Paru le 25 mars 2020
Sélection Prix Bob Morane 2020
Sélection Prix des Aventuriales 2021
LE QUATRIEME DE COUVERTURE
Il s’apprête à franchir un tertre, lorsqu’il entend le bruit. Le son caractéristique d’une vague déferlante. Il relève la tête : à trois kilomètres, devant lui, les flots se soulèvent, comme si un gigantesque animal se déplaçait sur le fond de l’océan, remontait des abîmes vers la rive. Il entend le bruit de ses pas, puissants, qui font résonner la terre. Lorsqu’un bras colossal, de treize mètres de long, surgit de l’eau, dans une extraordinaire gerbe blanche, et projette, loin devant lui, un trait de cuivre acéré – un rayon de diadème –, il comprend qu’il est la cible, que le dieu solaire qui s’est détaché du sommet de la tour l’a attendu afin d’accomplir sa vengeance. La vengeance de toute l’Humanité.
LIRE mon entretien à propos de ce livre sur ActuSF.
LES CRITIQUES DE YUYINE
17 novembre 2022
Dehors, les hommes tombent est une petite novella de moins de 100 pages qui nous embarque sur une Terre dévastée et vide depuis de nombreuses décennies. De l’humanité il ne reste que des ruines, des souvenirs qui s’effacent et un Semblant qui y erre à la recherche de quelque chose. Vu le format, l’intrigue ne s’attarde pas en détails sur ce qui a amené le monde dans cet état, ni même sur les décennies de solitude du personnage. Mais l’auteur parvient néanmoins à nous dresser le portrait du passé de l’Humanité et des Semblants, tout en narrant sa péripétie.
Dense, l’intrigue est plus contemplative qu’active et propose de nombreuses réflexions via les pensées de son personnage qui se parle autant à lui-même qu’à nous. Il y a un côté philosophique qui donne toute son ampleur à la novella et questionne non seulement notre présent, l’humanité mais aussi le remords et l’attachement dans une ambivalence permanente du personnage.
Malgré des qualités indéniables, j’ai eu beaucoup de peine à me laisser emporter par cette novella. Complexe, érudit, Dehors, les hommes tombent est un texte exigeant pour lequel je n’ai pas forcément le bagage suffisant ni même la capacité de concentration nécessaire à l’heure actuelle. Cela dit, comme il n’est ni pédant, ni abscons pour le plaisir, sa lecture reste accessible avec un minimum d’efforts et conserve une certaine beauté et de l’émotion qui redonne un soupçon d’humanité et d’immersion au récit. J’avoue quand même m’être un peu perdue en chemin, ne sachant pas trop au final si j’ai saisi suffisamment de ce qu’il fallait comprendre de cette histoire. Je ne m’attendais pas non plus à un évènement de l’intrigue qui est venu s’heurter à mes attentes et à ma sensibilité là où je pensais lire une errance contemplative plus paisible. Cela me laisse sur un avis en demi-teinte avec le regret de ne pas avoir su passer au-delà des obstacles de cette narration. J’y reviendrai à l’occasion pour lui redonner sa chance.
En bref, Dehors, les hommes tombent est un texte plus costaud que son format le suggère, contenant de nombreuses réflexions sur l’Humanité et proposant un univers post-apo dense et intéressant. Érudite, la novella m’a cependant un peu perdue en chemin et n’aura pas su me convaincre pleinement à cause de sa complexité.
COLLAPSOFICTIONS
25 octobre 2022
La cause de la catastrophe est l’inconscience de l’espèce humaine parce qu’elle ne comprend pas qu’elle crée son destructeur.
La solitude d’un être artificiel dans un monde déserté est difficile à porter. L’oubli est une solution de chaque instant. Un humanoïde parcourt la Terre, vide depuis des millénaires. Il a vu les derniers de ses créateurs fuir vers l’espace ou être massacrés par les Semblants, la catégorie de créatures à laquelle il appartient. Il a traversé des milliers de kilomètres pour aborder un rivage qu’il ne parvient pas à identifier. Son histoire est mystérieuse. Un temple à Hélios, divinité éteinte de la fin du monde précédent, accueille momentanément son errance. Il est arrivé sans savoir où ni pourquoi. Il va l’apprendre mais il lui faudra suivre la piste éprouvante de sa propre vie, dont il ne se souvient plus. Il devra d’abord affronter un monstre mythologique de l’avenir, puis regarder en lui-même ce qu’il a été afin de découvrir ce qui s’est véritablement passé, pour lui-même et l’humanité.
