Arnauld Pontier
Littérature générale et imaginaire

Credo

 A propos de littérature... 


Extraits de textes, réflexions et citations sur la littérature, l'écriture, l'écrivain, le roman... glanés au cours de mes lectures, qui expriment ce que j'en pense, ce que je ressens, pourquoi j'écris. Si vous avez "vos" phrases, je suis preneur !


   
D.R.

« J’écris pour ne pas me laisser en paix. Parce que ne pas écrire serait un renoncement. Une paresse de l’esprit et du désir. L’homme que je serais alors me semblerait défait et repus. J’écris car cela me force. »

 

LAURENT GAUDE, décembre 2004


   
D.R.



« En sachant que tout peut s’écrire et a été écrit, qu’il est seul avec son Je et le monde, qu’il est là pour faire éprouver le monde, le romancier accepte de se plier à une procédure. Michel Butor le disait très bien : un écrivain n’est pas quelqu’un qui écrit ce qu’il pense mais quelqu’un qui pense en écrivant. Ecrire, c’est chercher ce que l’on va écrire, c’est l’inventer bien plus que le découvrir. Voilà pourquoi l’écriture est une expérience d’humilité et de générosité […] la grâce de l’écriture, c’est de créer son propre objet. »

ALICE FERNET, in Livres Hebdo, n° 647 – 26 mai 2006.

« […] c’est le fait d’écrire qui allume la réalité. Ecrire donne sens à toute sensation, tout geste, les paroles trouvent un écho différent, la tristesse elle-même n’est plus vaine mais à sonder […] la caractéristique la plus énigmatique du fait d’écrire est pour moi ce mélange de joie et d’obligation qu’elle inaugure. Je ne vis pas pour écrire, mais je ne peux vivre sans écrire, et je vis mieux parce que j’écris. » - Juin 2006


   
D.R.





« J’ai chaque fois cette impression, quand je commence un nouveau livre, que c’est une entreprise titanesque, impossible. J’oublie comment se fait le travail, comment on passe des brouillons informes à l’écriture ; il me semble que ce coup-ci c’est perdu, que je n’y arriverai jamais. Et puis le livre se fait, tant bien que mal, ce n’est qu’une affaire de temps. »

« L’écrivain a tout de même la chance d’échapper à la pétrification dans les instants où il écrit. A chaque nouveau livre, je débute. Je doute, je me décourage, le travail des années passées est aboli, mes brouillons sont si informes qu’il me semble impossible de poursuivre l’entreprise : jusqu’au moment – insaisissable, là aussi il y a coupure – où il est devenu impossible de ne pas l’achever. Toute page, toute phrase exige une invention fraîche, une décision sans précédent. La création est aventure, elle est jeunesse et liberté. »


SIMONE DE BEAUVOIR
, La Force des choses II.


   
D.R.

 

« La littérature est un cri qui se raconte. »

 

JEAN-PAUL SARTRE, cité par Simone de Beauvoir.


   
D.R.


« A une question qu’on ne lui posait pas, Claude Roy répondit un jour qu’il écrivait pour lire ce qu’il ne savait pas qu’il allait écrire. »

 

HUBERT NYSSEN, Lira bien qui lira le dernier.


   
D.R.

« On ne découvre pas un livre à deux, au même instant. Gide raconte qu’il vit dans le train un jeune homme plongé dans la lecture, arracher une à une les pages de son livre et les tendre à sa compagne. Ils lisaient l’un après l’autre. Le livre est la définition de la solitude, de l’égoïsme […] La contemplation d’un tableau est partageable. On le regarde ensemble. »

 

BERNARD DELVAILLE, Pages sur le livre.


   
D.R.

« Une œuvre est achevée quand son auteur sent qu’il ne peut plus rien y ajouter, y toucher sans l’abîmer. C’est-à-dire quand il n’en peut plus, qu’il est fatigué, vaincu. Son œuvre l’a vaincu, épuisé. »

 

PIERRE REVERDY, En vrac.


   
D.R.

« […] il est évident que la littérature arrive quand elle veut, qu’il n’y a pas d’explication directe. Elle travaille dans les bas-fonds de notre âme, parfois elle tombe vraiment du ciel, parfois elle se nourrit d’autres littératures que nous avons pillées, même de manière inconsciente, et qui font déjà partie de notre mémoire, de notre bagage. »

 

ANTONIO TABUCCHI, in Senso, n°22 - décembre 2005.


   
D.R.




« AUTEURS : […] Quand ils écrivent, ils ont convoqué toutes leurs forces, toutes leurs ruses, tout leur art, toutes leurs douleurs, toutes leurs joies. C’est un héroïsme qu’on ne peut pas tenir en permanence. Il faut s’écarter de la table pour se refaire, comme au jeu. Et puis ils ont le sentiment que, si on les poussait un peu, les gens normaux les égorgeraient. L’égalitarisme se choque vite. »

 

« L’auteur, pour créer, doit détruire : les passages qui lui ont fait le plus grand plaisir, pour commencer. Ce sont les plus mauvais. Une exaltation menteuse s’était emparée de lui. »

 

CHARLES DANTZIG, Dictionnaire égoïste de la littérature française.


   
D.R.

« Là ou d'autres proposent des oeuvres, je ne prétends pas autre chose que de montrer mon esprit. »

ANTONIN ARTAUD, L’Ombilic des limbes.


