeunesse, le directeur [des éditions] de Paris-Musées, romancier par ailleurs, a imaginé une origine cruelle aux jardins japonais miniatures. Un amour interdit par un terrible samouraï, jaloux de l'affection que se portent sa fille Senhimé et un jeune poète au chant irrésistible, dit en une cinglante ellipse le prix douloureux du sacrifice. La finesse du trait de François Place sert à la perfection cette fable aussi dure qu'élégante.
© Le Monde. DR.
LIRE www.lire.fr
Octobre 2003
Sylvaine Olive
Dans chaque maison japonaise, on trouve un pot de céramique garni de plantes grasses et de cailloux, un jardin miniature où trône auprès d’un pont une statuette de femme en kimono. Autour de cet objet, porte-bonheur énigmatique, l’auteur a inventé de toutes pièces une légende, l’histoire d’un amour outragé, d’un samouraï perclus de remords, d’une jeune morte… Une légende si jolie qu’on la croirait authentique.
© Lire. DR
RICOCHET-JEUNES www.ricochet-jeunes.org
Cécile Dorigny
La collection 'Petits contes de sagesse' nous propose une légende imaginée par Arnauld Pontier sur l'origine des jardins japonais. Senhimé est la fille unique d'un redoutable 'daïmyo', maître des samouraïs. Lorsqu'elle tombe amoureuse d'un poète, son père, fou de colère et de jalousie, tue le jeune homme. De retour chez lui, il trouve sa fille sans vie, comme changée en statue. Ayant perdu toute raison de vivre, le daïmyo part en guerre, emportant partout avec lui un pot de terre cuite contenant un jardin miniature orné d'une statuette. Aujourd'hui, au Japon, on dit que ces petits jardins que l'on trouve dans presque tous les foyers portent bonheur. Le texte a la simplicité des contes classiques, il est illustré avec beaucoup d'élégance par les aquarelles de François Place.
© Ricochet-Jeunes.org. DR
Novembre 2003
Jeanne Robillard
Quand la fille d’un samouraï tombe amoureuse d’un poète… La précision et les détails des illustrations de François Place transportent l’imagination dans la délicatesse des couleurs et ses aquarelles évocatrices font voyager le lecteur dans l’aventure et l’amour.
© Paris Frimousse. DR.
NOUS VOULONS LIRE
www.ccfr.bnf.fr/rnbcd_visu/bibdetail.html?numnotice=10642
Été 2003
D.E.
« Légende imaginée par l’auteur », nous dit la quatrième de couverture, « sur l’origine des petits jardins japonais », histoire d’amour d’une jeune Japonaise pour un poète qu’elle entrevoyait de temps à autre et qui fut tué par son père, maître des samouraïs. La figurine japonaise qui figure sur le pont des jardins japonais est l’image de Senhimé qui accompagnait son père dans les batailles et le protégeait de la mort.
L’écriture, simple, sans fioritures, est merveilleusement accompagnée des délicates aquarelles de François Place qui, à travers la richesse des détails, fait vivre le calme poétique des jardins japonais.
© Nous voulons lire. DR.
OUEST FRANCE
15 août 2003
Dans la collection « Petits contes de la sagesse », Arnauld Pontier signe un très beau récit, très joliment illustré par François Place. Une histoire d’amour ou de mort pour imaginer l’origine de ces petits jardins porte-bonheur.
© Ouest-France. DR.
CRITIQUES-LIRE JEUNESSE www.critiques-lirejeunesse.com
H.B.
Quelle ravissante histoire que le récit de cette légende japonaise, écrite avec soin, pleine de poésie et de tendresse. On ne peut que tomber sous le charme et verser une larme à la fin. Le texte est écrit avec talent, ce qui rend la lecture à haute voix plaisante, comme la lecture silencieuse. De plus il faut souligner la beauté des illustrations de François Place qui encore une fois nous offre un petit chef d’œuvre. Un superbe petit album à la couverture épaisse permettant de l’emporter partout avec soi.
© Critiques Lire Jeunesse. DR.
SITARTMAG www.sitartmag.com
M.F.
Il y a très longtemps, « par égoïsme », un puissant seigneur perdit sa fille, une jolie princesse dont le cœur avait battu très fort pour un jeune étudiant. Parti pour la guerre, décidé à mourir, le samouraï sortait pourtant toujours indemne des combats. Un petit pot de terre cuite ne le quittait jamais et semblait agir en talisman…
Avec cette légende qui parle d’amours, l’un pur et éternel, l’autre passionné et perdu, Arnauld Pontier invente l’origine des jardins miniatures, ornés d’une élégante statuette, « porte-bonheur » des maisons japonaises. Les illustrations de François Place rappellent les estampes traditionnelles et leurs couleurs atténuent les souffrances qui émanent de ce beau « conte de sagesse »…
© Sitartmag. DR.
COMPTINES www.comptines.fr
Juillet 2005
Il y a très lontemps, dans l’ancien Japon, la jeune et jolie Senhimé, orpheline de mère, affronta la colère jalouse de son père, un redoutable maître des samouraïs. Amoureuse, Senhimé vivait au rythme de ses rencontres avec Takahisa, apprenti poète et chanteur de talent. Les jeunes gens se parlaient peu mais échangeaient, derrière une haie d’aubépines blanches, des chants qui déplurent fortement au père guerrier, lequel s’empressa de tuer son « rival ». La suite de l’histoire nous conte ce qu’il advint de Senhimé, comment le père affronta les terribles conséquences de son égoïsme et comment il « découvrit » le jardin japonais et son pouvoir protecteur…
Nous apprenons ainsi comme sont nés les petits jardins miniatures, que l’on peut voir aujourd’hui dans beaucoup de maisons japonaises. Contenus dans des pots de terre cuite garnis de gravier, de plantes grasses ou d’un bonzaï et d’une petite figurine, ces délicats objets porteraient bonheur. Quant à la légende de leur naissance… Elle a été inventée de toutes pièces par Arnauld Pontier (avec le concours bienveillant de François Place aux images) ! Et c’est une jolie vraie-fausse légende que nous content ces deux auteurs amoureux du Japon. Dans cette histoire, il est question d’amour et de mort, de poésie et d’éternité : violence et délicatesse s’y côtoient, comme dans bien des contes japonais. Elle est illustrée avec bonheur, dans le même esprit de référence/révérence à la tradition iconographique japonaise.
Corinne Chiaradia.
© Comptines.DR.
UN OUVRAGE SELECTIONNE LORS DE LA DERNIERE FETE DU CONTE (mars 2007)
Et aussi...
UNIVERSAL www.universalmusic.fr
L'EDITO DE MONSIEUR ENFANT le 31 mai 2003
INSPECTION DE L'EDUCATION NATIONALE
CIRCONSCRIPTION DE LANNEMEZAN - 'Note de lecture n°1' septembre 2003
LE MARIN
VOYAGER SANS PARTIR août 2003
LE JDI www.jdi-mag.com
JOURNAL DES INSTITUTEURS ET DES PROFESSEURS DES ECOLES n° 1582