Dehors, les hommes tombent, d’Arnauld Pontier, est d’abord le récit d’une introspection qui se révèle concrètement. L’état d’esprit, les capacités et les souvenirs du Semblant qui est le personnage principal de ce roman s’éclairent au fur et à mesure de sa progression. Paradoxalement, il s’agit d’une quête initiatique à rebours. Au combat physique succède l’exploration numérique qui lui révèle ses souvenirs. Il a vécu, davantage que l’on ne pourrait le penser, mais il ne le sait pas. "Connais-toi toi-même", l’adage est connu, encore faut-il vivre pour se connaitre. Ce mythe de la caverne dans un cadre postapocalyptique permet une errance, celle du personnage principal, et cause une quête initiatique rétrospective.
Le récit n’est pas d’abord caractérisé par un effondrement écologique même si cet aspect n’est pas absent. La cause de la catastrophe est l’inconscience de l’espèce humaine parce qu’elle ne comprend pas qu’elle crée son destructeur. Néanmoins, la dimension écologique, la question des ressources et du rapport avec l’environnement, est sensible. En cela, Arnauld Pontier adopte, avec Dehors, les hommes tombent, une perspective complémentaire à celle de l’une de ses nouvelles, "L’homme de sable" [successivement parue dans les recueils Le Réchauffement climatique, et après..., aux éditions Arkuiris, et dans Dimension Arnauld Pontier, Rivière Blanche], qui pointe plus précisément les conséquences imprévues du réchauffement climatique. Alors que le roman décrit une humanité qui chute en se tirant une balle dans le pied dans un cadre écologique fragile, la nouvelle raconte les conséquences folles d’une crise écologique devenue imprévisible. Le premier part d’une impasse et s’achemine vers une renaissance, la seconde commence par une abondance et se termine par une métalepse tragicomique.
Nos problèmes écologiques ne peuvent pas être contournés. La littérature relate à leur propos des histoires cornucopiennes de dépassement par la technologie ou des histoires d’effondrement dans lesquelles la technique révèle son impuissance, quand ce n’est pas sa nocivité. En choisissant une voie hybride où les deux approchent se combattent et se servent d’antidotes mutuels, Dehors, les hommes tombent nous parle d’un avenir où l’humanité est un revenant. Ce futur fantomatique n’est pas très avenant en plus d’être hasardeux. Mais si nous pouvons regarder nos limites, nous en choisirons un autre.
Fakh
AU PAYS DES CAVE TROLLS
17 juillet 2022
Lors des Imaginales, je suis passée sur le stand des Éditions 1115 et j’ai craqué pour 2 novellas d’Arnauld Pontier : Monsieur Merlin et Dehors, les hommes tombent. Les 3 textes [si on ajoute Sur Mars] de l’auteur proposés par les Éditions 1115 sont très différents mais ont en commun une plume superbe et une certaine forme de poésie.
Dehors les Hommes tombent est un roman post-apocalyptique mais très différent de ce qu’on peut voir dans le genre. Dans un futur éloigné, l’humanité a complétement disparu de la Terre laissant seulement quelques ruines comme trace de son passage sur la planète bleue. Pourtant, il reste quelqu’un : un Semblant : un androïde très perfectionné. Il a parcouru la Terre mais n’a trouvé personne comme lui, seulement des animaux. Il est à la recherche de son identité, se rappelant au fil du récit son passé et celui de l’humanité. Le roman est ainsi l’histoire du dernier androïde sur une Terre désertée par l’Homme.
Pourtant, cette histoire n’est pas dénuée d’une forme d’espoir, la terre semble belle loin de l’humanité. L’auteur nous interroge sur le monde d’aujourd’hui, sur ce qui a conduit à la disparition de l’humanité, sur nos dérives. Il se dégage du texte une douce mélancolie en partie due à la plume de l’auteur, très belle mais aussi fluide. Une fois entamé, le livre se lit d’une traite, emporté dans ce monde dévasté qui n’a pas perdu sa beauté. On suit cet androïde dans son voyage intérieur, dans ses souvenirs, et vers un avenir qu’il ne connaît pas.
Le voyage proposé par Arnauld Pontier se déroule en terre sinistrée, il est difficile par moments surtout quand on voit de quoi les hommes sont capables, il est poétique, émouvant, et en un mot tout simplement beau.