   
D.R.

« La seule écriture valable, c'est celle qu'on invente... C'est ça qui rend les choses réelles.»

ERNEST M. HEMINGWAY, Les Aventures de Nick Adams.


   
D.R.

« Le véritable lieu de naissance est celui où l'on a porté pour la première fois un coup d'oeil intelligent sur soi-même: mes premières patries ont été les livres.»

MARGUERITE YOURCENAR, Mémoires d'Hadrien.

 

   
D.R.


« L'artiste découpe dans les choses, il ne copie jamais. Puis il les recrée, il les arrange, de façon que seul l'essentiel demeure. Ça devient plus essentiel que la vie. Voilà le sens propre de l'art : dépouiller pour mieux montrer. Du mensonge ? Si l'on veut. Plutôt de l'artifice, du dédain envers les parties mornes et molles de la réalité.»

SERGIO KOKIS, Le Pavillon des miroirs.


   

« En écriture comme en vin, la naissance, le caractère et la personnalité sont des données essentielles. Après, il reste à faire partager une démarche de l’écriture qui ne peut venir que d’un travail approprié. Un vin bien né mais mal vinifié sera déplorable. De même en encres. Une fois le premier jet posé sur le papier, tout le reste est affaire d’élaboration par l’oreille. L’essentiel est là, en cuve. On peut enlever, filtrer ; mais jamais trop en rajouter. A la lecture rédactionnelle, on sent ce qui ressort mal, on le compare à ce qu’on voulait initialement. A trop forcer, on va désharmoniser le reste. »

JEAN GUENOT
, Le Goûteur d’encres


   
D.R.

« Je ne sais pas ce que c'est un livre. Personne ne le sait. Mais on sait quand il y en a un. »

« L'écriture de la littérature, c'est celle qui pose un problème à chaque livre, à chaque écrivain, à chacun des livres de chaque écrivain.

Et sans laquelle il n'y a pas d'écrivain, pas de livre, rien. »

 

MARGUERITE DURAS, Ecrire


   

« Tout ouvrage dont le sens peut se déployer dans le discours n'appartient pas à la littérature. En littérature, il n'y a pas deux façons différentes de dire la même chose : quand les mots changent, l'essentiel change, comme il en est des notes de musique. »

 

GEORGES PICARD, Tout le monde devrait écrire


Un livre dont je pourrais reproduire ici l'intégralité,

tant il exprime  si parfaitement mes propres ressentis.


   

« Chaque lecture éveille en nous les échos d'un livre que je nomme le livre intérieur : ce livre que nous portons en nous sans vraiment le connaître. Nous en retrouvons des éléments dans tous les livres qui nous touchent - lesquels alimentent en retour notre livre intérieur. »

 

PIERRE BAYARD, in Livres Hebdo, n° 671 - 5 janvier 2007


   
D.R

« Il ne faut pas perdre de vue qu'un écrivain étendu sur une chaise longue est avant tout un homme qui travaille. »

 

PHILIPPE DJIAN, cité par Jacques Poulin in "Tournée d'automne"


   
D.R.

« Raconter ne consiste pas à reproduire la réalité, mais à mentir sur la réalité ; à retrouver derrière ce qu'on croit être la réalité, la vérité des êtres et des choses. »

 

DOMINIQUE FERNANDEZ, L'Art de Raconter


   
D.R.

« [...] le trait dominant d'un écrivain c'est son don d'exploiter le vaste silence qui nous enveloppe. »

 

HENRY MILLER, Ils étaient vivants et il m'ont parlé


   
© Jean-Luc Geoffroy


« [...] Un écrivain a de l'encre qui coule dans ses veines. Il écrit pour ne pas devenir meurtrier. Pour ne pas sombrer dans la folie ou se cogner la tête au mur. Ou pour continuer à cueillir des fleurs dans le jardin d'Alice. Et surtout pour des tas d'autres raisons inconnues. »

NADINE MONTFILS, Contes pour petites filles criminelles


   
D.R


« L'écriture sort [...] de l'enfermement, de la cécité.[...] La cécité, cela veut dire l'absence et la mort. Cela veut dire qu'on se coupe la voix, qu'on n'attend plus rien, qu'on se vide déjà. Il faut s'en sauver, retrouver "le résidu inéliminable" de l'être, selon les mots de Blanchot. [...] Se retrouver sauvage, hors meute et errant.»

JEAN-PAUL GAVARD-PERRET, "La Cécité n'a pas gelé mon corps, il l'était avant", Au nom de la Fragilité.


   
D.R.

 

« Un roman qui n'opère pas une trouée dans la réalité de propagande du réel, à quoi ça sert ?»


PHILIPPE MURAY (cité par Fabrice Luchini, in Beaux-Arts Magazine n° 313, juillet 2010)
http://www.philippe-muray.com/


   
D.R.


« Ecrire, c'est creuser.»

MICHEL GUERIN, "La Philosophie du geste", Actes Sud.
http://michelcharles.guerin.free.fr/index.html


   


" La plupart du temps, vous n'arrivez pas à écrire ce que vous voulez, ou bien vous y arrivez et c'est mal écrit, alors il faut recommencer, réessayer jusqu'à ce que vous arriviez à quelque chose qui vous satisfasse. L'écriture est un immense plaisir mais un tourment quotidien."

JAMES SALTER, in "Marianne", n° 906, 04 septembre 2014.