LE SYNDROME QUICKSON
25 mai 2022
Je ne vais pas vous refaire le topo sur les éditions 1115, depuis le temps : excellente maison, grand standing, fan inconditionnel. Ce que je peux vous dire, par contre, c’est que sous les impulsions croisées de l’amour criant du "Chien critique" [blogueur] pour le travail d’Arnauld Pontier et de la présence de ce dernier aux Imaginales, ma curiosité a été très piquée, m’intimant de continuer ma razzia dans le catalogue. Et ce que j’ai tendance à faire, dans ces cas là, c’est de m’écouter, de succomber à mon appétit de nouveauté : parce qu’il faut que je sache, je suis comme ça. Et que je suis un peu atteint de collectionite aiguë, aussi, parfois, mais c’est un détail.
Mais bref. Dans le cas qui nous intéresse : j’ai très bien fait de me laisser aller. Je ne dirais pas que cette novella ait été la plus aisée de toutes à lire, mais j’en retire un essentiel sentiment de profonde satisfaction. Et comme d’habitude, je m’en vais vous décortiquer ça un peu plus précisément.
Commençons par ce qui saute aux yeux : ce récit est érudit. Il y a du vocabulaire, du style, de quoi en mettre plein les mirettes, justement. Personnellement, je dois admettre que j’ai été impressionné, et ça fait un bout de temps que ça ne m’était pas arrivé de telle manière ; à savoir que je n’ai jamais douté des intentions de l’auteur, et encore mieux, je n’ai pas été gavé par l’étalage. Parce que ce n’était pas pédant ni indigeste, mais simplement intelligent, travaillé au cordeau. Et surtout, c’était amplement justifié, à mes yeux. J’ai trouvé que la préciosité de la forme trouvait des échos merveilleux dans le fond du récit, créant une belle synergie entre les deux. Alors certes, du coup, ma progression, malgré la clarté induite par l’exigeant travail d’Arnauld Pontier, n’a pas toujours été aisée, faute d’une préparation adéquate de mon côté. Trop peu paré que j’étais, j’ai dû fournir un certain effort de concentration inattendu qui m’a fait ressortir du récit un peu fourbu.
Mais demeure que ce texte est formidable. Je ne saurais exactement dire ce qui m’a le plus séduit, mais j’ai été conquis. D’un côté, on a un sens esthétique indéniable, comme je le disais, une plume érudite au service d’un discours aussi précis que merveilleusement évocateur, et de l’autre, on a un flux de conscience émotionnellement et philosophiquement chargé, faisant preuve tout à la fois de pudeur et de crudité. Tout le discours duel du personnage principal, nous parlant autant qu’il se parle à lui-même, c’est une cascade perpétuelle, une pirouette sans réel début ni fin, au delà des enjeux de son aventure, ou plutôt de sa péripétie. Tout cette novella aurait pu facilement n’être que le déballage cuistre de réflexions vues et revues dans un contexte de science-fiction cliché, elle en est, à mes yeux, continuellement le quintessentiel contraire.
Je n’irais pas jusqu’à oser le compliment de pure originalité, impossiblement rare, mais j’oserais un rapprochement avec une autre œuvre que je trouve quelque part similaire, que je considèrerais comme un compliment en soi : l’Helstrid de Christian Léourier. Parce que j’ai retrouvé dans Dehors, les hommes tombent la même qualité d’écriture émotionnelle, qui surpasse tout le reste, la crédibilité organique des sentiments dépeints. Au delà de toutes les réflexions, des idées ou des concepts déployé·e·s par Arnauld Pontier – et croyez-moi il y a beaucoup de ces belles choses – surtout, j’ai aimé croire à ce que je lisais. Malgré la petite voix analytique qui ne me quitte jamais vraiment, j’ai surtout été submergé par la beauté de ce que je lisais, par le vertige d’un ouvrage si sincère qu’il en devient vrai le temps de quelques instants de lecture, invoquant les images contenues entre les lignes dans votre esprit sans s’en donner l’air. Malgré les quelques brefs (et délicieux) moments de tournis conceptuels, de questionnements sublimes sur la nature de l’humanité et de notre rapport au temps, je n’ai jamais perdu pied. J’étais dedans, à fond, du début à la fin.
1115 a encore frappé – je n’ai pas parlé du travail de maquette intérieure, mais on se sait, n’est ce pas – et le "Chien critique" me semble entièrement justifié dans son enthousiasme. Doublement formidable. Formidouble.
Je crois que le contenu de cette chronique parle assez pour que cette conclusion ne s’éternise pas. Cette novella est belle, avant toute chose. Elle raconte de belles choses de belle manière. Je crois bien qu’on ne peut pas demander grand chose de plus à un bon bouquin. C’est tout ce que je demanderai donc à mes prochaines lectures d’Arnauld Pontier. Curieusement, je suis confiant. Parce que même si je n’aurais rien enlevé ou retiré à celui-ci, j’en aurais volontiers repris en quantité.
Au plaisir de vous recroiser.
En attendant, que votre avenir soit rempli d’étoiles.
SYFANTASY
28 octobre 2021
Pépite dénichée aux Imaginales 2021, et propulsée par la toute jeune maison d’édition 1115, Dehors, les Hommes tombent est le récit étonnant du dernier androïde sur une Terre désertée par l’Homme.
L’Homme a régressé avant de disparaître. L’androïde qui nous parle est le dernier être conscient de la planète. Terre qui, depuis la mort de l’Homme, est de nouveau verdoyante au point que l’androïde aux batteries poussives a du mal à y circuler. Errant comme une âme en peine, sa conscience le pousse à avancer, en quête de quelque chose qui arrivera à le rafistoler, ces fameuses Ruches créées par l’Homme pour entretenir ses semblables. Mais il fera la rencontre d’un énorme robot qui cherchera à le détruire et fera rejaillir en lui les souvenirs de ses rencontres passées, comme Eva, cette enfant humaine qu’il a vu vieillir et mourir…
Arnauld Pontier m’avait tapé dans l’œil avec Sur Mars (également aux éditions 1115) où il racontait la conquête de Mars du point de vue des premiers astronautes envoyés sur place, afin de préparer les prochaines missions, et qui finalement n’aperçoivent jamais vraiment la grandeur de la Planète Rouge. Dehors, les Hommes tombent reprend ce ton brisé et mélancolique, où l’amertume combat l’émerveillement. L’androïde est désabusé et lutte contre sa solitude du mieux qu’il le peut, ce qui en fait un personnage attachant et très ambivalent, car il reste une machine à tuer !
Tout comme dans Sur Mars, l’auteur nous plonge d’emblée dans l’univers. Les détails arrivent après, pas le temps pour l’exposition ! Déroutant dans les premières pages, le style se permet de glisser quelques éléments par-ci par-là qui nous brossent le portrait d’une Terre nouvelle et d’un post-apo morne et verdoyant.
Petite chronique pour un petit roman par sa taille mais pas par son style, Dehors, les Hommes tombent est un récit envoûtant avec sa Terre familière mais remaniée, que l’on explore en compagnie d’un androïde rongé par la solitude et la culpabilité d’avoir laissé l’Humanité disparaître.
Louis - Cinak
BIFROST
13 août 2020 - n° 99
Un an après Sur Mars (Cf. "Bifrost" n° 95), Arnauld Pontier revient avec une autre novella, cette fois entièrement inédite. Délaissant la planète rouge, l'auteur choisit de rester sur notre monde mais dans un futur lointain. A ce titre, la couverture n'est pas sans rappeler la scène finale d'une certaine adaptation cinématographique d'un certain roman de Pierre Boulle. A défaut de singes (encore que), le décors reste le même : l'Hudson River, là où se dressait auparavant la Statue de la liberté. Un individu arrive à l'embouchure du fleuve. Il n'est pas humain : c'est un Semblant, autrement dit un de ces êtres artificiels créés par les hommes avant que ceux-ci se retournent contre eux. Désormais, des humains, il n'y en a plus un seul sur Terre - peut-être ailleurs, dans l'espace. Membre de l'United States Air (ou Androïd) Force, il parvient au terme d'un long périple, poussé par les échos d'une chanson datant d'un passé immémorial : "Dehors, les hommes tombent, comme des fétus de paille." Bien qu'abandonnées, les ruines de New York ne manquent pas de dangers ou de surprises. Et peut-être, la possibilité d'un espoir.
Entre chaque chapitre s'intercalent d'étranges taches d'encre qui, associées, forment un motif qui sera révélé à la dernière page. On aurait aimé ressentir pareille épiphanie à la lecture. Faisant la part belle à une langue ciselée, pas avare en mots rares, Arnauld Pontier propose une novella contemplative brassant les thématiques des robots, des armes autonomes et de la vie artificielle. Passé le début, le rythme ralentit, une bonne part du récit consistant en un flashback sur les temps passés. Si la balade n'est pas déplaisante - et de circonstance, en ce centenaire de la parution de la fameuse pièce R.U.R de Karel Capek -, sûrement aurait-elle gagné à être un brin plus substantielle.
Erwann Perchoc
YOZONE
3 mai 2020
L’Homme n’est plus, il a perdu la bataille contre sa création la plus aboutie, les Semblants, les androïdes ultimes pourtant chargés de sa protection. Ces derniers ont compris que le plus grand ennemi de l’Homme n’était que lui-même et se sont chargés de purger la Terre de son bourreau.
Des millénaires plus tard, il ne reste visiblement plus qu’un Semblant, errant sans but défini et se posant bien des questions sur les événements passés qui s’effacent au fil du temps de sa mémoire.
Près de l’ancienne statue de la liberté, il trouve un site lui permettant de se régénérer et d’envisager un futur.
Dans sa collection "Novella", les éditions 1115 ont déjà publié Sur Mars, d'Arnauld Pontier, le récit de la première expédition sur Mars. Avec le présent Dehors, les hommes tombent, l’auteur a choisi de rester sur Terre, mais dans un lointain futur. Le contexte est minimaliste, car il ne reste plus qu’un Semblant, même si ce dernier rencontre une autre forme robotique avancée qui ne fait qu’un bref passage. On peut d’ailleurs douter de la pertinence de cette intervention qui n’est pas des plus convaincantes. Ce survivant permet aux lecteurs de comprendre comment la situation a pu en arriver là, comment les hommes ont creusé leurs propres tombes à force de chercher à se protéger à tout prix. Modifier son environnement, le plier à sa convenance, voilà ses anciens credo, mais sans changer de comportement.
Ce Semblant voyage en quête de réponses, mais il plonge petit à petit dans l’oubli avec un corps qui se dégrade. Sa régénération lui apporte un nouveau souffle, des idées plus précises sur ce qu’il a vécu, ce qu’il a perdu. Peut-il connaître des regrets ? L’histoire n’est pas dénuée d’une certaine philosophie, car ce Semblant ne cesse de s’interroger, de revenir sur le passé et de se projeter dans un hypothétique futur. A-t-il développé une forme de conscience ? La présence humaine lui manque-t-elle ? Un futur peut-il exister s’il reste seul ? Bien des questions planent sur cette novella qui se déroule pour l’essentiel dans une atmosphère feutrée, dans un cocon protecteur comme un retour dans la matrice, dans la caverne de Platon propice à l’introspection.
Dehors, les hommes tombent se révèle subtile, cette novella éveille l’interrogation sur le rôle de l’Homme, sur ses devoirs envers le futur de l’Humanité comme de la planète. Sans grands effets et sans trop entrer dans les détails, Arnauld Pontier nous offre une tranche d’avenir apte à remettre les comportements en question, à se pencher sur un progrès galopant qui peut aussi se révéler destructeur. En 90 pages environ, Dehors, les hommes tombent soulève le débat et n’est pas sans déranger. Ce Semblant n’est autre que nous-même et, en cela, cette novella fait mouche.
François Schnebelen
LA GRANDE PARADE
22 avril 2020
Embarquez pour une déambulation poétique et philosophique, sur fond de post-apo
Dans ce nouvel opus, Arnauld Pontier nous raconte un monde où ne subsistent de notre civilisation que quelques traces, des ruines, des morceaux de monuments oubliés. Et un Semblant. Un androïde doté d’une intelligence artificielle, tellement plus profonde que celle de l’humain, qui parcourt la planète, à la recherche de ses souvenirs, de son passé, de son identité ? À grand renfort d’introspection, il interroge l’humanité, la disparue sans doute, mais la sienne également. Il questionne le passé, le présent, le futur aussi. La créature a surpassé son créateur, mais elle lui reste semblable dans ses doutes et sa quête de sens.
L’écriture est d’une redoutable précision, qui cisèle les réflexions du Semblant et accompagne cette déambulation lente dans un récit post-apo quasi sans personnages, encore moins d’action et cependant accrocheur. La narration dégage une profonde mélancolie, un réalisme cruel sur la déchéance de l’humanité. Peut-être peut-on voir une lueur d’espoir dans les dernières lignes ?
Dehors, les hommes tombent (quel beau titre !) embarque le lecteur dans une introspection qui l’amène à s’interroger sur sa propre vie. Entre récit de SF post-apo et interrogations philosophiques, la novella n’est pas facilement classable. Mais elle possède un atout indéniable : on ne la lâche pas avant d’arriver au bout de ce curieux voyage !
Sylvie Gagnère
LA BIBLIOTHEQUE DERRIERE LE FAUTEUIL
08 avril 2020
Coup de coeur
LES LECTURES DU MAKI
08 avril 2020
Douce mélancolie
LE CHIEN CRITIQUE
02 avril 2020
DAILY PASSIONS
25 mars 2020
Une illustration de couverture assez réussie et en accord avec le contenu. Bien sûr cela fait penser à la fin de La Planète des Singes (la version de Franklin J. Schaffner de 1968). Mais c’est la tête d’une statue du Dieu Hélios « le dernier dieu révéré » par les hommes. Nous sommes sur Terre mais une terre déserte. Les hommes se sont entretués par le biais de clones qu’ils ont baptisé les « Semblants » et inventés pour se protéger contre eux-mêmes. Le protagoniste de l’histoire arbore aux épaules un sigle : USAF pour United States Android Force, et dispose de quelques capacités augmentées. Et il chantonne… – vous trouverez le texte de la chanson en fin de volume. Il est un peu usé et cherche un bon moyen de se restaurer dans toutes ses fonctions et capacités. Il avance en dressant pour nous une sorte de bilan.
Cet état des lieux est bien sûr tout sauf réjouissant. Il met en évidence un fonctionnement humain bien particulier. Celui qui consiste lorsqu’un danger apparaît à combattre ce danger plutôt qu’à chercher à en connaître l’origine pour l’éradiquer. Exemple : votre eau est polluée, je vous vends une carafe qui filtre au lieu de dépolluer à la source… ll met aussi en évidence la bêtise humaine qui se manifeste si bien dans le conte de « l’apprenti sorcier ». Enfin l’auteur après tant de noirceur nous offre une fin astucieuse qui je pense vous laissera perplexe…
C’est une novella qui se lit d’une traite mais en s’arrêtant de temps à autre pour regarder autour de soi comment va le monde.
Bonne lecture pour les transports en commun.
Noé Gaillard
ACANIEL
08 mars 2020
Un texte court et pourtant si riche en émotions et en poésie !
Déjà, pour commencer, il y avait cette beauté dans la description initiale. Une façon de percevoir les choses différente de ce que je lis d’habitude. Puis, les paysages, et notre protagoniste principal, qui n’a rien à voir avec un être humain en chair et en os. Je vais même vous dire quelque chose : nous sommes embarqués dans un monde post-apocalyptique. Mais là où le bât blesse, c’est que l’on ne retrouve pas l’ambiance de ces mondes horribles où la mort rôde. Pourquoi ? Parce que les humains ne sont plus de ce monde.
Oui, je sais, j’ai réussi à trouver de la beauté dans ce texte alors que notre espèce a disparu pour de bon. Les mots sont choisis avec soin, et ne laissent pas la place à l’interprétation. Les pensées de l’auteur sont claires. Efficaces. Au début de cette histoire, je ne savais pas où j’allais être emmené, mais j’ai très vite compris que ce texte me réservait encore bien des surprises. Je n’ai pas été déçu. Ici, pas d’action, pas de suspense intense, seul un élément perturbateur, dont vous avez un aperçu sur la quatrième de couverture, est susceptible de vous secouer. L’intrigue avance à son rythme, et de nouveaux éléments apparaissent les uns après les autres.
L’histoire s’épaissit au cours de la lecture. Tout comme notre personnage principal. Un Semblant. Un être composé artificiellement, avec une mission, un but, une programmation. Les révélations se distillent, l’envie de connaître la suite également. Qui est cet être ? Que ressent-il ? Pourquoi l’humanité a-elle disparue ? Il y a tant de beauté, de poésie et d’amour dans ce texte, que je ressors apaisé de cette lecture. Malgré les messages chocs de l’auteur, ceux-ci ne révèlent que la réalité. Tout sonne comme une évidence. Ce livre rassemble ce que nous étions, nous les Hommes, en nos derniers instants, comme une ultime lettre avant un adieu, pour expliquer ce que nous avons fait, pour partager nos erreurs.
Et si l’amour finissait par nous donner une seconde chance ?
QuentinCritique partiellement relayée sur BABELIO
LE SYNDROME QUICKSON
Je l'ai lu et adoré également ! C'est un texte que j'ai trouvé très poétique, et d'une douce lenteur bien propice à la réflexion. Comme tu le dis, encore une pépite de chez 1115.
Pages pluvieuses - 27 mai 2022
TWEETER
Novella de SF post-apo originale et contemplative, suivant les pensée d'une IA, seul rescapée d'un monde dévasté, dans un New York méconnaissable. Lecture exigeante et philosophique empreinte de mélancolie et de poésie.
Hanoÿ - 11 novembre 2022
[...] Puis j'ai lu le très beau Dehors les hommes tombent, d'Arnauld Pontier.
Celindanaë - 3 juillet 2022
LA BIBLIOTHEQUE D'AELINEL
Dehors, les hommes tombent, d'Arnauld Pontier : je vous le conseille pour sa belle plume et sa chute, très réussie.
Aelinel Ymladris - 29 mai 2022
"Une ballade dans un monde dévasté par l'homme durant une guerre perdue d'avance, l'errance et les questionnements de l'un des derniers survivant, peut-être même le dernier, tel est le but de ce nouveau "voyage littéraire".
Et encore une fois le voyage est réussi. Les descriptions sont magnifiques, le rythme est lent mais accrocheur, une certaine mélancolie se dégage du héros et rien n'est superflu, tout à un sens de la couverture à la dernière page.
C'est beau, c'est poétique, et ça plaira je pense au plus grand nombre."
Djackdah Nielle - le 05 juillet 2020
Sont également reprises les critiques de : JC Gapdy, Le Chien critique
Cet ouvrage est un court roman, une nouvelle d'une petite centaine de pages. L'auteur nous emmène dans un futur extrêmement lointain. Il erre seul sur Terre, dans un monde post apocalyptique. La nature a repris ses droits. Qui est-il ? Que fait-il ? Est-il vraiment seul ? Quelle est son histoire ? le lecteur va le découvrir peu à peu…
Il ne se passe pas grand-chose dans ce livre, toute la force narrative se situe dans la réflexion engendrée par la situation décrite, réflexion sur l'humanité, ses dérives… le dénouement de l'histoire nous amène un espoir ténu, quelque peu, peut-être…
Ce court roman est une belle découverte, un petit ovni de science-fiction. J'ai pris un réel plaisir à sa lecture. Je vous le conseille vivement.
VeroClaire - 4 juin 2020
Comme tout ce qu'écrit Arnauld Pontier, c'est superbe et l'on est amené à se poser des questions sur le sort futur du "Super Robot" et de ses réalisations. Et, donc, on attend la suite ! Bravo Arnauld !
Francis P. - 06 avril 2020
Le confinement est l'occasion de découvrir de nouveaux auteurs. Et de se laisser guider vers une autre dimension, celle d'un espace-temps où l'humanité a disparu de la surface terrestre hormis le dernier Semblant, une sorte de super robot hyper sensible et intelligent en errance depuis plusieurs siècles. Va-t-il s'autodétruire par désespoir ou tenter un pari fou ?
Bien plus qu'une novella de SF, "Dehors, les hommes tombent" (j'adore ce titre) est aussi une réflexion philosophique sur nos errances actuelles. Une dernière chose : quelle écriture, percutante, riche, cinématographique... Quelle belle surprise !
Laquay - 30 mars 2020
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Dès les premières lignes, le décor est planté. Et l’on pense aussitôt à la Planète des Singes, de Pierre Boule – dont la couverture de l’ouvrage semble s’inspirer – et bien-sûr à "Liberty-Island", une nouvelle d’Arnauld, parue chez Rivière Blanche...
C’est donc de New York qu’il s’agit, ou du moins ce qu’il en reste. Car à l’époque où se déroule le récit, les Hommes ont déserté le monde. Non pas qu’ils se soient rendus ailleurs – ils n’avaient aucun avenir –, mais parce qu’ils ont été anéantis par des Semblants… des androïdes précisément créés par l’Homme pour le protéger de son pire ennemi : lui-même.
Mais on ne sait pas grand-chose des Semblants, sinon qu’il n’en reste qu’un, qui erre, avec son sac à dos pour unique bagage. Et on le retrouve sur cette île, au milieu de gravas, à l’embouchure du fleuve Hudson, au pied du monument qui a jadis supporté la Lady Liberty. Car la statue n’est plus sur son support. Quelqu’un – des enfants géniaux ? – lui a donné vie… sans que l’on sache trop pourquoi, sinon pour orienter le Semblant dans sa recherche, ses questionnements. La liberté n’est-elle pas dans la Connaissance – la Compréhension – du sens de la vie ?
Je n’en dirais pas plus sur le déroulement de l’histoire, pour ne rien dévoiler au lecteur potentiel, d’autant qu’il s’agit moins d’une histoire contée que d’une sorte de chant. Un long chant comme une réflexion sur le sens de la vie et de la mort… et de l’amour aussi.
La suite tout aussi essentielle que 1984, de George Orwell : Dehors les hommes tombent, d'Arnauld Pontier aux Editions Mille Cent Quinze.
Patrick Planès - 10 mai 2020
Ce n’est pas le premier livre d'Arnauld Pontier que je lis, pas le premier que j’aime, apprécie et vais même relire tellement il le nécessite comme souvent de par son immense richesse. Mais, pour parodier Marcel Phillipot dans Palace avec son « Je l’aurai ! Un jour, je l’aurai », peut-être effectivement arriverais-je, un jour, à ne pas tomber dans ses textes. Et, si j’y arrive, j’espère que ce sera avant les 24 000 ans nécessaires au plutonium 239 pour ne plus être radioactif.
Dehors les hommes..., le titre est intriguant, l’histoire tout autant, la narration encore plus.
Je commencerai par le plus évident de la lecture, à savoir que les fils tissant la trame de ce récit empruntent çà et là à d’autres histoires, d’autres aventures, que ce soit en références, en clins d’œil ou en drageons que l’univers SF a créés et semés au fil des décennies. Les plus évidentes seraient – par exemple et pour n’en pas trop citer – des évocations de Pierre Boule, de certains épisodes d’Au-delà du réel, parmi de nombreuses autres escarbilles. Des évocations, mais sans jamais en faire la base de l’histoire, sans recréer celle-ci à partir de celles-là.
Vient s’ajouter à cela, le plaisir de découvrir une narration à double niveau.
D'abord, une vision extérieure d’un monde post-apocalyptique fort lointain, sans doute au-delà de 2307 ans, au-delà de la Grande Explosion [non, ne cherchez pas, ce n’est pas un événement inexpliqué comme dans La Route, ce n’est pas un gigantesque accident à Tchernobyl qui aurait recouvert le monde de radioactivité mortelle, mais tout vient à qui sait lire jusqu'au bout…]. Les dates n’existent plus. Les lieux si, puisque nous sommes explicitement près de Brooklyn et donc vers New York et de Liberty Island [Tiens ? vous comprenez soudain une partie de la raison d’être de la couverture, une partie seulement…]. Nous suivons l’errance d’un androïde créé pour protéger l’Homme de ses ennemis – mais lesquels ? et qui est donc le pire ennemi de l’Homme ? Il parcourt en solitaire le monde dont il a déjà fait le tour, à pied et sac à l’épaule. Un androïde très particulier, à la fois mécanique, quantique et biologique, qui a perdu au fil des siècles une partie de ses capacités, de ses connaissances… mais qui chante toujours.
Ensuite, cette narration se fait en vision de l’androïde sur lui-même, une véritable ipséité observée et racontée de l’extérieur. Perceptions, souvenirs et réflexions, sensations et introspections, sans jamais qu’il ne parle lui-même de ces ressentis et questionnements, mais bien que ce soit le narrateur qui pose là le réveil de ses souvenirs enfouis et perdus. Ce réveil lent qui va nous faire découvrir et comprendre tout ce qui a mené à cette disparition des hommes, car ils ne sont plus là ; dehors, les hommes sont tombés…
Enfin, il y a par-dessus tout cela, l’immense plaisir d’un voyage littéraire. Si le récit est une succession presque sans fin de questions [les certitudes n’arriveront qu’au final], si le personnage central, son errance et son histoire forment des vagues sans fin pour voir et faire tomber les hommes, le style vient tout renforcer. Alternant phrases incisives et phrases ciselées, musicales au vocabulaire riche que ce soit pour évoquer l’arkhé ou la phorésie – qui ne fleurissent pas, hélas, dans n’importe quels textes aujourd'hui – on a le plaisir d’une vague qui, tantôt, déferle vers vous pour vous projeter l’action, les événements durs et crus, tantôt, retourne étale vers la mer pour vous décrire un paysage de désolation où la nature reprend ses droits ou vous laisser plonger dans les « pensées » de cet androïde mi-homme, mi-machine semblerait-il.
Dehors les hommes tombent…
Est-ce pour toujours ? À jamais ?
Qu’importe, car je me suis laissé, moi, emporter jusqu'à la chute et sans tomber.
Jean-Christope Gapdy - 20 avril 2020
Critique également relayée sur BABELIO et LE GALION DES ETOILES
Excellente histoire ! Style toujours impeccable, suspense garanti. Bref, du Arnauld Pontier pur jus !
Des questions viennent à l'esprit : ce super robot va-t-il recréer une humanité bien améliorée ? Une fois son "travail" terminé, va-t-il s'effacer devant sa réalisation ou bien devenir le maître de ce nouveau monde ?
Il faut peut-être envisager une suite !
Francis P - 5 avril 2020
J'ai adoré ton style d'écriture : ça fait philosophique et poétique à la fois ! J'ai eu plusieurs images en tête en lisant et c'est vraiment bon signe pour moi ; ça veut dire que je suis bien rentrée dans l'histoire ! Enfin, bref, je pense qu'il fera parti de mes livres qui seront relus souvent !
Lucie - 30 septembre 2021